Depuis la décision controversée de poursuite du processus électoral et l’appel de l’opposition à manifester pacifiquement dans tout le pays pour exiger des élections inclusives, le gouvernement a investi la Police républicaine d’une mission de maintien d’ordre. Des chars ont été déployés à Cotonou et environs pour dissuader les populations qui seraient tentées de répondre au mot d’ordre de l’opposition. Cela a duré quelques jours mais ne voyant naître aucun foyer de tension, les chars ont fait un repli tactique. La Police républicaine a alors fait recours à son réseau de renseignements et agit désormais en fonction des informations qui lui parviennent. C’est ainsi qu’étant informée de probables manifestations qui seraient en préparation dans le Septentrion, on a assisté il y a quelques jours à un convoi de chars en partance vers le Nord. Lundi dernier, les informations ont fait état d’une probable marche qui devrait prendre départ de Vidolé, le siège de la Renaissance du Bénin devenu par la force des choses le siège de la Résistance. Aussi, très tôt le matin, une horde de policiers a investi les lieux, la circulation a été bloquée à ce niveau, les voitures contraintes de prendre la déviation qui passe par la voie pavée d’Agla. Mais à l’arrivée, rien. C’est le calme plat qui s’observe sur le terrain à chaque fois qu’une information de manifestation arrive aux oreilles de la Police. Depuis l’appel de l’Opposition à ce jour aucune manifestation d’envergure n’a été observée à part quelques cas isolés comme N’Dali. L’Opposition, voyant le défilé des blindés, a-t-elle renoncé à son mot d’ordre ? Ce n’est pas certain. Elle continue de clamer que sans elle, pas d’élections. Mais quand, où et comment compte-t-elle s’y prendre pour se faire entendre? C’est là où la Police se perd en conjectures face au silence des leaders de l’Opposition. Elle ne sait pas laquelle des informations qui lui parviennent est la vraie. Et le fait de ne pas savoir ce que mijotent les forces de l’opposition met la Police et donc le régime de la Rupture dans un état de fébrilité, de panique. De sorte, qu’au moindre soupçon, elle déploie des gros moyens pour ensuite se rendre à l’évidence que ce n’était qu’un pétard mouillé.
Cette attitude dessert le pouvoir à deux niveaux. D’abord la Communauté internationale constate que des chars sont déployés alors que manifestement, il n’y a aucun trouble à l’ordre public. Alors que la population vaque à ses occupations comme si de rien n’était, des chars circulent de jour comme de nuit. Ce faisant, la Police donne ainsi foi aux dénonciations d’atteinte aux droits de l’homme. D’un autre côté, l’Opposition peut aussi être dans la stratégie de faire de fausses annonces de marche rien que pour observer l’attitude de la Police afin de savoir quoi faire pour la prendre au dépourvu au moment opportun. Entre le gouvernement qui a avec lui la force publique et qui, de ce fait, veut tenir coûte que coûte les élections non inclusives et l’opposition qui conteste, on assiste pour l’heure à une guerre de stratégies. Seulement, pour le moment c’est le pouvoir qui se laisse découvrir.
M.M