Le Mouvement des jeunes engagés pour le développement de la nation (Mojeden), auréole le nouveau Roi de la cité historique de Ketou et sa cour royale. Ceci, à travers une déclaration rendue publique, samedi, 18 août 2019, à Cotonou.
Le 51ème Roi de Ketou et sa cour royale, bénéficient d’une attention particulière, d’une certaine frange de la jeunesse. Réuni donc au sein du Mojeden, ce groupe de jeunes a rendu hommage au Majesté Oba Akanni Adédounloyé Adéromola, de cette cité dite historique de Kétou, Ainsi, mots de bienvenue et auréoles, sont les traits caractéristiques de cet hommage, dont a bénéficié le Roi, de la part de ce Mouvement. « Majesté grand Roi. Conscients et approuvant cette fameuse pensée d’Alain Foka qui dit : » Nul n’a le droit d’effacer une page de l’histoire d’un peuple car, un peuple sans histoire est un monde sans âme « , nous, jeunes du Mouvement engagé pour le développement de la nation (Mojeden), venons très respectueusement et majestueusement nous prosterner devant notables, Ministres, Reines et devant votre haute Majesté pour vous souhaiter le bienvenu sur l’historique et l’immense spirituelle terre et trône de vos aïeux », ont-ils déclaré. A en croire ladite déclaration, une seule raison explique cette démarche. « Notre attachement et notre ferme conviction de promouvoir nos valeurs ancestrales et traditionnelles afin de cultiver l’esprit de solidarité, d’assistance et le collectivisme qui caractérise les fils et filles Oodua / Oduduwa pour le rayonnement et le développement du plateau et Kétou en particulier. Cette terre qui, a fait fleurir en nous le germe de la vocation et de la passion pour la gestion des affaires de notre pays », évoquent-ils. A cet effet donc, ils ont adressé leur salutation d’usage au Roi, comme le leur recommande leur coutume, d’après leur adresse. Des salutations teintées de panégyriques, d’auréoles et de récits.
J.G
Bref aperçu sur l’historique de la royauté de Kétou
« Kétou » ou « Kétu », est une ville du Sud-est du Bénin située à l’extrême nord du Département du Plateau.
Le royaume de Kétou a été fondé ~par ~ Ëdè issu d’un groupe de migrants originaires d’Ilé Ifè dans le Nigéria. Ce royaume faisant partie des Cités-Etats de l’aire Yoruba porte le titre « KÉTOU ».
Les 50e rois qui s’étaient succédés au trône de Kétou sont désignés alternativement au sein de cinq familles princières à savoir :
– Alapini
– Magbo
-Aro
– Mècha
– Mèfu.
Sa Majesté SA (14e roi) dont la durée de règne reste encore inconnue, construisit sur environ 25 km des murailles et fossés de fortification pour clôturer la capitale. Il en fit une seule entrée mystiquement bien surveillée ( la double porte magique d’Akaba-Idéna ). Ceci, à cause des menaces d’invasion guerrière et aurait reçu une aide surnaturelle. Ces portes restaient ouvertes mais, se refermaient toutes seules en cas de danger imminent.
Pour conjurer le mal, le monarque réunit aussitôt le conseil royal et fit des sacrifices à Ologou-Odogbo ; la divinité contenue dans ces portes. Entre les deux portes, se trouve la tombe d’un « bossu » déifié et des cases dont les bois sculptés expriment l’originalité de l’architecture luxueuse des Yoruba.
Lors de la prise de Kétou en 1887 par le Danxomè, la porte externe avait été enlevée et emportée à Abomey mais elle était revenue d’elle-même.
Sites touristiques sacrés et gardiens de la ville de Kétou
Au nombre de ces sites, nous pouvons retrouver :
– le Petit marché Odja-Kékéré,
– Aïtan-Ola, le puissant Tas d’ordures.
Les légendes nous racontent l’histoire de la vieille Iya Mèkpèrè qui, fit un talisman au roi Edè (fondateur de Kétou vers 1400) pour protéger son royaume naissant contre les mauvais sorts. Ce fut ce talisman que le monarque enterra secrètement sous le site qui, abritera ce grand tas d’ordures suivant les recommandations occultes. Aïtan-Ola sera plus tard déifié parce qu’il empêchait mystiquement les ennemis et envahisseurs de franchir les fortifications de la capitale.
Aussi, tout habitant de Kétou pouvait-il venir verser ses ordures sur Aïtan-Ola.
