Suspension de l’élection des recteurs et autres dans les universités publiques : >, clame l’intersyndicale des Unb

(Jusqu’où iront les universitaires là où Magistrats et Avocats rengainent ?)

Ça grogne dans le rang des enseignants du supérieur au Bénin. Et, on peut le dire, si le gouvernement notamment la ministre Marie Odile Attanasso ne revoie pas ses arguments avancés pour remettre en cause l’ordre démocratique dans les Universités nationales, l’année académique risque d’être des plus chaudes. En effet, depuis environ une semaine, il circule sur les réseaux sociaux, un décret en date du 20 septembre 2018 portant mesures transitoires à la mise en œuvre de la réforme de la gouvernance des universités publiques du Bénin. Le contenu dudit document que Matin Libre a relayé dans sa parution N° 1058 du jeudi 25 octobre 2018 renseigne en son article premier que: << Jusqu’à l’examen de la nouvelle gouvernance des établissements publics d’enseignement supérieur par le Conseil national de l’éducation, les dispositions des articles 19, 24, 27, 31, 33, 34, 38, 39 et 44 du décret 2016-208 du 04 avril 2016 portant création, attribution, organisation et fonctionnement des universités nationales en République du Bénin modifié par le décret 2016-638 du 13 octobre 2016 relatives à l’élection des recteurs, vice-recteurs, membres du conseil d’administration d’université, doyens, directeurs, vice-doyens et directeurs adjoints des Unités de formation et de recherche (Ufr) des universités nationales du Bénin sont suspendues. Et à l’article 2 de préciser qu’ << À titre transitoire, les recteurs, vice-recteurs, membres du conseil d’administration d’université, doyens, directeurs, vice-doyens et  directeurs adjoints dont les mandats sont venus à terme, restent en place>>. Que cache cette décision soudaine du gouvernement ? La communauté universitaire notamment les enseignants ont-ils été associés? Cautionnent-ils le décret qui tend à remettre en cause ces élections obtenues au prix de longues années de luttes? Ces questionnements ont été exprimés par une certaine presse et l’opinion publique en général. L’intersyndicale des enseignants des Universités nationales du Bénin (Unb) n’a pas attendu longtemps avant de réagir. Il lui aura fallu juste quelques jours. << Pour être rassurée sur l’effectivité de cette information, la coordination de l’intersyndicale des Unb a sollicité et obtenu une audience de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui s’est tenue le mardi 30 octobre 2018. Au cours de cette audience, beaucoup de choses ont été dites et entendues>>, rapportent dans un communiqué, ces enseignants, plantant ainsi le décor. Dans ledit communiqué rendu public le 31 octobre et signé par six organisations syndicales formant l’intersyndicale, à savoir: Snes, Synares, Secup, Synhub, Snec, SynEC-Una, ces enseignants tirent la sonnette d’alarme. << La coordination de l’Intersyndicale des Unb pense que l’heure est grave et appelle toute la communauté universitaire à la vigilance>>, martèlent-ils. Ces enseignants des universités publiques donnent ensuite le ton quant aux éventuelles actions à mener face à cet état de choses : << A l’issue des concertations qui se poursuivent, un compte rendu fidèle sera présenté à une assemblée générale imminente. En tout état de cause, l’Intersyndicale des Unb reste très attachée à la démocratisation au sein de nos universités, un acquis fondamental obtenu de hautes luttes et au prix de lourds sacrifices. Vive l’Intersyndicale! Vive les Unb! >>

L’Intersyndicale des Unb jusqu’au-boutiste ?

 

Décidément, au nom des réformes, le gouvernement de Patrice Talon est prêt à remettre en cause partout l’ordre démocratique. Sinon, comment comprendre qu’il puisse, dans les quatre murs et unilatéralement, prendre une telle décision ? Après les étudiants qui ont vu leur marge de manœuvre réduite quant aux libertés associatives, les magistrats, les enseignants, les agents de santé, les paramilitaires qui se sont vu retirer le droit de grève avec la  » précarisation » de la Fonction publique et des menaces de radiation qui planent sur les agents de l’État, c’est sur l’élection des responsables à divers niveaux des universités publiques que la Rupture lance l’assaut. Visiblement, du moins à observer la détermination de leurs syndicats, les enseignants du supérieur ne veulent pas se laisser faire cette fois-ci sur cet acquis. Quand on sait que ce n’est pas un seul ou deux syndicats qui menacent, on peut affirmer, sans risque de se tromper, que si le Pouvoir en place ne revoie pas vite sa copie, l’année universitaire risque d’être très perturbée. Quand on sait le jusqu’au-boutisme  et la solidarité qui caractérisent les organisations de l’Intersyndicale des Unb ajouté aux signaux qu’envoient déjà les étudiants et leurs syndicats aussi quant aux dernières mesures du gouvernement relatives à leurs conditions de vie et d’études dans les universités, les prochaines semaines voire mois risquent d’être dantesques. L’Intersyndicale des enseignants des Unb visiblement plus prompte et vigoureuse dans la réaction que l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) et l’ordre des Avocats du Bénin face à la fragilisation décriée de l’appareil judiciaire. Mais face à un gouvernement aussi teigneux, on peut se demander jusqu’où pourrait aller l’Intersyndicale.

 

 Worou BORO

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