« N’abandonnez pas le Bénin (…) », avait écrit, de sa résidence sous haute surveillance policière depuis bientôt deux semaines, Boni Yayi aux chefs d’Etat de la sous-région. Des universitaires ont saisi au bon cet appel de l’ancien chef d’Etat. Ainsi, à la suite des nombreuses propositions de personnalités (Reckya, Aïvo, Topanou, Penoukoun, Tomety, Akindes, Aguenounon…), de la Conférence épiscopale, Célestine Zanou et de l’opposition au chef de l’État pour une sortie de la crise des législatives non inclusives, ce sont d’éminences grises du monde universitaire du Bénin, d’Afrique et du monde qui s’adressent à nouveau à Patrice Talon. Ces scientifiques du monde entier ont senti le devoir de venir au secours d’un pays qui, depuis 30 ans, fait la fierté de l’Afrique par son modèle démocratique. La lettre de ces universitaires à l’instar de Wole Soyinka, Paulin Hountondji, Maurice Ahanhanzo Glele, Vicentia Boco, Souleyman Bachir Diagne… intervient dans un contexte où le président de la République du Bénin, lui-même, a dépêché des émissaires auprès de ses pairs d’Afrique pour recueillir d’eux des conseils. Ces enseignants de la communauté scientifique, après avoir retracé un pan de l’histoire du Bénin connu pour sa démocratie légendaire, demandent l’annulation et la reprise du scrutin pour qu’il soit le plus inclusif comme par le passé. Quand on sait que depuis le début du processus électoral jusqu’à l’organisation le 28 avril dernier, de l’élection, Patrice Talon n’a suivi aucune de la pléthore de propositions à lui faites par diverses composantes de la Société, on peut s’interroger sur la suite à donner à cette énième action qui porte la signature de plus de 40 professeurs réputés. La réputation de ces universitaires de diverses nationalités va-t-il peser dans le subconscient du président Talon pour qu’il fasse enfin machine arrière ? Autrement dit, Au regard des nombreux morts, des dégâts matériels enregistrés déjà, et face au désaveu du peuple au régime de la Rupture avec un taux de participation de moins de 30% selon la Cour constitutionnelle, Patrice Talon va-t-il surprendre enfin agréablement le monde entier à quelques jour de l’installation de cette 8ème législature ?
Si la logique du chef de l’Etat, en envoyant ses émissaires chez ses pairs de la sous-région, est d’écouter et de mettre en pratique les conseils de ceux-ci, pourquoi ne pas commencer par écouter le cri de cœur des ‘‘Amis du Bénin’’ ? Car, dans le rang des chefs d’Etat visités, il en aura au moins un qui conseillera des élections inclusives pour une paix durable. Mais si la logique est tout autre, comme par exemple exposer à ses pairs sa vision qui consiste rejeter tout le tort sur l’Opposition, l’appel des scientifiques et intellectuels du monde entier tombera dans des oreilles de sourd. Comme cela a d’ailleurs été le cas de toutes les démarches entreprises jusqu’ici.
M.M