Etat-Major des Armées : Pierre de Villiers, la France et nous

Pierre de Villiers, 61 ans, est Général d’Armée et ancien Chef d’Etat-Major des Armées. Il a rendu son tablier le 19 juillet 2017 suite à une humiliation publique de son chef, le Président de la République, Emmanuel Macron. En effet, le 13 juillet 2017, un épisode s’est déroulé au point d’entacher l’honneur et la respectabilité de l’officier supérieur, rigoureux et exemplaire, Pierre de Villiers.  A l’hôtel de Brienne, Emmanuel Macron gronde en public le Chef d’Etat-major : «Je suis votre chef.». Macron l’enjoignant  ainsi l’ordre  de se taire rapidement devant des officiers et sous-officiers de la délégation du Général Pierre de Villiers ;  venue discuter des coupes budgétaires  des armées. «Après avoir entendu les propos du président de la République, le 13 juillet 2017 au soir, j’ai estimé en conscience que le lien de confiance entre le chef des armées et son chef d’état-major était trop dégradé pour que je puisse continuer dans mon poste», écrit Villiers dans son livre : « Servir ». Un chef d’Etat-Major humilié  démissionne pour l’honneur de la troupe (1) tout en restant lié par son serment de servir (2).

1.  Démissionner pour l’honneur de la troupe

 

Le Général Pierre de Villiers  en posant un acte de grande valeur républicaine, celui de la démission a voulu mettre le politique en face de ce qu’est un Chef militaire, en plus, un Chef d’Etat-major.  Les qualités attendues d’un chef militaire  sont : le  discernement, le courage, et le caractère et l’humanisme. Un chef doit  disposer d’un socle de valeurs, sans lequel l’action collective est impossible.

Le chef du commandement est un modèle d’intégrité, d’équité. Que devrait faire le Général Pierre de Villiers lorsqu’il a été grondé devant les représentations étrangères, dont son  homologue américain présent à ses  côtés pour la  fête nationale du 14 juillet, devant les familles des soldats morts au combat au cours de l’année, devant les blessés des armées et l’ensemble des représentants de la communauté de défense ?

Pierre de Villiers est un officier régulièrement formé, ancien enfant de Troupe du Prytanée National Militaire de la Flèche, au compteur la guerre du Kosovo, la guerre d’Afghanistan, la guerre en Syrie, la guerre au Mali, la troisième guerre civile centrafricaine, la seconde guerre civile irakienne, la guerre civile syrienne.

Face un tel affront public, on tire les conséquences de droit. C’est ce que le Général Pierre de Villiers a fait. C’est inédit certes, mais, cela était nécessaire pour sauver l’honneur de la troupe. Quand on avale des couleuvres contre les principes, on finit par être limogé dans le tintamarre assourdissant de la communication malveillante.  Tel est-il le cas du Chef d’Etat-major de l’armée du Bénin qui vient d’être débarqué de son poste par le Conseil des ministres du Bénin en date du 14 novembre 2018 ? Mystère.

En tout cas, pour le cas de la France, objet de notre étude, les armées n’ont pas du tout apprécié « l’humiliation  » faite au Général de Villiers qui commandait pendant plusieurs années 30.000 hommes et femmes déployés 24 heures sur 24 dans le monde. François Cornut-Gentille, député Les Républicains et rapporteur spécial des crédits de la défense a retenu l’attention : « La démission du chef d’état-major des armées est une décision courageuse mais surtout utile car elle va permettre d’ouvrir le débat nécessaire sur le financement de nos armées. La question n’est pas de savoir qui est le chef mais si les moyens opérationnels sont conformes aux objectifs politiques » Voilà qui pose la problématique des relations tendues entre le Président de la République et son Chef d’Etat-Major.

2.  Rester lié par le serment

 

Réprimandé rudement à la veille du défilé du 14 juillet, le Général de Villiers a écrit un texte plein de sens en ce qu’il considère ne plus être en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée auquel il croit pour garantir la protection de la France et des Français, aujourd’hui et demain, et soutenir les ambitions de son pays.  Aucun chef d’état-major des armées n’a jamais démissionné sous la Ve République. Le Général Pierre de Villiers l’a fait pour que les   jeunes officiers aient de  caractère afin d’éviter à la France  une défaite aussi « étrange » que celle de 1940. Dans son Livre « Servir », il a cité la devise de son régiment   de cavalerie :« En avant, calme et droit ! ». Puisse une telle devise soit un réconfort pour tous.

 

Par H-TauyéJuri-Journaliste

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