Valorisation de la terre au Bénin : La ferme Africa Agritech, une merveille agricole

A Savè dans le département des Collines, précisément dans le village Ouoghi, arrondissement de Sakin, se dresse à perte de vue, au bord de l’asphalte de la route inter-Etats, la ferme Africa Agritech Limited (Saave farms). La caractéristique de cette merveille agricole où riment  techniques agronomiques modernes et technologie impressionnantes, ce sont les fruits, légumes et bien d’autres cultures. A la découverte de Saave farms de la société Africa Agritech, d’un groupe indien, qui s’appuie fortement sur la main-d’œuvre locale.

 

Au commencement, entre 2015 et 2016, avec une superficie de 7 ha, le rêve était de réaliser le potentiel d’agriculture commerciale en Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui, avec un domaine emblavé de 265 hectares, Africa Agritech, Saave farms reste l’une des plus grandes fermes de la région. A la journée porte ouverte organisée vendredi 16 août 2019 par les responsables de la ferme, élus locaux, chefs traditionnels, cadres du ministère de l’Agriculture et des structures déconcentrées, chercheurs et professionnels des médias ont pu constater de visu tout le travail qui s’y fait. « On y cultive la tomate, le piment, la pastèque, le chou », renseigne le promoteur, Gaurav Suri. Sur le processus allant de la culture à la récolte, le Technicien de la pépinière, Anicet D. Gbogbo, explique : « Notre pépinière, nous la faisons dans des alvéoles sous forme de petits plateaux, qui ont des trous que nous remplissons avec des fibres ou poudre de coco mélangée à l’eau. On sème une graine dans chaque trou et on attend 3 jours pour la germination. On les déplace ensuite dans les poly house sous forme de hangar couvert de natte ou de toile cirée. Après 21 jours sous ces poly house, la pépinière est transplantée au niveau des champs. Après trois mois, nous avons des tomates qui commencent à murir et nous récoltons ». Mais avant cette transplantation, durant les trois semaines, la pépinière est arrosée par un dispositif technologique approprié, installé. « Arrivé au champ, nous utilisons des tuyaux goutte à goutte. Ainsi, à chaque pied de plant, il y a de tuyau avec de petits trous par lesquels on arrive à donner l’eau et l’engrais à ces plants. Ici, nous ne donnons pas l’engrais manuellement. Et, contre les ravageurs, les insectes, les petites souris, nous utilisons des méthodes pour pallier cela », détaille le Techncien. « Nous utilisons le système goutte à goutte qui est une technologie qui nous aide à économiser l’eau en augmentant le rendement », renchérit le promoteur. Parlant d’eau, il faut souligner que sa disponibilité n’est pas en permanence dans les Collines, notamment à Savè. Cependant, Africa Agritech a déployé de gros moyens dans la ferme pour en pomper et en stocker. « Nous avons des forages que nous avons réalisés nous-mêmes. Nous en avons 30, en plus 6 réservoirs dans lesquels nous stockons l’eau des forages. Et par le système goutte à goutte, nous alimentons les champs », fait remarquer Gaurav Suri. Il va plus loin en dévoilant les perspectives pour solutionner durablement le problème de l’eau : « Nous avons fait appel à une équipe d’ingénieurs à Parakou, d’hydrogéologues de l’Université d’Abomey-Calavi et deux experts d’une société indienne qui vont étudier la région pour nous aider à faire un barrage pour conserver l’eau et augmenter la superficie ». Ce projet tient à cœur au promoteur indien tant les produits de la ferme sont très demandées, au-delà même des frontières. « Des clients viennent de la sous-région pour acheter de la tomate. C’est le premier champ de la sous-région si vous allez citer les pays comme le Ghana, le Togo, peut-être le Nigeria aussi. Comme on fait la récolte contre-saison, quand il y a pénurie de tomate, notre tomate est sur le marché. En tout cas, ça sort chaque mois », déclare M. Gaurav.

