Le procureur a fait appel de la décision de la Cour pénale internationale de remettre en liberté de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Annonce faite hier soir, mercredi. Quelques heures plus tôt, les juges de la CPI avaient annoncé la mise en route de la procédure de libération de l’ancien président ivoirien et de l’ex-leader du mouvement des Jeunes Patriotes… tous deux acquittés la veille, mardi, de crimes contre l’humanité. Dans ce contexte, une question se pose : si Laurent Gbagbo est libéré dans les prochains jours, retournera-t-il en Côte d’Ivoire ? Le principal intéressé ne s’est pas encore prononcé. Mais cette option n’est pas sans risque pour lui.
Vingt ans de prison, c’est la peine à laquelle Laurent Gbagbo a été condamné en son absence. Une peine prononcée en janvier 2018 par la justice ivoirienne dans l’affaire dite du « casse de la BCEAO », de l’Agence nationale ivoirienne de la BCEAO, la Banque Centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest et de plusieurs banques commerciales. Les faits remontent à la crise post-électorale de 2010-2011.
Depuis ce jugement, Laurent Gbagbo est toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt international. Et l’amnistie décrétée il y a six mois par Alassane Ouattarra ne concerne pas cette affaire, parce que les plaignants sont plusieurs Etats de la sous région explique une source proche du pouvoir.
L’ancien chef de l’Etat ne s’est, pour l’instant, pas personnellement prononcé sur la question de son éventuel retour au pays. « Il est trop tôt pour commenter le futur et le lieu où il pourrait aller pour se reposer », commente l’un de ses avocats, maître Emmanuel Altit. Mais, ajoute-t-il, Laurent Gbagbo « est viscéralement attaché à sa terre ».
De son côté, le porte-parole du gouvernement ivoirien estime qu’il revient à l’ex-président de décider de ce retour. « La décision lui appartient », commente brièvement Sidi Tiémoko Touré. « pour le reste, nous n’avons pas de commentaire ».
Le mandat d’arrêt pourrait-il être appliqué si l’ancien président choisissait de rentrer quand il le pourra ? Réponse à peine plus longue du Garde des Sceaux Sansan Kambilé. « Je vous dirais que depuis 2011 de nombreuses procédures ont été engagées, contre de nombreuses personnes, et je vous dirais que je n’ai pas d’information particulière là-dessus .»
De bonne source cette condamnation pendante pourrait être un levier de négociation avant le retour de Laurent Gbagbo : le ministre de la Promotion de la jeunesse, Mamadou Touré, également porte parole du RHDP, n’exclut d’ailleurs pas des négociations. « Tout retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, dit-il, sera envisagé à partir de discussions avec le président de la République, Alassane Ouattara ».
Mamadou Touré, invité de RFI ce matin, affirme par ailleurs que la Belgique a donné son accord pour accueillir Laurent Gbagbo. L’information n’a pas encore pu être confirmée par Bruxelles.
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