Chirurgie endoscopique des lithiases urinaires en Urologie: Le transfert de compétence assuré aux urologues et infirmières du Bénin

La Clinique Universitaire d’Urologie Andrologie du Centre National Hospitalier Universitaire Hubert Koutoukou Maga (Cnhu-Hkm) reçoit désormais depuis 2018 une mission de chirurgie endoscopique des lithiases urinaires. Elle est devenue effective avec le concours de la Société Béninoise d’Urologie (Sobu) et l’équipe de spécialiste de la fondation anglaise MediTech Trust. Cette mission qui se veut être pérenne a pour objectifs de prendre en charge un nombre important de patients en attente de traitement de calculs rénaux et urétéraux, le transfert de compétences aux urologues béninois et la formation des infirmiers du bloc en entretien des endoscopes. 

L’expérience qui a commencé le 19 novembre 2018 s’est poursuivie avec deux nouvelles opérations qui ont lieu en mars dernier puis début du mois de décembre de l’année 2019. Cette mission de chirurgie endoscopique des lithiases urinaires est le fruit du partenariat qui existe entre la Clinique Universitaire d’Urologie Andrologie du Cnhu-Hkm et la fondation Medi-Tech Trust, une fondation caritative britannique. Selon le Professeur Josué Avakoudjo, urologue au Cnhu, deux techniques modernes de traitement des calculs ont été introduites en Urologie au Cnhu Hubert Koutoukou Maga à travers ces missions. La première technique dite  Nlpc (Néphro Lithotomie  Per Cutanée). À travers un orifice cutané en regard du rein malade, de la taille d’un stylo, les calculs du rein sont fragmentés et extraits. C’est la meilleure technique pour traiter les gros calculs en une seule intervention Uretéroscopie semi-rigide : utilisation d’un appareil d’endoscopie miniaturisée qui permet d’explorer les uretères en empruntant les canaux urinaires depuis l’orifice de sortie des urines – la vessie et les uretères a précisé Josué Avakoudjo. Un calcul de l’uretère  ou une petite tumeur urétérale  peut être aussi traité.

Les lithiases, encore appelées calculs, sont des  « cailloux » qui se forment dans les reins. La faible consommation d’eau est la cause essentielle de la formation de ces  « cailloux ». Au dire du Professeur Josué Avakoudjo, la maladie se manifeste par des douleurs dans le dos et dans le ventre. Ce type de douleur est appelée colique néphrétique. Habituellement la douleur est intense, déclenchée brutalement après des secousses routières, précise l’urologue. D’autres patients ressentent une douleur moins intense, mais permanente nuance-t-il .Dans ce cas, la douleur est prise à tort pour une maladie du foie ou une maladie musculaire, renchérit-il.

Récapitulatif des  trois missions de chirurgie

En se basant sur les rapports des différentes missions, on note qu’au cours de la première mission qui s’est déroulée  du 19 novembre au 24 novembre 2018 sur les vingt-six (26) patients prévus, vingt-deux (22) ont été opérés dont quatorze (14) hommes et huit (08) femmes. Les interventions réalisées étaient une néphrolithotomie per cutanée chez 14 patients, une urétéroscopie chez six (06) patients et une ablation de sonde JJ (double J) avec exploration chez deux (02) patients. La durée moyenne d’hospitalisation était de 48 heures après l’intervention. Au cours de la 2e mission, qui s’est déroulée du 1er au 4 mars 2019, tous les 10 patients dont un enfant ont été opérés en néphrolithotomie et urétéroscopie.  La 3e mission s’est déroulée du 6 au 13 décembre 2019. Sur les 18 patients prévus, seize (16) ont été opérés dont 14 adultes et 02 enfants.

Les interventions réalisées étaient onze (11) néphrolithotomies  et cinq (05) urétroscopies. À la fin de l’opération aucune complication post opératoire n’a été enregistrée. Les patients souffrant des pathologies d’urologie qui prennent part à cette mission sont soignés à un prix forfaitaire, précise l’un des bénéficiaires qui a requis l’anonymat.