Africa Agritech en termes d’impacts sur la communauté

 

Selon les saisons, entre 50 et 150 fils et filles de la commune travaillent dans la ferme. Yaï Chabi Pierre, secrétaire du cadre de concertation entre les collectivités et la société Africa Agritech, a été on ne peut plus précis : « Sur l’assistance communautaire et la société, je crois que ça va bon train, tout le monde est satisfait de l’installation de la société à Ouoghi puisque, en matière d’emploi, nous avons assez de nos frères qui travaillent ici et qui sont déclarés, le processus est en cours… Aussi, nous avons des occasionnels qui viennent travailler. Je crois que les revenus issus de ces travaux arrivent au moins à soutenir le foyer de chaque ménage, et ça règle un tant soit peu le problème de chômage dans notre localité. C’est très important. La seconde chose, l’implantation de cette société rehausse l’image du village. Mieux, les installations et équipements qu’il y a dedans participent d’un développement local. Je remercie les responsables de la société pour ces efforts. La troisième chose, entre la société Agritech et les producteurs du village, on a pu négocier et avoir un appui en tracteurs de cette société qui, aujourd’hui, permet à un certain nombre de paysans, environ 70 pour la phase d’essai, de labourer à crédit pour la filière Soja. J’ai été désigné coordonnateur de ce projet qu’on est en train de gérer. On a souhaité que chaque producteur puisse avoir 2 ha pour l’expérience. Donc, ils vont labourer à crédit, mais en retour la société va racheter le produit issu du champ pour qu’à l’achat on retire le coût du labour, 25000 FCfa par hectare ». C’est un partenariat gagnant-gagnant, s’est réjoui, à son tour, le promoteur qui a ensuite fait savoir qu’en dehors de la main d’œuvre locale, il y a un consultant indien et le chef de champs, un Sud-africain et Expert en irrigation qui y travaillent. Dans sa collaboration avec les universités d’Abomey-Calavi et de Parakou, la ferme reçoit aussi des étudiants en fin de formation qui y préparent leurs mémoires. « (…) mais nous voudrions prier le ministère de l’Agriculture de mettre à notre disposition des experts qui peuvent visiter les champs et avec lesquels on peut échanger des points de vue », a confié M. Gaurav en guise de doléance.

Bref aperçu sur les autres compartiments de la ferme

 

Outre la partie champ, Africa Agritech, Saave farms dispose d’un bloc administratif, d’une zone résidentielle avec des dortoirs pour superviseurs et employés, une infirmerie pour la prise en charge des premiers soins chez les employés (hommes et femmes) ainsi que leur progéniture ; un parking pour garer les équipements dont des tracteurs, un bulldozer et autres outils de travail, des groupes électrogènes à diesel pour assurer une fourniture adéquate en électricité de relai, un transformateur 100 Kva pour l’électricité de la ferme et un magasin de 1000 mètres carrés pour le stockage des produits de la récolte avec un système efficace pour les inventaires. Une merveille qui mérite accompagnement, tout simplement !

Les mots de Bonaventure Kouakanou, Directeur de cabinet du ministre en charge de l’Agriculture, au terme de la visite de terrain :

« (…) c’est une expérience dont nous voulons profiter aussi pour instaurer un système de transfert de technologie, de savoir-faire, d’abord pour les producteurs qui sont dans la localité de Ouoghi, Savè et environs, mais aussi pour la région Collines. Vous savez, il y a ici beaucoup de problèmes d’eau, donc la production maraîchère n’est pas une activité très courante. Mais ils sont venus montrer qu’il est possible de faire la culture maraîchère ici à Savè et gagner de l’argent. Nous sommes venus voir comment tout cela s’installe, les progrès technologiques et techniques qu’il y a, les partenariats tissés autour de cela et voir quelles autres relations, le ministère et ses services déconcentrés peuvent tisser avec le Groupe Africa Agritech. (…). Pour ce qui est de l’appui en expertise locale demandé par le promoteur, le ministère le fera à travers un certain nombre de structures. Déjà nous avons l’Institut national de recherche agronomique qui a un programme maraichage. Nous travaillons aussi avec l’Université, et ils ont commencé eux-aussi. Je crois qu’ils ont pris le bon chemin parce qu’à l’université d’Abomey-Calavi, il y a des Experts en culture maraichère qui peuvent venir de temps en temps, collaborer avec eux, voir les problèmes qui se posent et les solutions que eux ils ont déjà expérimentées à leur niveau. (…) Ça permet d’anticiper sur des problèmes agronomiques, phytosanitaires et sur des problèmes de fertilisation… »

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