Déclaration de position au sujet de l’Evaluation des capacités intellectuelles des Ace reversés de la promotion 2008
Béninoise et Béninois. Le 23 juillet 2019, la rumeur relative à la reprise de l’évaluation des compétences intellectuelles des enseignants Ace de la promotion 2008 est devenue réalité. Désormais, l’évaluation concerne exclusivement les Ace 2008 et non plus tous les enseignants comme c’était le cas. Aussi, contrairement aux précédentes évaluations qui, selon le gouvernement, visaient uniquement l’amélioration de la qualité de l’offre éducative, celle-ci débouchera-t-elle sur un changement de statut des Ace 2008. Les uns deviendraient fonctionnaires et les autres seraient reconvertis dans d’autres secteurs d’activité. Très tôt, un communiqué interministériel est mis sur pied. Ces travaux ont évolué à un rythme exponentiel et déjà la date du 24 août prochain est retenue pour la composition. Depuis lors, des réactions diverses se font sentir au sein de monde enseignants et les commentaires vont dans tous les sens, des plus pacifique au plus violent. Ainsi, une psychose générale s’observe-t-elle au sein de la population. Le front d’action des syndicats de l’éducation ne saurait rester en marge de cette actualité qui défraie la chronique. C’est pourquoi, réunis en conférence des secrétaires généraux ce vendredi 16 août 2019 à la bourse de travail, le front a procédé à une analyse minutieuse de la situation puis fait des observations suivantes :
Les résultats de l’audit du reversement continuent d’être entourés d’un secret de couvant alors qu’il est dit publiquement que cette opération révèle de nombreux faux diplômés et d’Ace irrégulièrement reversés ;
Les objectifs et les finalités de l’évaluation projetée ne sont pas clairement définis. Les contradictions contenues dans les comptes rendus d’audience et de réunion tenues dans ce cadre puis les imprécisions constatées dans le communiqué radiodiffusé conjointement signé par le Memp et le Mestfp en sont illustratives.
Le cadre législatif ou réglementaire qui devrait encadré une telle évaluation et lui donner toute sa valeur juridique, n’existe pratiquement pas.
Les Ace reversés 2008 bien qu’étant formés à coût de milliards, déboursé par les partenaires techniques et financiers (Ptf) et le contribuable béninois ont dans le cadre de l’évaluation projetée, été diabolisés, humiliés et blessés dans leur dignité d’homme comme s’ils n’ont rien apporté à l’éducation Béninoise.
Dans ce climat de déchirure morale et de désespoir panique, enseignants et non enseignants lancent dans toutes les communes du Bénin un appel au boycott systématique de ladite évaluation.
Le gouvernement continue lui aussi de brandir sa menace de radiation puis la situation prend progressivement une allure insurrectionnelle dans tout le pays. Au regard de ces constats peu reluisants en cette veille de rentrée scolaire et des multiples conséquences qu’engendrera la radicalisation des positions sur l’année scolaire à venir et de façon plus générale à la paix et à la cohésion nationale, le front :
1- Fustige la stigmatisation des enseignants Ace reversés de 2008, l’humiliation faite, et le discrédit jeté sur toute la promotion ;
2- Félicite les enseignants et enseignantes pour leur mobilisation générale et leur sens élevé d’analyse et de discernement et les invite à rester en état de veille ;
3- Invite très humblement le chef de l’État garant de l’unité nationale et de la cohésion sociale à suspendre le processus de l’évaluation du 24 août prochain aux fins d’éviter à notre pays une situation insurrectionnelle aux conséquences graves et imprévisibles ;
4- Recommande que les multiples points d’ombre qui persistent soient d’abord clarifiés et que le consensus soit fait sur les objectifs et finalités d’une telle évaluation.
Enfin, tout en restant ouvert au dialogue, le front lance un appel au calme et la sérénité et se nourrit de l’espoir que son message emportera la sensibilité du chef de l’État et qu’avant le 24 août prochain, il saura prendre la décision juste utile et salutaire pour la République.
Vive le front d’action des syndicats de l’éducation. Vive le syndicalisme au service du développement. Vive l’école Béninoise seul la lutte paie.
Fait à Cotonou le 16 août 2019.
Laurent D. Kossouho