Contrôle post-mutation des enseignants : Le mal est plus profond

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Dans un communiqué radiodiffusé et abondamment relayé sur les réseaux sociaux, les enseignants mutés n’ayant toujours pas rejoint leur nouveau poste ou collège sont appelés à s’y rendre dans l’immédiat au risque de se voir appliquer des sanctions, conformément aux dispositions en vigueur. Seulement qu’il y a plus urgent à résoudre dans le secteur éducatif béninois…

« Il m’est revenu qu’à la suite des mutations nationales et départementales, certains enseignants n’ont pas rejoint leur poste de travail. D’autres se sont juste fait délivrer des certificats de prise de service et ne se sont plus présentés. D’autres encore font preuve d’irrégularités notoires aux cours », déplore l’autorité ministérielle dans ledit communiqué radiodiffusé avant de rappeler que l’équilibre dans l’offre éducative reste une prérogative de l’Etat et que la devise de la fonction publique reste la même à savoir : * »partout où besoin sera »*. Ainsi, les enseignants du Ministère des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle n’ayant pas encore rejoint leur poste d’affectation, s’exposent à des déconvenues, selon le communiqué. « Ce communiqué tient lieu de mise en demeure » lit-on. Ainsi libellé, que cela soit dans la forme ou dans le fond, le communiqué ne pose aucun problème. Un enseignant, qui plus est, un agent de l’Etat muté à un nouveau poste a le devoir de s’y rendre d’abord avant toute éventuelle réclamation. Et quand on sait que dans plusieurs établissements du Bénin, cette absence au poste, ce refus volontaire de prendre service agit sérieusement sur le déroulement des cours, il y a lieu de taper du point sur la table puisqu’à l’arrivée, ce sont les écoliers ou les élèves qui en patissent. Cependant, il importe d’attirer l’attention du gouvernement sur le fait que la présence au poste de tous les enseignants affectés dans un nouvel établissement n’est pas encore la solution. C’est important certes. Mais le mal est plus profond. Une petite enquête dans les établissements d’enseignement publics, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, et on se rend compte que le manque criard d’enseignant est un véritable handicap à la bonne exécution des programmes scolaires. Les parents d’élèves s’en plaignent amèrement dans des émissions interactives. En effet, près de deux mois après la rentrée des classes, c’est une vraie discrimination qu’on constate dans les deux ordres d’enseignement.  Jusque-là, certains apprenants n’ont pas pu inscrire la moindre trace de stylo dans leur cahier dans certaines matière. Pas parce que l’enseignant muté n’a pas daigné rejoindre son poste, mais parce qu’il n’en existe pas. L’Etat n’en a pas recrutés au point d’en envoyer. Les parents d’élèves de concert avec des responsables d’établissement sont obligés de débourser des frais supplémentaires ailleurs pour parer au plus pressé. Et pourtant on hésite pas à brandir l’argument de gratuité. Des menaces de sanctions contre les enseignants mutés et qui n’ont pas rejoint leur poste, oui. Mais le manque criard d’enseignants devrait davantage préoccuper…

 

A.B

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