Alors que les cercueils du général Ghassem Soleimani et de ses compagnons d’armes sont arrivés en Iran pour trois jours d’hommages, le gouvernement et l’armée ont réagi aux déclarations du président américain Donald Trump annonçant une riposte sur 52 sites iraniens.
L’Iran a vivement réagi aux nouvelles menaces du président américain Donald Trump, qui a parlé de frappes contre 52 cibles iraniens notamment des sites culturels en cas de riposte iranienne après l’assassinat ciblé du général Ghassem Soleimani, rapporte notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi. Certains de ces sites « sont de très haut niveau et très importants pour l’Iran et pour la culture iranienne », a averti Donald Trump sur Twitter.
Le chef de la diplomatie iranienne a qualifié ces menaces de crimes de guerre. « Viser des sites culturels est un crime de guerre », a répondu le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif sur Twitter.
Le chef de la diplomatie iranienne a aussi évoqué la « fin de la sale présence américaine dans la région ». Le chargé d’affaires suisse dont le pays représente les intérêts américains en Iran a été convoqué pour transmettre la vive protestation de l’Iran à Washington. Parallèlement, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a invité à Bruxelles le ministre iranien des Affaires étrangères annonce ce dimanche un communiqué de l’UE, qui exhorte une nouvelle fois à la « désescalade » des tensions au Moyen-Orient.
Le chef de l’armée a déclaré de son côté que les Etats-Unis n’oseront pas mettre à exécutions leurs menaces. Le numéro un des Gardiens de la révolution, le général Hossein Salami a affirmé que l’assassinat du général Soleimani est le point de départ pour la fin de la présence américaine dans la région. Il a évoqué une riposte des alliés de l’Iran dans la région contre les intérêts américains.
Une riposte iranienne à plusieurs bandes ?
Le gouvernement iranien et le pouvoir iranien « vont tout faire pour surprendre les Américains », analyse Pierre Razoux, directeur de recherche à l’Irsem et auteur de La Guerre Iran-Irak (éd. Perrin), que RFI a joint par téléphone. Et mon intuition c’est que, dans un premier temps, ils vont tout faire pour les mettre en dehors d’Irak, mais légitimement. C’est-à-dire, en fait, en faisant pression sur leurs alliés irakiens, pour que ce soit les autorités officielles irakiennes qui demandent le départ des troupes américaines. Et on peut très bien imaginer que l’Iran, en même temps, fasse une procédure devant la Cour internationale de justice ou d’autres instances internationales, pour essayer de faire condamner le gouvernement américain.»
Voilà pour « la phase visible », souligne le chercheur. Mais « le pouvoir iranien ripostera très certainement aussi, probablement à la fois de manière visible pour montrer à tout le monde qu’il ne se laisse pas faire, mais également de manière beaucoup plus discrète, pour bien faire passer le message aux autorités américaines qu’ils sont capables de riposter. Par exemple, en assassinant un diplomate, un militaire ou un responsable sécuritaire de haut rang, n’importe où à travers le monde ».
« Une escalade est toujours possible, conclut Pierre Razoux, mais je reste convaincu qu’elle n’est pas l’option prioritaire et que de part et d’autre il y a la volonté d’éviter une escalade incontrôlable ».
rfi.fr