Ces derniers temps, le Bénin s’est lancé dans plusieurs réformes. Ce sont des initiatives controversées qui devraient restreindre le petit espace de liberté encore existant.
Le Bénin, l’un des rares ilots de démocratie en Afrique de l’ouest pourrait devenir dans les prochaines années un Etat malade. Les signaux sont de plus en plus au rouge. Et il y a lieu de s’inquiéter. Une partie de la société civile et l’opposition politique dénoncent depuis quelques jours une série de réformes qui pourraient détruire tous les acquis de la conférence nationale entretenus vaille que vaille jusque-là. On cite en effet une proposition actuellement en examen au Parlement C’est une proposition de loi qui modifie et complète la loi N°2001-09 du 21 juin 2002 portant exercice du droit de grève en République du Bénin. Selon son contenu, la durée totale de la grève ne peut plus désormais excéder dix (10) jours au cours d’une année, sept (07) jours au cours d’un semestre et deux jours dans un même mois. Ce qui réduit sensiblement le pouvoir de pression des organisations syndicales sur l’employeur au Bénin. Si elle est adoptée en l’état, C’est l’arrêt de mort du syndicalisme qui aura donc été signée en violation des règles de l’Organisation internationale du travail. Il y a une autre initiative très controversée qui risque encore de détruire l’espace des libertés. En effet, les coûts d’internet seront de plus en plus chers. Les opérateurs Gsm installés au Bénin ont déjà fait des propositions pour mettre en œuvre l’injonction du gouvernement. La Rupture veut en réalité rendre difficile l’accès aux réseaux sociaux. Le ministre des Finances a même expliqué le projet du gouvernement lors d’une rencontre organisée cette semaine. Selon lui, les internautes qui font des transferts d’images et de vidéos très critiques envers le gouvernement seront surtaxés. Il est donc clair que l’objectif de l’initiative est de rendre la vie dure aux opposants. La Rupture n’acceptant pas les critiques, elle a donc obligé les opérateurs de téléphonie mobile à relever les coûts d’internet pour bâillonner les internautes déçus et désillusionnés qui n’ont que les réseaux sociaux pour déverser leurs frustrations. A travers cette mesure, le régime compte les empêcher de s’exprimer sur l’actuelle gouvernance. C’est un vrai problème de libertés puisque sans critiques aucune démocratie ne peut se renforcer. L’autre réforme fortement décriée reste les nouveautés contenues dans le code électoral en examen. Au nombre des propositions jugées liberticides ou encore exclusives, il y a l’augmentation des cautionnements imposés aux candidats aux élections présidentielle et législatives. Chaque présidentiable pourrait désormais mobiliser 250 millions F Cfa contre 15 millions F Cfa prévus par la loi encore en vigueur. Les listes en course pour les législatives doivent prévoir chacune 200 millions F Cfa contre 8,3 millions F Cfa imposés jusque-là. Ces propositions qui accordent une place importante à l’argent dans l’espace politique excluent les moins fortunés. Désormais, les moins nantis ont moins de chance d’avoir une carrière politique. Seul l’argent reste le moyen le plus sûr de devenir député ou président de la République. Une véritable aberration qui pourrait affaiblir le processus de démocratisation en cours. Toutes ces réformes énumérées, soulignons-le, constituent des poisons pour la démocratie et l’Etat. Elles remettent en cause la liberté d’expression, interdisent pratiquement le droit de grève et introduisent le suffrage censitaire au Bénin. Si elles ont adoptées et concrétisées, le Bénin risquera gros.
Mike MAHOUNA