Institution d’une journée internationale de la traite négrière : L’appel des présidents Soglo et Obasanjo
Les présidents Nicéphore Soglo et Olusegun Obasanjo ont animé hier, mercredi 24 octobre 2018, au Chant d’oiseau de Cotonou, une conférence autour du thème : « La traite négrière (la plus grande déportation de l’histoire) et l’avenir de la Cedeao ». La rencontre a connu la présence de l’ancien président Boni Yayi, des professeurs Joël Aïvo, Victor Topanou, John Igué, Honorat Aguessy, du chef de la délégation de l’Union européenne Oliver Nette et des acteurs politiques.
Pendant plus de 400 ans, près de 100 millions d’Africains, les bras valides surtout, ont été déportés vers l’Europe et l’Amérique. Les conséquences dévastatrices de cette traite négrière sur le développement du continent noir continuent de se faire ressentir à ce jour. Il faut que les Africains s’en souviennent.C’est pour cela que, du retour de Tokyo où il a participé avec ses pairs au Forum africain sur la paix et la stabilité en Afrique, le président Nicéphore Dieudonné Soglo a senti le besoin de lancer un appel en direction de l’Union africaine (Ua), de la Cedeao et de l’Onu afin qu’il soit institué une journée internationale, fériée, pour la commémoration de la traite négrière et de son abolition. Ceci, en droite igne des recommandations prises par les anciens chefs d’Etats au Forum de Tokyo. L’idée a reçu le soutien de l’ancien président de la république fédérale du Nigéria Olusegun Obasanjo qui, hier, a honoré sa promesse d’être aux côtés de son frère Nicéphore Soglo pour lancer ensemble cet appel devenu la Déclaration de Cotonou. Dans son mot de Bienvenue, le président Nicéphore Soglo, rappelant la citation d’Elie Wiesel : « Le bourreau tue toujours deux fois, la seconde fois par l’oubli », a souligné que la construction d’une organisation comme la Cedeao nécessite une étude approfondie du passé de cette région du Golfe de Guinée. Dans ce passé, la traite négrière tient, à l’entendre, une place importante. Si les pays d’Europe et d’Amérique parlent de leur holocauste, pourquoi l’Afrique devrait-elle tourner dos à son passé ?, s’est demandé l’ancien chef d’Etat. Surtout quand on sait que l’une des conséquences dévastatrices de cette traite est la balkanisation, la division des peuples d’Afrique, toutes choses préjudiciables à une paix durable. S’inscrivant dans la même logique que son frère et ami Nicéphore Soglo, le président Olusegun Obasanjo prendra l’exemple de la vente récente des Noirs en Libye pour montrer que, oublier le passé, c’est créer les conditions pour que les mêmes erreurs se répètent. Mais c’est sur le libre échange et la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace Cedeao que son intervention s’est beaucoup plus accentuée. S’inspirant de l’Union européenne et des Etats-Unis, le président Obasanjo trouve qu’il est maintenant tant pour l’Afrique out tout au moins pour la Cedeao d’avoir une seule devise. « Si nous les anciens présidents sommes encore en vie, c’est que quelque part, il y a un travail à terminer. C’est de notre responsabilité, c’est de la responsabilité des dirigeants de savoir qu’une seule devise va nous aider à nous développer », a-t-il lancé avant de promettre son soutien et son accompagnement pour faire le plaidoyer auprès de la Cedeao, de l’Union africaine et de l’Onu pour l’institution d’une journée de commémoration de la traite négrière. Saluant les efforts les ses aînés le président Boni Yayi a souligné que l’histoire détermine le futur. Il a rappelé qu’en 2012 lorsqu’il dirigeait l’Ua, il avait introduit une résolution dans ce sens. Mais malheureusement l’une des faiblesses de cette organisation, est que les résolutions ne sont toujours pas suivies d’effet. Très sensible à ce cris de cœur des présidents Soglo et Obasanjo, Boni Yayi promet également de les accompagner dans les démarches pour que cette journée soit une réalité. La lecture de la Déclaration de Cotonou par le professeur Joël Aïvo a mis un terme à la rencontre.