(Visiblement, la vérité n’est pas pour demain)
Le procès Dangnivo est une fois encore suspendu. La réouverture de ce dossier cette année n’a pas permis à la Cour d’assises d’établir la vérité. Tout porte à croire qu’on fait du surplace ou qu’on a fait ramener le dossier sans avoir la volonté de le creuser.
L’ancien cadre du ministère des Finances, Urbain Dangnivoa-t-il été assassiné ? Ou bien a-t-il simplement disparu avec son véhicule, sans laisser de traces? Ce sont de grosses questions qui continuent de faire réfléchir plus d’un, au Bénin. En tout cas, à cette date, aucune réponse crédible n’a encore été trouvée. A l’étape actuelle du procès, tous ces questionnements demeurent. Le procès ouvert en décembre 2015, suspendu, rouvert cette année, a été à nouveau suspendu à la demande du Garde des Sceaux qui recherche, à en croire les déclarations du Procureur général près la Cour d’Appel de Cotonou, un complément d’information. Un complément d’information à quelle fin? La simple instruction du ministre de la Justice doit- elle faire reporter un procès qui dure depuis plusieurs années? Question bien difficile à solutionner. Ce qui est néanmoins sûr, la réouverture du procès n’a pu rien donner de nouveau. Les débats n’ont pas avancé en réalité. Outre ce que l’opinion savait déjà de l’affaire rocambolesque qui a éclaté en 2010, on a compris désormais que les deux présumés principaux accusés, CodjoAlofa et Donatien Amoussou ont accès au téléphone depuis leurs cellules théoriquement bien sécurisées. A la barre au cours de la session d’assises de Cotonou qui a pris fin la semaine écoulée, ils ont nié les faits qui leur sont reprochés. Plusieurs personnes citées comme des présumés complices en 2015 ont à nouveau défilé devant la Cour. Les déclarations n’ont pas changé. Pendant ce temps, la famille Dangnivo qui rejette l’identité du cadavre exhumé à Womey (Commune d’Abomey-Calavi), s’impatiente. Depuis près de huit (08) ans, elle vit dans la hantise. Alors que le procès a été suspendu depuis de deux (02) ans et demi. On a l’impression que cette année encore, rien n’a été fait pour accélérer le dossier. On pourrait se demander pourquoi le dossier a-t-il été inscrit au rôle? Pourquoi la Cour d’assises de Cotonou a-t-elle ramené ce dossier cette année alors qu’il n’existe pas d’éléments importants capables de faire jaillir la vérité? Pourquoi ne pas faire parler réellement l’Adn du cadavre découvert à Womey à travers des expertises et contre-expertises sérieuses pour lever le doute? Pourquoi ne pourrait-on pas analyser les relevés d’appels téléphoniques des personnes citées dans l’affaire pour lever ou confirmer les soupçons? Beaucoup critiquent en tout cas les options faites jusque-là par la justice qui doit avoir comme bras opérationnel, l’armée pour une enquête parallèle. Jusque-là, en tout cas pour ce qui est dit et entendu, ce procès à tout l’air d’une théâtralisation d’une affaire qui a fait trembler le régime de Yayi Boni. Et, à l’allure où vont les choses, sans être un oiseau de mauvais augure, le peuple risque d’attendre longtemps encore pour savoir toute la vérité.
Mike MAHOUNA