Réformes structurelles du secteur Eau et Assainissement : Les recommandations du Canea au gouvernement

Le Cadre de concertation des acteurs non étatiques du secteur Eau et assainissement (Canea) a rendue publique une déclaration importante à l’issue de sa session ordinaire tenue en septembre dernier. Plusieurs recommandations sont formulées dans cette déclaration à l’endroit du gouvernement qui a engagé des réformes dans le secteur Eau et Assainissement. Lisez plutôt.

 

DECLARATION DU CADRE DE CONCERTATION DES ACTEURS NON ETATIQUES DE L’EAU ET DE L’ASSAINISSEMENT (CANEA) A L’OCCASION DE SA SESSION SUR LES DEFIS DES REFORMES DU SECTEUR EAU ET ASSAINISSEMENT 2019

 

Nous, membres des Organisations de la Société Civile réunis au sein du Cadre de Concertation des Acteurs Non Etatiques de l’Eau et de l’Assainissement (CANEA) en sa première session de 2019 des 18 et 19 septembre 2019 placée sous le thème « Le CANEA face aux réformes structurelles du secteur eau et assainissement au Bénin » ;

•           Considérant l’adoption le 25 septembre 2015, par les Nations Unies d’un programme mondial audacieux pour éradiquer la pauvreté d’ici à 2030 avec 17 Objectifs de développement durable (ODD) conçus pour renforcer les acquis des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) ;

•           Considérant la Déclaration de Ngor sur l’hygiène et l’assainissement  adoptée le 27 mai 2015 lors de la 4ème Conférence régionale sur l’assainissement en Afrique (AfricaSan4) pour atteindre l’accès universel à l’assainissement et à l’hygiène et mettre fin à la défécation à l’air libre d’ici à 2030 ;

•           Considérant que l’Assemblée Générale des Nations Unies a reconnu le 28 juillet 2010 que l’accès à l’eau potable et à l’assainissement est  un droit de l’homme (64/292) et que le Conseil des droits fondamentaux a réaffirmé cette décision et a expliqué que les droits à l’eau et à l’assainissement dérivaient du droit à un niveau de vie convenable et étaient indispensables à la réalisation des autres droits de l’homme ;

•           Considérant que le président Patrice Talon s’est engagé à réaliser l’accès universel à l’eau potable aux populations du Bénin à l’horizon 2021 à travers les projets 43 et 44 du Programme d’Actions du Gouvernement (PAG 2016-2021);

•           Considérant la mise en œuvre de plusieurs réformes sectorielles pour concrétiser cet engagement avec la création d’une Agence Nationale d’Approvisionnement en Eau Potable en Milieu Rural (ANAEP-MR)  par décret N°2017-039 du 25 janvier 2017 mise sous la tutelle de la Présidence d’une part, et la scission de la SONEB en deux entités distinctes : une société du patrimoine et une société de distribution d’autre part ;

1.         nous réjouissons de l’engagement du Chef de l’Etat de réaliser l’accès universel à l’eau d’ici 2021 ;

2.         félicitons le Chef de l’Etat et son Gouvernement pour les réformes courageuses et les efforts de mobilisation de ressources en vue de réaliser cette noble ambition;

3.         attirons l’attention du Gouvernement sur le fait que l’atteinte de l’ODD 6 ne se mesure pas seulement par rapport à la disponibilité des équipements et de la ressource mais aussi et surtout par leur accessibilité sans discrimination et leur utilisation dans des conditions humaines acceptables ;

4.         attirons l’attention du Gouvernement sur l’impérieuse nécessité de partager les informations relatives aux processus de mise en œuvre des réformes sectorielles conformément aux dispositions de la loi 2015-07 portant Code de l’information en République du Bénin et à l’article 9 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples consacrant le droit du public à l’information ;

5.         attirons l’attention du Gouvernement sur l’importance et la nécessité de mettre en place tous les organes prévus par le cadre institutionnel de la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) pour la gouvernance des ressources en eau ;

6.         regrettons que le sous-secteur de l’hygiène et de l’assainissement de base ne bénéficie pas du même intérêt que l’accès à l’eau potable, et que le cadre organique actuel de ce sous-secteur ne soit pas en adéquation avec les orientations stratégiques sectorielles définies dans la Politique Nationale d’Hygiène et d’Assainissement (PNHA) et les engagements dans la Déclaration de Ngor endossés par le Gouvernement ;

Recommandons que :

1-  les Organisations de la Société Civile sectorielle soient reconnues et intégrées dans tous les schémas institutionnels et organisationnels relatifs à la conception des réformes, projets et programmes du secteur de l’eau et de l’assainissement

2-la société civile soit impliquée à toutes les étapes de la mise en œuvre des réformes entreprises dans le secteur conformément aux engagements internationaux recommandant la prise en compte des préoccupations de la société civile ;

3- la tarification de l’eau au terme des réformes en cours prenne en compte les personnes pauvres, défavorisées et vulnérables en milieu urbain et péri-urbain et que les communautés des zones rurales ne paient pas plus cher l’eau que celles des zones urbaines;

4- des mesures garantissant l’intégrité et la transparence dans la gestion des ressources financières soient prises pour éviter des suspicions et garantir la bonne gestion des ressources mobilisées au profit du secteur ;

5- le profil institutionnel du sous-secteur Hygiène et Assainissement de Base (HAB) soit relevé tout au moins au rang de Direction Générale et que le leadership du Ministère de la Santé soit renforcé dans le secteur;

6-l’ensemble des organes prévus dans le cadre institutionnel GIRE soient mis en place et rendus fonctionnels pour assurer une gestion durable des ressources en eau.

CANEAEauSociété
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