Les experts du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) ont rendu les conclusions de leur rapport sur les conséquences possibles d’un réchauffement de 1,5°C. Il en ressort que les émissions humaines de CO2 doivent diminuer de 45 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2010 pour atteindre les objectifs, soit bien au-delà des engagements actuels pris à la COP21 à Paris.
Le climat se réchauffe de plus en plus et la principale cause réside dans les émissions de Gaz à effet de serre (GES) des activités humaines. Avec un taux de 0,17°C par décennie depuis 1950, le monde connaîtrait une hausse de 1,5 °C de la moyenne des températures entre 2030 et 2052. D’où la nécessité de réduire les émissions humaines de CO2 de 45 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2010. Selon le rapport du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), la limitation du réchauffement à 1,5°C nécessite des transitions rapides et globales. Les émissions de gaz à effet de serre doivent être drastiquement réduites. Ainsi dans le secteur énergétique, le charbon par exemple devrait représenter moins de 2 % de la production d’électricité en 2050, tandis que les énergies renouvelables devraient atteindre 70 % à 85 % de la production. Ces mesures ne sont cependant pas sans conséquences néfastes sur d’autres secteurs. C’est ainsi qu’affecter par exemple des cultures à la production de biocarburants, peut entrer en compétition avec la production de nourriture pour l’alimentation. De la même façon, mettre un terme aux énergies fossiles peut entraîner le chômage et la pauvreté dans certaines régions. Des politiques de redistribution et une diversification économique s’imposent alors aux dires des experts. Par ailleurs, avec le maintien à la hausse des températures à 1,5°C, le niveau des océans et des mers augmenterait tout de même jusqu’à 0,77 mètre d’ici 2100. Mais cette hausse serait moindre que si le réchauffement atteignait 2°C, où il faudrait alors plutôt envisager près d’un mètre en moyenne. En effet, selon le rapport, à 1,5°C de réchauffement, le rythme plus lent d’élévation du niveau de la mer permettra de meilleures opportunités d’adaptation, de restauration des écosystèmes côtiers et de construction de structures de renforcement. De la même manière, limiter le réchauffement à 1,5°C aboutira à ce que l’Arctique ne soit libre des glaces qu’une fois par siècle. À 2°C, au contraire, ce phénomène se produirait une fois par décennie. A en croire les conclusions du rapport, la biodiversité devrait également subir l’impact du réchauffement. Ainsi, fait révéler rapport, avec un réchauffement limité à 1,5°C, 6 % des insectes, 8 % des plants et 4 % des vertébrés perdront la moitié de leur habitat. Des chiffres importants, mais bien loin de la perte de biodiversité si le réchauffement atteint 2°C. Le corail, par exemple, devrait décliner d’au moins 70 % avec une trajectoire à 1,5°C, mais il disparaîtrait complètement si le réchauffement augmente. Dans le monde, 4 % des terres vont connaître une transformation de leur écosystème, contre 13 % si le réchauffement est de 2°C.
Les populations les plus défavorisées sont les plus touchées
Le rapport fait état des ce que « les peuples indigènes et les petites communautés dépendant de l’agriculture et de la pêche » seront les plus touchées par les changements climatiques. Le monde fera également face à la recrudescence de certaines maladies transmises par les moustiques, comme la malaria et la dengue, qui affecteront de nouvelles régions au fur et à mesure que le climat deviendra plus doux. Par ailleurs, avertissent les experts, le réchauffement climatique s’accompagnera de l’aggravation de la pauvreté car la pauvreté et les inégalités vont augmenter en même temps que les températures, martèle le rapport. Mais limiter le réchauffement à 1,5°C au lieu de 2°C réduirait de plusieurs centaines de millions le nombre de personnes concernées par la pauvreté d’ici à 2050.
Adopter des mesures d’adaptation
L’adaptation aux effets des changements climatiques passe selon experts de la Giec, par le renforcement de la gouvernance et de la coopération internationale, l’innovation technologique, les transferts financiers et les changements d’attitudes et de mode de vie. Est également déterminant pour l’atteinte des objectifs, « la mobilisation du grand public ». Le rapport recommande en outre, la nécessité de réduire drastiquement la demande en énergie des bâtiments, de l’industrie et des transports.
Thomas AZANMASSO