Pasteur Michel Alokpo à propos des législatives de 2019 : “Seule l’opposition peut porter la voix du peuple au parlement“
Acteur de la société civile et ancien chargé de mission au ministère de l’intérieur, le pasteur Michel Alokpo était invité, jeudi 24 janvier 2019, sur l’émission 100% Bénin de Sikka TV autour du thème « Législatives du 28 avril 2019 : un tournant décisif de la gouvernance Talon ? ». Pour le pasteur Alokpo, la classe politique béninoise sera étonnée de l’issue des prochaines législatives qui risquent de prendre l’allure d’un référendum où le peuple sanctionnera. Mais il reste convaincu que seule l’opposition pourra véritablement porter la voix du peuple à l’Assemblée nationale.
« Si on donne la majorité à la mouvance, le peuple ne peut rien contre les lois liberticides. Si l’opposition est renforcée au niveau de l’Assemblée, l’opposition peut freiner certaines réformes. Les réformes ne sont pas mauvaises mais au finish, elles ne rendent pas service au peuple. Quel est l’avantage que le peuple en tire ? On nous parle de 6% de taux de croissance mais sur le marché, le concret, le panier de la ménagère n’a pas changé, c’est un véritable problème », reconnait pasteur Michel Alokpo qui argue qu’il faut une forte opposition pour contrer les dérives du gouvernement. Décortiquant les forces et faiblesses des forces politiques en course, l’homme estime que la mouvance a peur de son bilan, ce qui justifierait la campagne précoce des différents blocs soutenant les actions du gouvernement. A l’en croire, les promesses faites n’ont pas été honorées et cela a laissé place à des frustrations du côté des populations. Il a également pointé du doigt des réformes non inclusives en défaveur des populations, des milliers d’emplois annoncés qui n’ont jamais été une réalité, le panier de la ménagère totalement vide, une accentuation du chômage des jeunes avec le départ des investisseurs étrangers et nationaux. «La situation est critique aujourd’hui par rapport à la gouvernance Talon. Un homme politique de la mouvance m’a avoué qu’au niveau de Bénin control, parfois les frais de douanes dépassent la valeur de la marchandise », déplore le pasteur Alokpo. Quant à l’opposition, il se désole des querelles inutiles et espère que les différents camps comprendront l’enjeu. Il va falloir prendre conscience de l’enjeu, selon lui, avant d’affirmer que seule l’opposition peut porter la voix du peuple au parlement. Pour l’homme de Dieu, les réformes du code électoral et de la Charte des partis politiques ont été adoptées sans consensus. De ce fait, il estime que les prochaines élections législatives risquent de servir de referendum par lequel le peuple va sanctionner la classe politique béninoise. De même, les réformes du régime Talon risquent de prendre un coup d’arrêt, laisse-t-il entendre. «Le peuple a faim et c’est le peuple silencieux qui va rentrer en opposition au gouvernement désormais… le peuple est mécontent de la gouvernance de Talon, nous voulons un parlement neuf, renouvelé à 50 ou 70%, il faut laisser la place aux jeunes. C’est la vieille classe politique qui est à l’origine du malheur dans notre pays. On dit qu’il faut tisser la nouvelle corde à l’ancienne corde mais si l’ancienne corde est pourrie, comment peut-on la tisser ?», argumente le pasteur Alokpo. Inutile encore, selon ses propos, ces mêmes personnes qui ont servi sous les régimes Kérékou, Yayi, reviennent au-devant de la scène politique donner des leçons de démocratie. A ce sujet, il estime que la société civile a un rôle prépondérant à jouer et étant donné que la démocratie béninoise est en danger. Et de préciser que la constitution béninoise est violée par rapport à certaines lois liberticides votées.
Aziz BADAROU