Depuis le mardi 30 juillet dernier, le gouvernement de la Rupture, à travers un arrêté interministériel, interdit à certains citoyens béninois, le droit à l’établissement de plusieurs actes dites d’autorité. Mais au-delà de la cacophonie que crée la prise d’un tel arrêté au plan juridique voire constitutionnel, il révèle qu’il y a des gens qui, bien que recherchés par la justice pour des infractions économiques pour la plupart, continuent depuis 2018 de circuler librement sur le territoire national et même de se rendre à leur lieu de service, dans le cadre de leur fonction parfois très proches de ministres de la République.
Elles sont plus d’une centaine dans le lot. Ce sont des personnes bien connues et recherchées par des juridictions béninoises, pour différentes infractions qu’ils auraient commises. En dehors des voleurs de cabris, l’actualisation de la liste de ces incriminés, révèle qu’ils sont nombreux, considérés comme fugitifs par l’arrêté interministériel mais qui curieusement, circulent librement au pays et sont visiblement loin d’être ébranlés. Ils ne se cachent d’ailleurs pas pour prendre des nouvelles de leurs co-recherchés n’ayant pas le même privilège et la même protection qu’eux. De l’ancien Directeur général de l’Ons, Adrien Cossi Delidji poursuivi par le mandat d’arrêt numéro Cab7/2018/0009 du 12 juin 2018 dans l’affaire Sonapra, au cas de l’ancienne Agent comptable du Fonds national de la microfinance (Fnm), Taibath Chabi Hounton, appelée à comparaître devant une Commission d’instruction depuis février 2018 et qui, selon certaines sources, n’y a jamais déféré à ce jour, et qui, d’ailleurs, est en poste au ministère de l’Économie et des finances, il existe bien d’autres cas vérifiables. Pour la pupart, ils sont confondus à ces personnes supposées en cavale. Par exemple, le cas des anciens députés Garba Yaya et Idrissou Bako prouve que cette liste concoctée est très anecdotique. En effet, même si ces deux derniers sont devenus aujourd’hui de simples citoyens n’ayant pas de responsabilités politiques électives, il convient de préciser tout de même qu’ils ne se sont pas soustraits à une quelconque convocation ou interpellation. Ils demeurent présents sur le territoire national, et circulent librement. Si ces cas, que nul ne saurait encore expliquer, ajoutés au débat juridique de non-respect de la Constitution et du Code pénal au Bénin, sont de plus en plus visibles à travers cette liste de personnes recherchées, il n’est pas maladroit de penser que cet arrêté présente tous les gènes d’une décision mal ficelée. Car, on ne saurait considérer des personnes en poste et qui circulent librement et allègrement au vu et au su de la justice, comme des fugitifs recherchés par cette même justice. À moins que ceux qui ont établi ladite liste, aient un autre objectif, au-delà de celui qu’ils miroitent au peuple.
J.G