A Erevan en Arménie, le XVIIe sommet de la Francophonie s’est tenu avec une révision des principes de l’institution (1) par le Président de France, Emmanuel Macron et un discours mélancolique (2)de la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) sortante , Mme Michaëlle Jean.
1. Révision des principes
La Francophonie défend quelles valeurs pour quelle destination ? Le discours du Président de France montre que cette institution a des valeurs fluctuantes. En effet, à l’ouverture du XVIIe sommet de la Francophonie, Emmanuel Macron s’est écarté des valeurs de démocratie et des droits humains. Autrement dit, pour Macron, l’OIF n’est pas un espace où l’on « donne des leçons ». « Personne n’a de leçon à donner à qui que ce soit, mais chacun a une exigence contemporaine à porter », a-t-il dit. Ou encore : « Nous n’avons aucune leçon à nous donner, mais des combats à mener ensemble ». Le discours est clair et sans ambigüité. La Francophonie est ouverte à tous. Quelles que soient les valeurs que vous portez. Le Rwanda en ligne de mire. Et cela n’émeut nullement Macron. A-t-il tort de marcher dans les pas gaullistes : « La France n’a pas d’amis mais des intérêts ». Le Rwanda est redevenu intéressant et stratégique pour la France. Il s’ensuit que les valeurs sont nécessaires mais pas indispensables. Il a fait le choix d’être en opposition de phase avec François Hollande qui a martelé au cours de son unique quinquennat que les valeurs sont plus importantes à la francophonie que les alliages de courte vue. On peut bien imaginer la joie des Chefs d’Etat africains qui sont potentiellement hostiles au respect de la limitation constitutionnelle des mandats. Un tel discours est dévastateur pour la Francophonie qui opère sa mue,- toute belle qu’elle est- en une poubelle. Cela se ressent dans le discours mélancolique prononcé par Madame Michaëlle Jean.
2. Un discours mélancolique
La secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) sortante a été radicale : « Sommes-nous prêts à accepter que la démocratie, les droits et les libertés ne soient plus que des mots ? Plus grave, elle interpelle la conscience des Chef d’Etat présents en rappelant que les valeurs valent pour tous les temps, pour tous les peuples et toutes les nations. Est-elle naïve ? Pas du tout. Elle défend des valeurs, une certaine vision de la Francophonie. Que peut-on construire sans principes et sans valeurs ? Là est la question. Presque rien. Les petits arrangements entre les États doivent se faire avec un peu d’éthique. Ce qui est en cause c’est la crédibilité de l’organisation. Elle est perçue comme une poubelle. Son honneur est en cause. Faut-il le rappeler, les pères fondateurs de la Francophonie institutionnelle, s’appelaient Léopold Sédar Senghor, Habib Bourguiba et Hamani Diori (avec Norodom Sihanouk). Louise Mushikiwabo, la Ministre Rwandaise des Affaires Etrangères est le fruit des arrangements entre Etats. La volonté seule ne suffit pas. Il faut les moyens.
H-Tauyé