La Société nationale de commercialisation des produits pétroliers (Sonacop) traverse une crise multidimensionnelle et les ruptures alarmantes sur ses stations-services ces derniers jours ont contraint le gouvernement à autoriser les structures étatiques à s’approvisionner à 100% auprès des stations privées. Une situation loin d’être fatale à la société, selon le Syntra-Sonacop qui sollicite une audience pour rencontrer le Chef de l’Etat…
Plus rien ne va à la Sonacop. A titre illustratif, la dernière décision du ministre de l’économie et des finances. Par note de service N°2087/Mef/Dc/Sgm/Dgb/Dsip/Sssp en date du 05 août 2019, les services étatiques ont été autorisés, à titre dérogatoire, à acquérir de carburant et lubrifiants à 100% auprès des stations privées. A la faveur d’une conférence de presse ce vendredi, 09 août 2019, le syndicat des travailleurs (Syntra-Sonacop) estime que “si l’entreprise renoue avec la bonne gouvernance, son exploitation n’est irrémédiablement pas compromise“. Ainsi, l’organisation syndicale souhaite rencontrer le Chef de l’Etat, Patrice Talon afin de lui proposer des solutions de sortie de crise. Car pour les travailleurs, la Sonacop peut et doit survivre. Et d’ailleurs, selon Elvire Hounsegbe, secrétaire générale du syntra-Sonacop, la société semble renaître déjà grâce à des mesures d’urgence telles que le rétablissement graduel de l’approvisionnement des stations-services et des clients ; la réduction et la rationalisation des charges ; l’optimisation des coûts à l’importation ou à l’approvisionnement des produits ; des mesures d’assainissement et de renforcement de capacité de stockage, etc. Mais la décision du gouvernement “vient paralyser notre élan, nouvelle politique de relance des activités et compromet irrémédiablement la continuité de notre exploitation“, déplore Elvire Hounsegbe. Et de poursuivre « nous avons la ferme conviction que le Chef de l’Etat a un plan positif pour la survie et la restauration de la Sonacop ». Si le Syntra-Sonacop refuse d’en vouloir au gouvernement pour avoir pris une telle décision, il affirme qu’il a manqué certains éléments d’analyse à la prise de la décision. Des éléments que le syndicat se dit prêt à en parler avec le Président de la République. Par ailleurs, le Syntra-Sonacop plaide afin que le gouvernement mette à la disposition de la Sonacop, une lettre de confort sans engagement de payement par l’Etat pour rassurer les partenaires financiers ; autorise la constitution d’une garantie hypothécaire sur titre foncier de certains biens immobiliers ; autorise la rénovation du Pipe-line du dépôt Port à travers un partenariat public-privé et l’attribution à 50% de la part du marché des structures étatiques. Les causes des difficultés financières seraient liées, à l’ouverture du capital de la société en 1999 ainsi qu’à sa privatisation au groupe Cpi dont la gestion a engendré environ 36 milliards de dettes sans oublier la mauvaise gestion de l’ouverture du secteur pétrolier aux privés qui se sont livrés à une concurrence déloyale à la Sonacop. Rappelons qu’en 2016, le gouvernement avait autorisé les institutions de la République et les ministères à s’approvisionner en produits pétroliers auprès des stations privées à hauteur de 30% et 70% à la Sonacop mais le 04 avril 2019, les ministères ont été autorisés à s’approvisionner à « 75% auprès des stations privées et 25% auprès de la Sonacop. Et la dernière lueur d’espoir semble s’éteindre avec la dernière décision gouvernementale. Vivement que cette société, jadis, fleuron de l’Etat renaisse…
Aziz BADAROU