Depuis quelques jours, les policiers républicains ne sont visiblement plus désœuvrés sur nos axes routiers. L’opération « Motocyclistes, serrez votre droite » est mise en branle pour contraindre les usagers de la route au respect du code de la route et surtout réduire drastiquement le taux d’accidents de circulation. Seulement que l’opération est mal ficelée bien qu’elle soit la bienvenue…
Pancartes en main tels des handicapés, aveugles quémandant de l’aide, les flics républicains sont positionnés le long de plusieurs axes routiers pour porter un message important à la connaissance des usagers de la route notamment les motocyclistes. On peut bien lire sur lesdites pancartes « Motocyclistes, serrez votre droite » ou « Respectez le Code de la route, circulez à votre droite!». Ces messages de sensibilisation ne passent plus inaperçus sur les tronçons. Inscrits sur des pancartes ou sur des banderoles au niveau de la plupart des carrefours, ils orientent les usagers sur la bonne attitude à adopter sur la voie. Une sensibilisation initiée suite au constat relatif à l’augmentation des cas d’accidents de la route émanant des dernières statistiques. Selon le rapport mondial des Nations Unies sur la sécurité routière, publié en décembre 2018, le taux de mortalité lié aux accidents de la route aurait augmenté dans le monde entier et le Bénin enregistrerait en moyenne sept cents décès dus aux accidents de la route chaque année. Si, au début, ces policiers se permettent de se positionner au milieu de la route pour inviter au respect des couloirs de circulation, ce n’est visiblement plus le cas depuis un moment en tout cas sur plusieurs axes routiers de Cotonou. Ils sont beaucoup plus pointés sur les trottoirs avec les pancartes en main. D’abord, il faudra se demander combien d’usagers savent lire et combien prennent le temps de lire ce qui y est inscrit en pleine circulation. En obligeant les usagers à jeter un coup d’œil sur les pancartes, la police républicaine n’encouragerait-il pas l’inattention en pleine conduite ? Encore qu’ici, ces pancartes sont utilisées par certains flics pour juste se protéger contre le soleil, car suffisamment exposés. De plus, la police républicaine devrait comprendre qu’elle ne fait qu’accroître les risques d’accidents en laissant les policiers se positionner subitement au milieu des routes. La seule évidence aujourd’hui est que le message ne passe pas comme on l’aurait espéré. Si l’opération s’imposait pour limiter les dégâts sur nos routes, elle est encore loin de connaître le succès espéré. Et ce, pour des raisons diverses.
Ce qu’on aurait dû faire…
Au lieu de brandir des pancartes sur lesquelles se trouvent des messages de sensibilisation que tout le monde ne peut décoder ou lire, il serait préférable que référence soit faite au langage de la route. Ce langage facilement compris par tous les usagers et qui est universellement reconnu et recommandé. Le langage de la route n’est autre que des images conçus et qui sont plus expressifs que des mots. Et pour preuve, les panneaux de signalisation d’une école sont compris de tous les usagers à cause des images qui s’y trouvent et non des mots. Il importe donc que cette approche soit privilégiée pour garantir la réussite de la campagne de sensibilisation si non les policiers républicains se seraient séchés au soleil pour rien. Peut-être que la répression suivra pour donner les résultats mais il vaut mieux réussir à convaincre que de contraindre par la force. Plus important également, inutile de positionner des policiers républicains au milieu de la voie alors qu’on pourrait bien tracer des couloirs sur les goudrons. Ce qui retiendrait plus l’attention des usagers. Car le périmètre des deux roues sur la chaussée serait ainsi bien défini, délimité et saisi par les conducteurs de ces dernières. En témoigne, le respect des pistes cyclables sur les axes routiers qui en disposent. Si le permis de conduire permettrait de résoudre définitivement ces problèmes sur les routes, le contexte ne s’y prête pas mais la sensibilisation pourrait bien changer les choses. De ce fait, il importe que la Police républicaine revoie la stratégie de mise en œuvre de cette importante campagne de sensibilisation sur le respect du code de la route. Car, jusqu’à présent, le respect des couloirs pose toujours problème malgré le lancement de l’opération.
Aziz BADAROU