En partance pour Dakar où elle devrait assister aux obsèques de son feu père, Dame Myriam Soglo, l’épouse de l’ancien maire de Cotonou Léhady Soglo a été interpellée hier à l’aéroport d’Orly à Paris. Il lui a été signifié que le Bénin a émis un mandat d’arrêt international contre elle pour « obstruction à une décision de justice et outrage à officier de police ». Même si quelques heures plus tard, elle a été relaxée et pourra prendre dès ce jour son vol en direction de Dakar, ces faits sont symptomatiques des relations difficiles entre le chef de l’Etat et la famille Soglo. Qu’il vous souvienne qu’après ses deux dernières rencontres avec le chef de l’Etat, l’ancien président Nicéphore Soglo a rendu publics deux différents communiqués. Le dernier était très critique, à la mesure du sentiment de malaise que Nicéphore Soglo affirme avoir ressenti quand il s’est rendu compte qu’il s’était engagé dans un dialogue de sourds et que la tâche, manifestement, était au-dessus des forces de Patrice Talon. « Patrice Talon s’est trompé de pays et d’époque », avait déclaré Nicéphore Soglo, constatant avec désolation que le gouvernement s’était engagé à tenir des élections sans les partis de l’opposition. Comment ne pas faire le lien entre cette sortie du président Soglo et les tracasseries policières dont est victime aujourd’hui l’épouse de Léhady Soglo ? Ceci d’autant plus que l’obstruction dont on parle n’existe pas. La première fois que les forces de l’ordre sont venues perquisitionner à Cotonou le domicile de Léhady Soglo, elles n’avaient pas pris la précaution de se faire délivrer par le procureur un mandat de perquisition. C’est à ça que la famille Soglo s’était opposée. Mais les forces de l’ordre sont revenues le lendemain avec un mandat en bonne et due forme. Dès cet instant, elles ont eu accès au domicile qu’elles ont fouillé de fond en comble. Elles ont même saisi des choses qu’elles ont retournées quelques semaines plus tard à dame Myriam Soglo. Comment peut-on alors parler d’obstruction à une décision de justice dans ces conditions ? Les faits d’hier à l’aéroport d’Orly, quelques jours seulement après la déclaration de Soglo, font croire à une réplique du gouvernement de la rupture par rapport aux prises de position de l’ancien chef d’Etat dans la crise préélectorale.
M.M