Suspension du programme anglophone dans les Epes : Ce que le Bénin perd économiquement

 Le Bénin a fait l’option de suspendre le programme anglophone dans les Etablissements privés d’enseignement supérieur (Epes). Au-delà du départ massif des étudiants nigérians, des universités du Bénin vers celles du Togo voisin, les conséquences économiques d’une décision émanant des hautes autorités… 

 

Entre opérations bancaires, fréquentation des hôtels, location des chambres à Cotonou et périphéries, achats de denrées alimentaires dans les marchés et super marchés du Bénin, contribution quantitative au budget des universités privées béninoises par la scolarité que paient ces étudiants ressortissants du Nigeria, l’économie béninoise prend un coup. Cela pourrait paraître banal pour certains, mais, à vrai dire, la ruée de ces étudiants vers les universités du Togo est une énorme perte pour les activités commerciales au Bénin. Cette situation créée volontairement, au nom de réformes dans l’enseignement supérieur, vient en rajouter aux souffrances de nombreuses familles béninoises qui souffrent déjà le martyre du fait de la fermeture par le Nigeria, et ce depuis quelques jours, des frontières terrestres avec le Bénin. En effet, avec la suspension de l’exportation illégale de carburant, de l’importation de véhicules d’occasion, mais aussi de l’importation de riz par le Géant de l’Est du Bénin, beaucoup de commerçants béninois sont en difficulté. Il en est de même avec le départ en vagues des étudiants nigérians du Bénin vers d’autres destinations. Tout cela vient freiner l’activité économique et des projets d’activités économiques chez bon nombre d’acteurs. Les conséquences néfastes d’une telle décision ne devraient-elles pas amener les autorités du ministère de l’enseignement supérieur à échanger au plus vite avec les acteurs du programme anglophone dans les Epes pour ensemble définir ce qui arrangerait les deux parties ?

Une suspension en violation des textes ?

 

Depuis que cette option de suspendre le programme anglophone dans les Epes a été faite, la question de la légalité de la mesure taraude les esprits. En la matière, la loi n° 2003-17 du 11 novembre 2003 portant orientation de l’Education nationale en République du Bénin rectifiée par la loi n°2005-33 du 06 octobre 2005 stipule en son Article 7 que « l’enseignement est dispensé principalement en français, en anglais et en langues nationales. ». La question trouve davantage son sens quand on sait que la suspension du programme dans les Epes n’est pas la panacée pour réformer le secteur. Mieux l’article premier de l’arrêté n°161/Mers/Sgm/Drfm/Dges/Depes du 1er février 2016, portant mesures d’accompagnement de la filière anglophone trace le cadre réglementaire de l’exécution du programme anglophone dans les Epes. Cet arrêté ne prévoit nullement une telle suspension unilatérale du programme. L’idéal ne serait-il pas que les autorités en charge du ministère de l’enseignement supérieur fassent respecter l’arrêté pour contrer les écarts normatifs et déontologiques des acteurs du secteur ? Il semble bien que la mise en œuvre du programme anglophone dans les Epes n’est pas l’apanage du Bénin. Même des pays comme la France, reconnaissent l’importance d’un tel programme.

 

W.B

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