Evaluation diagnostique des enseignants : La Cgtb dans un jeu flou, le Front appelle au boycott !

(Les enseignants du supérieur en soutien contre l’évaluation diagnostique)

A quelques jours seulement de  la date retenue pour l’évaluation diagnostique des enseignants, ces derniers restent plus que jamais mobilisés pour un boycott général malgré les assurances données par le gouvernement au cours de sa tournée de sensibilisation. Si le Front des syndicats de l’éducation nationale se range du côté de sa base, ses syndiqués, la Confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb) s’illustre bien dans une position quasiment inattendue voire incompréhensible. Par contre, les enseignants du supérieur apportent leur soutien aux reversés pour un boycott de l’évaluation tandis que le Prof Tomèty Narcisse appelle au limogeage des ministres de l’éducation…

 

A quoi joue la Confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb) ? C’est la question qu’il importe de se poser au regard des derniers agissements des responsables syndicaux et organisations syndicales affiliées à cette centrale syndicale. En effet, pendant que les syndicats des enseignants à la base se mobilisent pour faire échec à la décision du gouvernement de les soumettre à une évaluation diagnostique, le secrétaire à la formation professionnelle de la Cgtb, Euloge Semassa Lezinmè désapprouve la position des enseignants. Invité sur la télévision Canal3 dans l’émission “Le Grand format“, le responsable syndical semble menaçant à l’endroit des syndiqués. Pour lui, les enseignants risquent gros en optant pour le boycott et pourraient se voir débarquer de la fonction publique. Selon ce dernier, il n’y a pas de raison pour que les enseignants ne participent pas à cette évaluation. Et au terme d’une assemblée générale ce lundi, 19 août 2019, la Fesynsen/Cgtb a appelé les enseignants à prendre part à l’évaluation diagnostique. Face au fait, il convient de se demander, pour qui roule la Cgtb ? Pour le gouvernement ou pour ses syndiqués ? De toute façon, la position de la Cgtb reste encore stupéfiante. Mais les enseignants reversés peuvent compter sur le soutien de l’Intersyndicale des enseignants des universités nationales du Bénin. Dans une déclaration rendue publique, les enseignants du supérieur appellent au boycott tout en dénonçant  une destruction de l’édifice de l’école béninoise. Pour l’Intersyndicale, l’évaluation n’a d’autre but que de réduire le nombre d’enseignants en dépit du manque criard observé dans les écoles. Les enseignants du supérieur s’opposent « à la mort programmée de l’école » puis encouragent les enseignants du primaire et du secondaire à poursuivre la lutte pour la préservation des acquis. « Tout porte à croire que le Bénin de 2019 est sous un nouveau Programme d’ajustement structurel (PAS) qui ne dit pas son nom, avec à la clé, la destruction de milliers d’emplois alors que paradoxalement, les besoins en personnels enseignants dans les trois ordres d’enseignement sont très élevés », lit-on également dans la déclaration…

 

Le Front appelle à la suspension du processus…

 

Pour le Front des syndicats de l’éducation nationale, l’idéal serait de suspendre le processus conduisant à l’évaluation diagnostique des enseignants. « Le Front fustige la stigmatisation des enseignants ACE reversés 2008 et invite le chef de l’Etat à suspendre le processus de l’évaluation du 24 août 2019, aux fins d’éviter à notre pays, une situation insurrectionnelle aux conséquences graves et imprévisibles », lit-on dans la déclaration du Front.  Selon le Front, les résultats de l’audit du reversement continuent d’être entourés d’un secret de couvent, alors qu’il est dit publiquement que cette opération révèle de nombreux faux diplômés et d’Ace irrégulièrement reversés. Le Front note aussi que les objectifs et les finalités de l’évaluation projetée ne sont pas clairement définis. « Les contradictions contenues dans les différents comptes rendus d’audiences et de réunions tenues dans ce cadre puis les imprécisions constatées dans le communiqué radiodiffusé conjointement signé par le Ministre des enseignements maternel et primaire et le Ministre de l’enseignement secondaire et de la formation technique et professionnelle en sont illustratives », ont indiqué les enseignants réunis au sein du Front. Ainsi, les conditions ne sont pas réunies pour une évaluation diagnostique des enseignants, selon le Front.

 

Un appel au limogeage des ministres de l’éducation…

 

«Nous demandons au Président Talon d’éjecter de son gouvernement les trois ministres en charge de l’éducation. Vous avez atteint vos limites en matière de conduite du changement institutionnel et social. Nous voulons d’autres ministres. Nous mettons sérieusement en doute vos expertises en matière de réformes du système éducatif », martèle le Prof Narcisse Tomety dans une publication sur les réseaux sociaux. Se justifiant, il déplore une démarche d’amateurisme en estimant que “le concept évaluation diagnostique est un concept inconnu en ingénierie institutionnelle et le mode opératoire qui l’incarne dans le secteur de l’éducation relève d’une démarche amateuriste de réforme publique“.  Pour lui, l’option du gouvernement révèle que tout le système d’inspection,  de suivi évaluation et de renforcement des capacités des enseignants est défaillant et met en cause la compétence des ministres en charge de l’éducation. L’homme pense même qu’il s’agit d’une réforme de règlement de compte et que le peuple est lassé des réformes sans dialogue et autocratique.

 

Aziz BADAROU

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