Echangeur de Godomey : Entre braderie et dépotoir d’ordures, ça s’anime bien

L’échangeur de Godomey dans la commune d’Abomey-Calavi enregistre de nouveaux usagers. De l’autoroute à la braderie, dans un décor insalubre, il est, en tout cas, bien animé. Reportage…

La nature a horreur du vide. En attendant qu’une politique ne soit définie pour l’occupation et l’assainissement du long et du dessous de l’échangeur de Godomey, herbes, hommes et eaux de bas-fond se disputent bien l’espace. 06h 30mn! Et déjà, des individus, sacs aux épaules, pantalons sur les têtes, ceintures, bracelets, chaussures, parfois même, des casques de moto accrochés aux mains, prennent d’assaut les lieux. D’autres, assis derrière leur table laissent voir de différents articles tels, des portables, brûleurs de bouteille de gaz, des accessoires électroménagers, des produits alimentaires, etc. difficile de cueillir de leur bouche, la moindre information. Il aura fallu se muer en un acheteur bon teint pour voir s’échapper des mots.  D’entrée, le choix du lieu n’est pas anodin. Pour certains, en effet, ce lieu est considéré comme le point de mire des conducteurs et passagers. Il est une chance pour ces vendeurs de vite se débarrasser de leurs articles. C’est du moins, ce que confie Donatien, un vendeur d’appareils électroménagers. «Je préfère vendre ici, parce que les conducteurs s’arrêtent pour acheter mes produits. De plus, nous sommes au bord de la route  et ils nous voient vite. Ce qui n’est pas le cas dans les boutiques», fait-il savoir. Des boutiques qui, à l’entendre, coûtent chères compte tenu du prix de revient des articles. «J’ai décidé de vendre ici, parce que les boutiques sont chères. Car, j’étais dans une boutique, mais la cherté de celle-ci m’a amené à quitter», ajoute-il. Au niveau donc de l’échangeur de Godomey, ces vendeurs sont à l’abri des taxes et impôts. «Les vendeurs qui n’ont pas assez d’argent ne peuvent pas louer de boutique. Soit, ils se promènent ou ils décident de trouver un endroit comme celui-ci pour vendre leurs articles. Donc, la boutique n’est pas bonne pour moi», soutient de son côté, Affeez, un vendeur de lacoste et de pantalons.

 

Rien ne les arrête…

S’il y a un rappel à faire, c’est de préciser que l’échangeur de Godomey n’est pas le premier lieu où ces vendeurs siègent. Bien avant, ils étaient à Vêdoko d’où ils ont été expulsés pour se retrouver au stade de l’Amitié. Là aussi, ils seront indésirables aux yeux de la police républicaine sur injonction du préfet Modeste Toboula. Sous les coups de lanière, parfois par la saisie de leurs marchandises, ils ne semblent pas pour autant perdre espoir. Rien ne les arrête dans la lutte pour gagner leur pain. «Aujourd’hui, nous sommes sous l’échangeur. Ils peuvent être en train de nous renvoyer jusqu’à nous allons nous retrouver à Pahou. Nous, nous sommes prêts», signifie un autre vendeur. La détermination est donc de mise. «Je vendais à Vêdoko, mais les forces de l’ordre m’ont renvoyé de là. Voilà! De vêdoko à la pharmacie de l’Amitié en passant par le stade de l’amitié, je me retrouve finalement sous l’échangeur de Godomey. Mais, je ne compte pas m’arrêter. Si les policiers surgissent encore, je m’aventurai jusqu’à Pahou si possible», martèle le vendeur Affeez.

Un décor insalubre

 

S’il faut reconnaître et saluer le mérite de l’ex Président de la République du Bénin, Yayi Boni, sous qui l’échangeur de Godomey a été une effectivité, il faut aussi accuser aujourd’hui, le manque d’entretien dont souffre l’infrastructure. Des herbes y croissent allègrement. L’eau du bas-fond stagnée avec au-dessus des herbes sert à la buanderie. Et ce n’est pas non plus exagéré de le désigner comme un dépotoir d’ordures. Dans cette mauvaise condition environnante, père, mère et enfants trouvent leur loge pendant plusieurs heures et s’y nourrissent. Les conséquences sur la santé ne sont pourtant pas négligeables. Le carrefour de Godomey jadis, était reconnu  pour son importante circulation. Dense aussi la congestion qui y était constamment et rendait la circulation très difficile. Aujourd’hui, la solution est là mais orpheline de tout entretien.

 

 

Cyrience KOUGNANDE ; Kamilou AMIDOU (Stag)

EnvironnementNationalSocitété
Comments (0)
Add Comment