St Valentin/ Expérience de couple Pépé Semassa : 50 ans de mariage sans infidélité

Cinquante ans de vie en couple. Cinquante années de fidélité aussi. Cinquante années sans relation extra-conjugale. Sans flirt. En tout cas, les géniteurs du directeur de la radio de l’hémicycle, Guy Modeste Semassa, ont surpris plus d’un ce mardi 25 décembre 2018, lors de la célébration de leurs noces d’or. Ils ont, en effet, affirmé, notamment pépé, urbi et orbi, qu’il n’a jamais trompé son épouse durant ces années d’union. Stupéfaction, étonnement. La surprise a atteint son mamelon dans le rang des convives. Eh oui ! Dans une société africaine où l’infidélité chez l’homme est acquise et applaudie et où, la polygamie est actée,  l’affirmation de pépé ne pouvait que soulever ébahissement… Pourtant, pépé est sérieux ! Il ne semblait pas mentir. Ce « défi » qu’il a relevé, il le clamait fièrement. Les lèvres joyeuses, dressé dans son beau tissu « lessi », le Gobi à la tête, son corps bien que sous le poids de l’âge, dégageait encore la force nécessaire pour défendre sa confidence. Parcours, secrets, conseils, sont à lire dans cette interview qu’il a accordée à votre journal. Puisez-y !  

 

Matin Libre: Pépé présentez-vous à nos lecteurs

Pépé Semassa: Je m’appelle Justin Nounagnon Semassa. Je suis de Porto-Novo. J’ai 81 ans, secrétaire à la retraite. J’ai travaillé en tant que secrétaire au District urbain de Cotonou 2 (Duc 2). Ensuite, j’ai travaillé à la Circonscription  urbaine de  Gbokou à  Porto-Novo et, enfin,  à  la mairie de Ouando où j’ai été admis à la retraite à l’âge de 60 ans. Mais, bien avant de trouver ce boulot, j’avais appris le métier de tailleur que j’ai exercé pendant longtemps. Métier que j’exerce encore mais plus comme avant. Pour être plus précis, j’ai fait la haute couture. Ma spécialité, ce sont les vestes et tenues de T. Il faut dire aussi que je suis un touche à tout. J’ai été et demeure un grand tontinier. J’ai 07 enfants, cinq garçons et deux filles. Ma femme, Antoinette Houessou est commerçante. Une brave dame qui ne ménageait  aucun effort  pour m’accompagner dans les dépenses des enfants. Vous savez, le salaire en ce temps…Son activité  principale était du « pain djaté », c’est-à-dire pain avec friture. Elle excellait aussi dans la préparation d’un toffee  à base du lait en poudre qu’on appelait  ‘’toffi gboguilatoire », qu’elle livrait dans la sous-région, au Nigéria surtout. Elle faisait aussi, ce qu’elle continue d’ailleurs, du « Achonmon » qu’elle cédait en gros. Le français dit « amuse-gueule ». A Porto-Novo, à Ouando, notamment à l’école de base, elle est plus connue sous les pseudonymes ‘’Antikpêvi’’ qui signifie ‘’petite sœur’’ et « Gari non ». Elle a, en effet, débuté  avec la vente du gari assaisonné à la tomate, piment, huile et autres.  D’où  cette appellation.

50 ans de mariage sans infidélité, qu’est-ce qui a motivé votre choix pépé?

Je suis un homme d’une très grande rigueur, un dictateur. Je me dois donc d’être exemplaire. Aussi, au départ, je n’avais pas de goût débordant pour la sexualité. J’ai eu à travailler à Cotonou 2. Il y avait de belles filles mais, je leur disais que j’ai ma femme. Moins de goût donc envers le sexe féminin. Un foyer qui veut exister pendant longtemps doit être beaucoup sage. Aussi, dans un foyer, chacun à ses défauts. Se regarder, ce n’est pas regarder les défauts de l’autre mais regarder dans le même sens. C’est là, la longévité d’un foyer. Au départ, les enfants avaient voulu s’ingérer dans nos affaires. J’ai dit aux enfants halte ! Nous sommes amis avant votre naissance.

Une chose est d’être infidèle, une autre est d’être polygame. Dans l’un ou l’autre des cas, vous ne vous retrouvez pas !

Ce qui m’a motivé, c’est ce que mon papa m’avait dit. Silence !!! Mon papa avait cinq femmes. Il y a des moments où je regrette d’avoir eu une femme. Il y a des moments où je remercie Dieu pour ce choix. Mais, je ne peux pas imposer ça aux autres (ses enfants Ndlr). Qu’ils fassent une comparaison pour voir ce qui est plus rentable. Après tout, rien n’est facile. Il n’y a pas de meilleure femme. Il va falloir que les femmes  sachent également qu’il n’y a pas mieux ailleurs.

50 ans de vie ensemble. Comment gérez-vous la monotonie. Pour d’aucuns, n’être qu’avec une seule femme ennui !

Ah ! Ma femme et moi, on se cogne (se disputer Ndlr). Tous les trois mois, on se cogne. Un couple où l’homme et la femme ne se cognent pas, le jour où ils vont le faire, c’est un éclatement, un divorce. Parce qu’ils auraient chacun de son côté, emmagasiné beaucoup de frustrations. Il y arrive qu’on fasse un mois, ma femme et moi, sans se dire bonjour. Mais à l’arrivée, il faut s’écouter. Se pardonner. La jeunesse doit se prendre en charge. Acceptez-vous les uns les autres. Si le mari est remonté, que la femme baisse sa tension. Vice versa. La jeunesse montante est une jeunesse trop ambitieuse. Qu’elle ait en mémoire qu’après tout, c’est la fidélité qui compte.

Comment pépé et mémé célèbrent-ils la Saint Valentin ?

J’ai toujours aimé ma femme et je vais continuer de l’aimer. Donc, pas de protocole. Je l’ai toujours aimée et embrassée. Mais, ce jour, je vais l’embrasser plus fortement qu’avant. Elle sentira que j’ai encore de l’énergie. Rire.

Propos recueillis par Cyrience KOUGNANDE

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