Le procès sur le scandale financier Icc-services s’est poursuivi ce jeudi, 27 décembre 2018 à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet).
A la barre, l’ancien ministre Grégoire Akofodji répond aux interrogations de Me Olga Anassidé, avocat de l’Etat béninois. Déposant en qualité de sachant, l’ancien ministre explique que le gouvernement ne pouvait rester insensible en raison de l’ampleur du scandale. Il y avait une tension sociale, reconnait-il. « Avant mon départ du gouvernement, personne ne pouvait dire avec exactitude le nombre de déposants et la somme collectée » répond Grégoire Akofodji. Une réponse qui laisse confuse, Me Olga Anassidé qui estime que le gouvernement s’est tant impliqué dans le dossier qu’il devrait avoir les données exactes. Répliquant, le ministre Akofodji explique que l’organisation “diffuse“ de la structure Icc-services ne permettait pas au gouvernement de disposer de chiffres précis. Après une suspension de plus d’une heure, le sachant Grégoire Akofodji dépose à nouveau. Ce fut ensuite une confrontation Emile Tegbenou-Grégoire Akofodji. Le promoteur de Icc-services persiste en affirmant avoir été reçu par le ministre Akofodji. « Il (le ministre) m’a demandé si on me demande si je connais le président Boni Yayi, qu’est-ce que je vais dire ? Je lui ai répondu que je ne peux pas dire non. Je suis allé plusieurs fois à la présidence et on m’a vu avec le président Yayi », explique ce dernier pour répondre à la question de savoir ce qui a été dit lors de leur rencontre. Mais le ministre Grégoire Akofodji, de son côté, déclare n’avoir jamais rencontré Emile Tegbenou. « Je l’ai dit hier que je n’ai jamais vu Tegbenou avant de le voir ici. Quel intérêt y a-t-il à nier avoir vu Tegbenou et reconnaitre avoir rencontré Guy Aplogan ? » a-t-il déclaré. Emile Tegbenou ayant déclaré avoir rencontré l’ex ministre en présence de l’ancien régisseur de la prison civile de Cotonou, Gbègan Joël et l’ancien directeur général de la gendarmerie, Sèwadé, Me Kassa a souhaité que le sieur Gbègan Joël actuellement en service à l’Onu soit interrogé soit physiquement ou par vidéo conférence. Une requête à laquelle accède la Cour. L’ex ministre déclare également n’avoir jamais connu le Colonel Sewadé. A la question de savoir si Guy Akplogan a été extrait ou sorti de prison, Grégoire Akofodji affirme avoir procédé à une extraction et que la rencontre était informelle. Pourquoi le gouvernement bien qu’il ait enclenché une procédure judiciaire, met encore en place des structures parallèles pour gérer la crise ? « Ce n’était pas des structures parallèles », répond l’ex ministre en démontrant l’engagement du gouvernement à aider à la résolution du scandale. Pour lui, le gouvernement n’a jamais tenté une immixtion dans la procédure judiciaire. Revenant sur la rencontre avec Guy Aplogan, Grégoire Akofodji confirme qu’il l’a reçu sur demande de Me Kato Attita qui estimait que ce dernier, une fois libéré, disposait des moyens pour rembourser les spoliés. Et ce qui comptait pour le gouvernement n’était autre que le remboursement des victimes. De la question des biens saisis chez les promoteurs de Icc-services, l’ex ministre dit tout ignoré de ce volet. Il affirme, par ailleurs, n’avoir jamais croisé ni Guy Aplogan ni Emile Tegbenou chez le Président Yayi. Déposant à son tour, Guy Aplogan affirme avoir été sorti de prison une nuit car on l’aurait informé qu’il devrait rencontrer le Chef de l’Etat. Mais après une heure environ d’attente, il n’eut pas cette chance. Comparaissant en qualité de sachant, Barnabé Adounsiba, gendarme à la retraite et ex-membre de la commission d’enquête judiciaire installée par le gouvernement, déclare reconnaitre Emile Tegbenou et affirme avoir pris part à une perquisition au domicile de ce dernier. Les débats se sont poursuivis sur le financement de la gestion de la crise avec l’argent du contribuable.
Aziz BADAROU