Le Clergé catholique prend une pause dans son initiative de recherche de solution pour une sortie heureuse de la crise née de l’exclusion de l’Opposition aux législatives d’avril 2019. Raison évoquée, selon le correspond de Rfi au Bénin, Jean-Luc Aplogan, deux demandes d’audience restées sans suite au Palais de la Marina. Une première demande déposée le 28 juin et une seconde déposée le 19 juillet, dans le but de présenter au chef de l’Etat le point des rencontres que le Clergé a eues avec les forces politiques de l’Opposition, n’ont pas reçu à ce jour un avis favorable. Du coup, le Clergé se donne jusqu’à fin octobre, à l’occasion de la session de la conférence épiscopale, pour décider de la suite de cette médiation. Même si, joint par un confrère de lamétéo.info, le chargé de communication de la Conférence épiscopale affirme que l’Eglise ne se reconnait pas dans cette information « gênante », on savait que le Clergé avait entamé de son propre chef ladite médiation. Cela a-t-il été vu d’un bon œil au Palais de la Marina ? Certainement non. La décision du chef de l’Etat de rencontrer les partis en quête d’existence légale sans tenir compte de la médiation déjà en cours au niveau du Clergé était déjà le signe que Patrice Talon ne se sentait nullement lié par la démarche de l’Eglise catholique. C’était une manière de couper l’herbe sous le pied des médiateurs. Ensuite, un responsable du Palais aurait confirmé à Banouto que pour le moment, l’agenda du chef de l’Etat ne le permet pas de donner une suite favorable à la demande d’audience du Clergé. Cela confirme le fait que Patrice Talon est quelque peu embarrassé par la démarche de médiation de l’Eglise catholique. Est-ce pour cela qu’il évite de rencontrer le Clergé? Le cas échéant, que craint alors le chef de l’Etat ?
Dans cette crise née des législatives exclusives avec jusque-là les partis de l’Opposition sans récépissé, le chef de l’Etat veut-il être juge et partie ? Veut-il être le seul maître à bord ? Est-ce parce qu’il voyait venir l’issue de la médiation du Clergé qui pourrait s’imposer à lui qu’il a dû anticiper pour prendre le devant des choses ?
Quand on s’en tient à la réponse du supposé responsable de la présidence qui s’est confié à Banouto, c’est à croire qu’il n’y a pas urgence dans la résolution de la crise qui a fait plusieurs morts, des dégâts matériels et plusieurs interpellations du Nord au Sud. Quand est-ce que l’agenda du chef de l’État le lui permettra-t-il pour que les » médiateurs catholiques » qui ont déjà écouté les ténors de l’opposition, l’écoutent peut-être aussi à son tour ? À cette allure, ne pourrait-on pas déjà présager de l’issue du dialogue si les recommandations du Clergé devraient s’imposer aux deux parties : le chef de l’Etat et ses seuls partis jumeaux qui étaient aux législatives, puis les partis de l’Opposition qui n’ont pu prendre part à ces joutes électorales malgré leur bonne volonté ? Le calme précaire qui prévaut dans le pays ne doit nullement être un prétexte pour s’écarter de l’essentiel pour une paix durable. Il urge d’agir afin de préserver l’esprit de la Conférence nationale des forces vives de la nation de février 1990. A moins qu’on veuille délibérément exclure l’Opposition de toutes les élections à venir.
M.M