Participation aux élections : Le cri de coeur de l’Opposition

(Elle lance un appel au peuple et à l’armée)

Le dépôt des déclarations de candidatures des partis politiques à la Commission électorale nationale autonome (Cena), dans le cadre des législatives du 28 avril 2019 a pris fin depuis mardi dernier à minuit. Dans ce cadre, la plupart des partis politiques de l’opposition béninoise n’ont pu franchir le portail de l’institution, pour se faire enrôler. Devant militants, caméras et micros, elles ont par la voix de l’honorable Basile Ahossi et ce à travers un point de presse animé hier, mercredi 27 février 2019, au Codiam de Cotonou, levé un coin de voile sur les mobiles réels de leur absence à la Cena pour la circonstance et ne comptent pas en rester là.

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DECLARATION DES FORCES POLITIQUES DE L’OPPOSITION SUR LA SITUATION NATIONALE

 

Béninoises, béninois,

Chers compatriotes,

Depuis avril 2016, notre peuple, le vaillant peuple béninois a amorcé une descente aux enfers.

En effet, en l’espace de moins de trois ans, nous assistons à une déliquescence progressive de tout notre système démocratique, économique et social. Un groupe de députés à la solde du chef de l’Etat ont mis en place un dispositif juridique concocté par le gouvernement et par lequel le pays est mis à genou. Ainsi nombre de nos compatriotes sont soit en prison soit en exil. Les espaces de liberté se réduisent sans cesse. La fonction publique s’est précarisée, l’appareil judiciaire a perdu toute indépendance, Bref, aucun secteur de l’administration publique n’est épargné. Le Chef de l’Etat s’est accaparé de tous les secteurs vitaux de notre économie (Port, aéroport, coton, anacarde, produits pétroliers et bientôt les produits pharmaceutiques). Les marchés de l’Etat sont attribués au gré du Chef de l’Etat et de son bras droit (homme lige) Olivier BOKO. En avril 2017 et octobre 2018, deux tentatives de révision opportuniste de notre constitution ont été bloquées par un groupe de députés patriotes, devenus la bête noire du Chef de l’Etat. Et depuis, la chasse aux sorcières se poursuit. Les élections législatives du 28 avril 2019 offrent une occasion à la dictature pour assener un autre coup à notre système démocratique. Qu’il vous souvienne qu’en avril 2017, le député Dakpè SOSSOU avait révélé le secret auquel devrait conduire la révision de la Constitution, à savoir que Talon s’octroyait, après les cinq ans, un septennat pour son règne.

Mesdames, et messieurs, c’est ce plan qui a révélé que les prochaines présidentielles n’auraient lieu qu’en 2026.

En confectionnant la charte des partis et le Code électoral, le Chef de l’Etat et les siens avaient voulu déjà exclure l’opposition, une opposition qui consciente de son rôle, s’est mise en règle vis-à-vis des nouvelles dispositions. Le complot avait donc échoué. Mais cela ne suffisait pas pour que le Président Talon arrête sa guerre contre l’opposition. La nouvelle trouvaille consiste à exclure l’opposition des compétitions électorales. En effet, pendant que les débiteurs insolvables à la solde de Patrice TALON vis-à-vis du fisc ont été les tout premiers à se voir délivrer le quitus fiscal et que des membres du gouvernement se sont introduits dans le dispositif de la Direction générale des impôts pour faire délivrer le quitus fiscal aux candidats de la mouvance sans se soucier de leur situation fiscale réelle, certains députés de l’opposition, après avoir satisfait à toutes les nombreuses exigences, parfois fantaisistes, sont restés à la Direction générale des impôts du dimanche au petit matin de ce jour sans avoir pu obtenir ledit quitus. Entre temps, le Président de la Cour constitutionnelle, avocat personnel du Chef de l’Etat, fait intrusion dans le code électoral voté et promulgué avec l’onction de la conformité à la Constitution pour introduire un certificat de conformité indispensable à tout parti pour prendre part aux élections. Ainsi, Patrice Talon invente un document qui est délivré aux partis de son camp et de son choix. Le comble est que, ce document est délivré par le ministre de l’intérieur Sacca LAFIA, membre du bureau politique d’un des partis du Chef de l’Etat, en violation de la loi portant Charte des partis. A travers des interprétations erronées, le Chef de l’Etat refuse que le fameux certificat soit délivré aux partis de l’opposition.

Béninoises, béninois, en excluant les partis d’opposition Patrice Talon veut reconduire au Parlement les députés complices de la mort programmée de notre démocratie en leur épargnant une bataille qu’ils ont perdu de vielle date. Ainsi, la Constitution sera révisée et les confidences du député Dakpè SOSSOU se réaliseront sans encombre. Les forces de l’opposition, par la présente, réaffirment leur attachement au processus démocratique en cours dans le pays disent haut et fort qu’ils participeront aux élections législatives du 28 avril 2019, prennent l’opinion publique nationale et internationale à témoin de leur détermination à participer à l’animation de la vie politique nationale. Elles déclarent qu’elles se battront de toutes leur forces afin qu’aucune consultation électorale ne se tienne sans elles. En tout état de cause, les forces de l’opposition lancent un appel vibrant et patriotique à tout notre peuple à se dresser contre l’arbitraire et la dictature conformément aux mots d’ordre qui leurs seront adressés dans les prochaines heures. En ces heures de célébration du 29ième anniversaire de l’historique conférence des forces vives de la nation, nous appelons nos concitoyens en armes, militaires et policiers, à prendre la mesure de la situation afin d’éviter de se lancer dans la répression aveugle et brutale d’un peuple dont ils sont issus et qu’ils ont vocation à protéger. Aux autorités morales (religieux, têtes couronnées) nous demandons d’apporter leur soutien à la nation afin qu’ensemble aux cotés de notre peuple nous sauvions notre démocratie si chèrement acquise.

Cotonou le 27 février 2019

Les forces de l’opposition

Élections législatives 2019NationalPolitique
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