Bientôt une nouvelle ère pour l’école béninoise : Des acteurs de l’éducation s’informent sur le PSE post 2015
Le 13 juin 2018, le gouvernement a validé, en conseil des ministres, le Plan sectoriel de l’éducation (Pse) post 2015; document que les partenaires techniques et financiers (Ptf) ont endossé. Quelle est la nouvelle architecture, le financement et les grands axes de la lettre de politique éducative qui va gouverner le système éducatif au Bénin, à l’horizon 2030? Syndicats, associations, Organisations non gouvernementales (Ong) intervenant dans le secteur, professionnels des médias ont été édifiés à la faveur d’une table ronde d’information animée par des acteurs ayant contribué à l’élaboration du Pse post 2015. C‘était mardi 2 octobre dernier à Blue Zone à Cotonou.
Le Pse post 2015 fait suite au Plan décennal de développement du secteur de l’éducation (Pddse) 2006-2015, arrivé à terme et actualisé pour la transition. Cette nouvelle architecture qui offre désormais une éducation de base holistique et inclusive pour la prise en compte de tous, chacun selon ses besoins et ses aspirations, vient pallier les insuffisances du système actuel. Le Pse post 2015 cadre ainsi avec les orientations de l’Odd4, l’Agenda 2030 pour l’éducation, le Plan national de développement (Pnd) et le Programme d’action du gouvernement (Pag 2016-2021). C’est un document en deux tomes, presque 300 pages, hautement participatif (près de 1000 personnes, acteurs à divers niveaux, impliquées durant les travaux), élaboré après plusieurs études, missions, séminaires et tournées de vulgarisation, sous la supervision du Secrétariat technique permanent du Pddse. À partir de ce travail scientifique fait, la nouvelle vison du secteur de l’éducation qui s’appuiera sur cinq leviers, est : « En 2030, le système éducatif du Bénin assure à tous les apprenants, sans distinction aucune, l’accès aux compétences, à l’esprit d’entrepreneuriat et d’innovations qui en font des citoyens épanouis, compétents et compétitifs, capables d’assurer la croissance économique, le développement durable et la cohésion nationale ». Désormais, il s’agira de rompre, dès la base, avec le mythe du diplôme ( » akowe ») au profit des compétences, valoriser les qualifications techniques et professionnelles adaptées à l’évolution des métiers, mieux articuler »emploi et » formation par une orientation transversale et l’implication du secteur privé à la gestion de l’éducation, promouvoir une éducation moderne basée sur l’utilisation effective du numérique, renforcer le management politique de l’État en vue d’une gouvernance basée sur le partenariat État- secteur privé- collectivités locales-Partenaires techniques et financiers.
En effet, au regard du diagnostic posé, l’architecture du système éducatif en cours, fait de l’exclusion et produit très peu de qualité. Sinon, comment comprendre que près de 50℅ des élèves de Cm2 n’ont pas les acquis attendus (Rapport Pasec 2014), 3% seulement de la population active a un diplôme universitaire alors que 61% de cette même population n’a aucun niveau scolaire. Ceux qui sont scolarisés ont soit le niveau primaire (18, 6%), soit le secondaire (16, 4%) avec un secteur économique informel qui emploie 91% des actifs contre 93% en 2010 (Insae, 2015)? Dans son intervention, le Secrétaire technique permanent du Pddse, le professeur Abdel Rahamane Baba-Moussa, a déploré le fait que depuis les indépendances, tous les scolarisés n’arrivent au Bepc. Il a rassuré qu’avec la nouvelle architecture, il est question de faire en sorte que tout enfant de 3 à 16 ans, qui entre dans le système, soit suivi par l’État. « En dehors du Bepc, il faudra également développer d’autres certificats pour valoriser tous les savoirs professionnels, tous les métiers, Dans la suite, il faut diversifier le parcours après l’éducation de base », a expliqué le Stp/Pddse. Et de rassurer : « Mais il faut qu’on soit clair. Cela ne veut pas dire qu’il faut laisser l’apprentissage tel qu’il est. Cela ne veut pas dire qu’on doit continuer de former les enfants sous le hangar avec des moyens rudimentaires. Il y a une politique globale qui doit être mise en œuvre avec le ministère qui s’occupe des Pme, avec les ministères en charge de l’éducation pour qu’on revisite aussi l’atelier, pour qu’on en fasse véritablement un lieu d’apprentissage et non un lieu où on pose des enfants et on les fait travailler pour le patron. Je crois qu’il y a déjà des réformes qui ont commencé avec le bureau des artisans avec les certificats de qualification professionnelle, les certificats de qualification aux métiers qui ont été mis en place (…) pour changer le visage et l’image de l’atelier ». Le Pse, c’est une affaire de tous. C’est pourquoi, tout en prenant une part active aux débats à cette table ronde et en exprimant leurs préoccupations, les syndicats et les parents d’élèves et étudiants, respectivement représentés par l’enseignant-syndicaliste, Franck Adjobo de la Csa-Benin et Épiphane Azon de la Fédération nationale des associations des parents d’élèves et étudiants du Bénin, ont pris l’engagement de suivre à la lettre la mise en œuvre de cette nouvelle vison pour l’éducation béninoise. Au cours des débats dirigés par Ulrich Vital Ahotondji, Journaliste, consultant en communication et Directeur général de Educ’Action, les participants n’ont pas manqué d’inviter l’État à jouer sa partition pour que les objectifs du nouveau plan sectoriel soient atteints.
A en croire le professeur Abdel Rahamane Baba- Moussa, le Plan qui va faire l’objet de Plan de travail annuel (Pta) des ministères concernés, doit être mis en œuvre à partir de 2019. Et, de façon globale, il faut environ 4000 milliards FCfa pour son exécution sur les douze ans.
M.M