Cour spéciale de justice sous la Rupture : Curieuse Criet ! Ses premiers clients, des opposants

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La  Cour de répression  des infractions économiques et du terrorisme (Criet) a ses premiers gros clients. Ils devraient comparaître incessamment. Mais à y voir de près, il ne s’agit que d’opposants pouvant être mis en difficulté à quelques mois des législatives.

La Criet serait-elle créée exclusivement pour les opposants? Il est difficile de répondre à cette interrogation. Mais il existe des indices qui confirment certaines craintes légitimes. Il est vrai que les tout premiers clients de la Criet étaient des trafiquants de drogue. Seulement, les premiers gros clients pourraient être des politiques. En effet, dans un courrier datant du 21 septembre 2018, le Secrétaire général adjoint du ministère de la Justice demandait au Procureur spécial de la Criet de se rapprocher du Procureur général près la Cour d’Appel de Cotonou pour prendre connaissance des décisions de poursuite contre les anciens ministres Aboubacar Yaya, Valentin Djènontin, Simplice Codjo et Fatoumata Amadou Djibril. Par le même courrier, on invitait le même Procureur spécial à prendre connaissance de la décision de rejet de poursuite de l’ancien Argentier national, Komi Koutché. Le ministère de la Justice a pu donner ces instructions même si beaucoup remettent en cause la compétence de la Criet face aux dossiers des anciens ministres. A part ces anciens ministres, on apprend que l’homme d’affaires et président d’honneur de l’Union sociale libérale (Usl), Sébastien Ajavon a été convoqué par le Procureur spécial de la Criet pour le 04 octobre prochain. Curieusement, toutes ces personnes font partie de l’opposition. Pendant ce temps, aucun collaborateur du Chef de l’Etat  n’est inquiété malgré les nombreuses affaires scabreuses qui jonchent le camp de la majorité présidentielle. Le dossier Programme pluriannuel de l’eau et de l’assainissement  (Ppea II) contient toujours des zones d’ombres, l’affaire Maria Gléta n’a toujours pas été élucidée. Le vieux dossier « machines agricoles» fait toujours couler beaucoup d’encre. Par ailleurs, depuis 2016, plusieurs marchés publics sont faits de graves irrégularités mais leurs auteurs sont encore protégés. Aujourd’hui, il n’y a que les membres d’un seul camp qui sont pourchassés. C’est à croire que seuls les opposants posent des actes répréhensibles dans la République. Sur le terrain, sans avoir prononcé de décision contre ces opposants, la Criet fait déjà peur dans l’opinion. Elle est de plus en plus perçue comme une machine dirigée contre l’opposition à quelques mois des législatives. L’objectif visé, selon certains observateurs, pourrait être en effet de fragiliser toute l’opposition afin d’offrir des chances à la mouvance présidentielle. La Criet devrait donc jouer un rôle déterminant. On remarque, en tout cas ces dernières années au Bénin, une lutte partiale contre la corruption. Et il y a lieu de se demander si la justice  n’évolue vraiment pas suivant le rythme imposé par Patrice Talon, qui répondant aux critiques, avait estimé début août 2018 qu’au Bénin les crimes économiques étaient imprescriptibles et qu’un autre régime pourrait fouiller la gouvernance actuelle.

 

Mike MAHOUNA 

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