Des richesses culturelles de Kétou
▪ Les Danses traditionnelles
La ville de Kétou regorge assez de rythmes et danses qui font encore parler d’elle.
Au nombre de ceux-ci, nous pouvons entre autres citer :
– la danse Iwé
– la danse Samba
– la danse Guèlèdè
– la fête des Egungun
– la danse des chasseurs
– la danse des Babalawo
– la danse des Olorisha
– la danse Bata-Igba.
▪ Les Olorisha
Ce sont les adeptes des Orisha (Vodoun); une mythologie Yoruba et africaine qui désigne les divinités comme :
▪ Le Ogun, dieu du feu, des chasseurs, des forgerons et des guerriers.
Le Ogun est un fétiche très puissant sur lequel, on ne jure pas pour mentir. Il manifeste souvent sa colère et son indignation par des accidents de routes, les incendies. Pour rendre hommage à Ogun ou conjurer un mauvais sort, on lui fait des sacrifices qui nécessitent obligatoirement le sang d’un animal versé, de l’huile rouge, des colas etc.
▪ Shango, dieu de l’orage, de la foudre, divinité solaire et des éclairs qui sont les manifestations de sa colère.
▪ Shanponna ou Obaluayé qui est la divinité de la variole.
▪ Éshü, c’est le dieu du destin qui surveille les lieux de passage et le messager entre les divinités et les êtres humains car il connait toutes les langues.
On raconte qu’il est devenu le messager car un jour il a volé les ignames dans les jardins du ciel et comme il avait chaussé les pantoufles du dieu il réussit presque à le convaincre.
Comme un accompagnateur sur le dieu créateur, Fâ.
Mais c’est aussi un dieu farceur, responsable de certains méfaits. Il était un serviteur de Orisha mais il le détestait tellement qu’un jour il fit rouler un énorme rocher sur sa maison et la divisant en 401 morceaux.
Une autre fois il persuada le soleil et la lune d’échanger leurs fonctions ce qui provoqua un grand chaos. Il garde un œil attentif sur les événements et les rapports à Oloroun, à en juger les actions des hommes.
▪ Oshun/Yémojà/Oluwèri, Déesse puissante dont la sorcellerie défie toutes autres. Souvent compatissante et aide les femmes stériles parce-que ayant subi cette calamité et humiliée. Décidée de se venger pour avoir être trahie, elle se transforma en un cours d’eau. Cette reine des eaux est représentée par la rivière, la mer etc et son eau a le pouvoir de guérir les maladies.
➖ la danse Guèlèdè.
Le Guèlèdè encore appelé société secrète des femmes est marqué par des chants, de rythmes et des danses masquées. La cérémonie de Guèlèdè se déroule généralement la nuit sur une place publique
➖ la danse des Babalawo ou Prêtes du Fâ.
Le Fâ ou Ifà est une géomancie, une technique divinatoire ; une voie de connaissance dont le prête est Orunmila. Il a atteint le Bénin vers le 17 ème siècle par les Yoruba venant d’Ifè qui se sont installés et ont fondé Kétou.
Les prêtes de Fâ, pour leur festivité ou cérémonie, sont toujours vêtus de blanc et forment souvent un cercle au milieu duquel se trouvent les tam-tam qui retentissent. Dans leurs boubous blancs, ils font le tour du cercle en se virant de gauche comme vers la droite.
➖ la danse des chasseurs.
Cette danse se pratique souvent en cas de décès ou d’inhumation d’un chasseur. Elle se fait également lors d’un cérémonial pour le sacrifice du dieu du feu et des métaux.
Lors de ces cérémonies et surtout quand il s’agit de rendre un dernier hommage à l’un d’eux, quelqu’un parmi ces chasseurs porte les cornes d’un animal féroce que le défunt aurait tué de son vivant. Au cours des cérémonies d’adieux, l’esprit de cet animal abrite le corps de ce chasseur danseur et du coup, ce dernier commence par agir tel l’animal dans la forêt. À ce moment, ses siens chasseurs commencent par le rechercher et ceci, sous le crépitement des fusils. La cérémonie d’adieu est réussie et achevée lorsque l’animal-chasseur est tué et dépossédé de l’esprit-animal
Il y a des valeurs qui sont sans doute propices au développement de l’Afrique mais que nous négligeons par acculturation et le mimétisme excessif. Cependant, il s’agira de savoir tirer profit de nos moeurs et coutumes qui nous avantagent le plus pour le développement.