Les capacités des urologues et infirmiers béninois renforcées

À chaque mission, les urologues béninois et infirmiers voient leurs capacités renforcées. Et pour cause, un tutorat particulier a été organisé pour les urologues de la Clinique Universitaire d’Urologie-Andrologie (Cuua) afin qu’ils acquièrent les compétences essentielles à la poursuite de la prise en charge des patients à l’issue de la mission.  Des progrès notables ont été constatés par l’expert dans la courbe d’apprentissage de la Nlpc et de l’Uretéroscopie relève l’urologue Josué Avakoudjo. Les infirmiers du bloc opératoire et de la Cuua ont développé des habiletés dans la maitrise du nettoyage, de la stérilisation et de l’entretien des endoscopes. Les infirmiers du bloc d’urologie ont été renforcés dans la maîtrise de l’entretien préventif des équipements d’endoscopie urologiques.

Les évacuations sanitaires connaissent une chute drastique

Depuis l’avènement de cette mission en 2018, les évacuations sanitaires dans le secteur de l’urologie ont baissé faisant ainsi gagner à l’État béninois près d’un milliard de francs Cfa ceci lorsqu’on se réfère au tableau récapitulatif des évacuations sanitaires dans le secteur de l’urologie. Par ailleurs, les patients ont l’opportunité d’être entourés de leur famille pendant le séjour hospitalier, chose impossible au cours d’une évacuation. C’est la preuve que cette mission est bénéfique non seulement pour l’État béninois, mais aussi pour l’économie béninoise se réjouit Josué Avakoudjo. Bon nombre des patients opérés souffraient du mal depuis des années et étaient en attente de l’évacuation sanitaire. Une fois opérée grâce à cette technologie moderne de pointe ultra sophistiquée, ils ont vite repris leurs activités courantes, car aucun malaise post (opératoire) n’a été enregistré nous confie un proche des bénéficiaires de la première mission chirurgicale. La quasi-totalité des patients continue d’être suivie.  En effet, les patients devront suivre une discipline dans la consommation d’eau afin d’empêcher la reconstitution des calculs.

Il faut noter qu’à chaque mission, l’équipe de Medi-Tech Trust a fait dons de quelques consommables (sondes urétérales et sonde JJ) aux différents patients opérés. La Clinique Universitaire d’Urologie Andrologie (Cuua) du Centre National Hospitalier Universitaire Hubert Koutoukou Maga (Cnhu-Hkm) a également reçu des lots d’équipements et de consommables pour renforcer son plateau technique. Ces dons d’équipements n’ont cependant pas encore permis de combler le gap technologique du service d’Urologie du Cnhu-Hkm qui ambitionne d’être un Service d’envergure internationale. Déjà des médecins issus d’une dizaine de pays africains francophones y séjournent pour leur formation de spécialistes en urologie .

Quid des perspectives ?

En perspective, la création d’un cadre favorable au développement de ces techniques modernes de traitement des calculs au Bénin passe par trois axes : premier axe, relever le plateau technique du service d’urologie du Cnhu-Hkm       par la dotation en Amplificateur de brillance et en colonne d’endoscopie.  L’absence de ces équipements continue de pénaliser  l’offre de soins aux patients  d’urologie.  Le deuxième axe, étendre l’expérience du Cnhu-Hkm dans les autres départements  du territoire.  Cela passe par le recrutement des jeunes urologues et leur déploiement dans les hôpitaux départementaux et de zone. Le troisième axe, la poursuite et l’extension de la collaboration avec la Fondation Meditech Trust.

La Société Béninoise d’Urologie(Sobu) et le Service d’Urologie du Cnhu œuvrent pour une meilleure qualité des soins de santé aux populations béninoises.  D’ailleurs, ce partenariat a été effectif grâce au leadership du Professeur Josué Avakoudjo. Il a pris part aux différentes avec toute son équipe. Cet acte mérite félicitations et encouragements.

 L. (collaboration)

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