Bénin/Adoption d’un carnet de soins unique dans les formations sanitaires : Hôpital de Mènontin, l’exception ?

Il faut bien se la poser, cette question. Le fait est bizarre. A l’hôpital de Mènontin, le nouveau carnet de soin mis en vigueur au Bénin depuis lundi 1er juillet 2019 et qui, désormais, reste le seul modèle de carnet de santé pour le suivi de l’enfant depuis sa naissance jusqu’à l’âge adulte dans toutes les formations sanitaires, peine à être visible. L’ancien format se vend toujours…Immersion

6 mois après donc que la réforme est amorcée, il y en a qui résistent. Nous sommes en décembre 2019. Ce jour-là, le cas d’une femme a attiré notre attention. Venue à l’hôpital avec son enfant de moins de 2 ans, la-voilà au niveau de la caisse qui s’occupe des services consultation, carnet…Et, sans carnet justement, elle doit en acheter. Surprise, la ronde dame de l’autre côté de l’ouverture, après les formalités de payement, lui tend un petit carnet bleu «HOPITAL DE MENONTIN» qu’elle vient d’extraire d’un lot délicatement posé devant elle et dont la surface sera remplie. «Madame, Svp, le carnet du ministère de la santé, vous ne l’avez pas ? », demande-t-elle avec hésitation. «Oui», lui répond qui de droit. «Vendez-moi ça aussi». Et la voici servie à 250 F Cfa. Deux carnets donc pour la même personne! Pas question que cela s’effrite sous notre regard. Rapprochée, elle confie «Je m’attendais à ce qu’on me vende le carnet unique mais j’ai été surprise. Ce carnet, on me l’avait conseillé depuis puisque ça résume tout sur l’enfant et même sur ses parents. Ça aide les médecins dans leur travail et les mamans aussi sur quoi donner à manger à l’enfant. Je pensais même que c’était une rupture de stock puis qu’ils n’étaient même pas posés devant elle. Ma surprise a été grande mais bon, nous sommes au Bénin», lâche-t-elle dépitée.

 

Et ce n’est pas fini

 

Il est né à l’hôpital de Mènontin, il y a seulement quelques semaines. En tout cas, bien après la réforme sur le  nouveau carnet de soin. Sa mère en visite pédiatrique raconte. «J’ai accouché ici mais c’est le petit carnet-là qu’on m’a vendu», confie-t-elle avant d’ajouter : «…quand je partais, la dame m’a appelée pour me vendre encore celui de l’Etat-là». «Moi aussi c’est leur carnet bleu qu’on m’a vendu pour mon enfant», affirme cette autre. Et dans les mains de mamans venues en consultation pédiatrique, ils sont rois, ces carnets de l’hôpital de Mènontin vendus à 100f. Sur le bureau du pédiatre, ils passent et repassent. C’est à croire que la réforme ne concerne en rien ce centre de santé. Tout est fait au nez et à barbe de tous. Sans crainte de représailles. Maman de jumeaux ou de triplés, par exemple, s’en retrouverait peut-être aussi avec 4 ou 6 carnets. Et là-dessus, les preuves ne manquent pas.

 

Pourtant…

 

Dans l’un ou l’autre des carnets, rien d’extraordinaire n’est noté. Si ce n’est que des informations sur la date, le poids, la température ou la taille. La seule différence sera au niveau du carnet de soin du ministère ou le pédiatre a rapporté son diagnostic et appliqué son cachet dans les colonnes qui y sont dédiées. En attendant, elle/il, peut toujours remplir deux carnets pour la même personne. «Elle a rempli les deux carnets. Je m’attendais aussi à ce que le pédiatre me pose des questions pour le remplissage du nouveau carnet mais rien. Pourtant, il y a tellement d’informations qui sont demandées dedans», fait savoir une patiente de l’hôpital de Mènontin. C’est dire que sous Talon, il y en a encore qui se croient dans la cour du roi Pétaud. Nous y reviendrons.

 

Mike Mahounan

Benjamin HounkpatinNationalSciences et Santé
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