L’État semi-autonome du Jubaland votera fin août pour le Parlement et la présidence régionale. Un scrutin vu comme un véritable test pour le système fédéral somalien, mais dont le processus électoral est déjà critiqué de toute part.
Dans une lettre adressée à l’envoyé spécial des Nations unies en Somalie, le conseil des anciens du Jubaland, dans le sud du pays, fait part de ses inquiétudes. Il accuse la commission électorale locale d’être biaisée, et demande à la communauté internationale d’intervenir.
Pour éviter un report de l’élection d’abord, mais aussi pour les protéger eux, les anciens, qui assurent se sentir en danger en cette période électorale. Il est vrai que l’ONU avait déjà fait part de ses doutes la semaine dernière quant au fonctionnement prévu pour le scrutin. Tandis que le gouvernement fédéral, à Mogadiscio, menace de ne pas reconnaître le résultat de ces élections.
De son côté, la commission électorale locale assure qu’elle est en mesure d’organiser un vote transparent et crédible. Elle a déjà validé sept candidatures à présidence régionale.
Une élection importante pour le Kenya
Parmi elle, celle du président sortant, Ahmed Mohamed Islam, alias Madobe. Ancien membre fondateur du groupe terroriste shebab, repenti à la fin des années 2000, il a aidé les troupes kényanes à reprendre Kismayo, la troisième ville somalienne, alors aux mains des shebabs. Pour le Kenya, qui partage une frontière avec le Jubaland, il est donc vu comme un allié de poids dans la lutte contre le groupe terroriste.
Pour Matt Bryden, directeur du think tank Sahan Research et spécialiste de la Corne de l’Afrique, ce scrutin cache donc de forts enjeux régionaux.
« C’est une élection extrêmement importante dans le contexte régional dans le sens où le président actuel du Jubaland, Ahmed Madobe, est un allié du Kenya. En fait, ce sont des troupes kényanes, qui, sous la bannière de l’AMISOM, assurent la sécurité d’une grande partie du Jubaland ainsi que de sa capitale, Kismayo. Le Kenya serait donc très heureux de voir l’actuel président réélu, analyse-t-il. Mais le gouvernement fédéral de Mogadiscio veut voir partir Madobe et tente de persuader l’Éthiopie et d’autres acteurs régionaux de s’aligner sur cette position. Donc, il y a un danger que l’Éthiopie et le Kenya se trouvent opposés sur cette question, ce qui porterait un coup à un fort partenariat entre les deux pays qui dure depuis plus de 50 ans. »
rfi.fr