Climat post législatives : Les signes d’une main tendue déguisée

Le Chef de l’Etat a lancé un appel au dialogue politique alors que des actes d’intimidation se multiplient contre l’opposition sur le terrain. Patrice Talon aura visiblement beaucoup de mal à démontrer la sincérité de la main tendue.

 

Après les législatives non inclusives qui ont donné lieu à des actes de violence jamais vécus au Bénin avec à la clé un Parlement monocolore manu militari installé, le président Patrice Talon a au cours d’une déclaration invité l’opposition à la table du dialogue. Il veut d’un large dialogue. Mais l’opposition exclue des dernières élections ne croit pas à l’appel lancé par le Chef de l’Etat. Elle le rejette parce qu’estimant que cette main tendue n’est pas sincère. Au regard de certains faits aujourd’hui, l’opposition n’a-t-elle pas raison ?

Il faut noter qu’au nombre des actes dénoncés ou mis en exergue pour douter du sérieux de l’appel au dialogue, il y a la mise en résidence surveillée de Yayi Boni depuis plus de 30 jours. Et pour confirmer les soupçons de l’opposition, la police républicaine, déférant certainement aux ordres du gouvernement, a déposé il y a quelques jours un container dans la rue de l’ancien président. Un container pour servir d’abri aux forces de l’ordre qui « surveillent » le domicile de l’homme le plus craint actuellement par le gouvernement. Comme si cela ne suffisait pas, Yayi Boni a reçu un document signé d’un Juge d’instruction l’informant qu’il sera entendu ce jour vendredi 07 juin 2019 dans le dossier des violentes manifestations des 1er et 2 mai 2019 ayant occasionné des morts et des arrestations à Cotonou. Le domicile du prédécesseur de Patrice Talon continue d’être gardé par des policiers. Il reste « coincé » entre les quatre murs. C’est dire que Yayi Boni continue d’être torturé moralement. Mais dans le même temps, Patrice Talon était chez le clergé, sans doute dans l’objectif de rechercher une issue à la crise post-électorale. Ceci, après bien sûr l’envoi de ses émissaires dans certains pays africains et auprès de dirigeants comme Sassou N’guesso, Alassane Ouattara, Theodoro N’guema Obiang ou encore M. Buhari. Que veut réellement Patrice Talon? Veut-il d’un dialogue politique sincère pour sauver la démocratie béninoise ? Les partis exclus des dernières élections peuvent-ils  accepter d’aller au dialogue pendant que les droits élémentaires de Yayi Boni, considéré comme la personnalité la plus importante de l’opposition, sont bafoués? La main tendue de Patrice Talon  n’est-elle pas déguisée?  Ce sont des questionnements légitimes auxquels il faudra nécessairement trouver des solutions. Car beaucoup continuent de s’interroger par rapport au discours et aux actes du Chef de l’Etat et de ses affidés. Pour eux, il n’y a pas encore de signes qui prouvent la bonne foi du gouvernement. Le régime de la Rupture doit pouvoir faire des gestes d’apaisement afin de convaincre. Et l’un de ces grands gestes est peut-être  » la libération » de Yayi Boni.

 

Mike MAHOUNA

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