Coronavirus: Pékin admet des «insuffisances»

(Le nouvel hôpital de Wuhan inauguré)

 

Le bilan de l’épidémie

du coronavirus en Chine est monté à 425 morts après 64 nouveaux décès annoncés ce mardi par le gouvernement, qui a admis des « insuffisances » dans sa réaction à la crise sanitaire. Un deuxième patient hors de Chine continentale est décédé ce mardi à Hong Kong.

Le nombre de personnes contaminées a dépassé 20 400 dans le pays, après l’apparition de 3 235 nouveaux cas confirmés, selon la Commission nationale de la Santé. Le bilan est monté à 425 morts après 64 nouveaux décès annoncés ce mardi. Cela dépasse désormais largement celui du Sras, qui avait tué 349 personnes en 2002-2003.

Le nombre de contaminations s’envole et les bourses dégringolent. Les places boursières chinoises de Shanghai et de Shenzhen ont plongé d’environ 8% après une interruption de dix jours des cotations. Soit la plus forte baisse des indices chinois depuis le krach boursier de 2015.

Les autorités n’arrivent pas à rassurer les marchés et commencent à faire leur autocritique. Pour la première fois, l’organe central du Parti communiste, le Comité permanent du bureau politique, admet des « insuffisances et des difficultés dans la réponse apportée à l’épidémie ».

Avec plus de 20 400 cas signalés sur l’ensemble du territoire, les hôpitaux sont débordés. Et il n’y a plus assez de matériel : masques, combinaisons, lunettes de protection. La Chine a dû demander l’aide de la communauté internationale qui prend des mesures de plus en plus sévères.

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Inauguration du nouvel hôpital de Huoshenshan

C’était un défi technique et humain. Pari tenu ! Le nouvel hôpital de Huoshenshan, construit à Wuhan en dix jours, a ouvert ses portes et accueilli ses premiers malades lundi alors que les structures hospitalières de la province étaient complètement saturées. Les médias d’Etat ont suivi en live streaming sa construction depuis l’ouverture du chantier.

Pour mettre en avant l’exploit, l’inauguration s’est faite sur trois jours. La cérémonie de remise des clés aux médecins de l’Armée du peuple a eu lieu samedi, l’ouverture officielle dimanche et la vraie ouverture au public lundi, rapporte notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde.

Et ce n’est pas fini !  La construction d’un deuxième hôpital de campagne à Wuhan, celui de Leishenshan est toujours en cours, là encore en un temps record et sur le modèle de l’hôpital pour les fiévreux du SRAS construit à Pékin en 2003.

Mesures et restrictions

Les voyageurs passés en Chine récemment et qui n’ont pas la nationalité de ces pays, ne peuvent plus entrer aux États-Unis, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Irak, en Israël ou aux Philippines. La Russie, quant à elle, s’apprête à expulser les étrangers porteurs du coronavirus.

On recense à ce jour en dehors de Chine environ 150 personnes contaminées. Le virus a également fait deux morts hors de Chine continentale, un Chinois de 44 ans originaire de Wuhan qui a succombé aux Philippines. Un autre patient de 39 ans, dans le territoire semi-autonome de Hong Kong, est décédé ce mardi.

Les autorités de Singapour ont annoncé ce mardi plusieurs cas de contamination d’humain à humain du nouveau coronavirus, les premiers dans la cité-État d’Asie qui est également un important hub aéroportuaire. Sur six nouveaux cas confirmés, « quatre de ces cas constituent un foyer de contamination locale, mais il n’y a pas encore de mise en évidence d’une large source de contamination locale à Singapour », a indiqué le ministère de la Santé dans un communiqué.

Un premier patient a été testé positif à Bruxelles parmi les rapatriés européens de Chine.

De leur côté, les ministres de la Santé des pays du G7 ont convenu ce lundi de se coordonner « autant que possible dans les conseils de voyage et les mesures de prévention » face au coronavirus. Pour sa part, la Banque mondiale a appelé le même jour tous les pays à « renforcer leur surveillance sanitaire et les réponses données » à l’épidémie, et elle a dit examiner les ressources financières et techniques mobilisables rapidement.

Le quotidien des étudiants africains coincés en Chine

En Chine, les témoignages d’étudiants africains coincés dans la ville de Wuhan se multiplient, sur les réseaux sociaux notamment. Tous parlent d’une ville morte et d’une longue attente et appellent leurs pays à organiser leur rapatriement.

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Alors que plusieurs vols ont commencé à rapatrier les ressortissants de pays étrangers ces derniers jours, des étudiants kényans, somaliens et sénégalais ont appelé les autorités de leurs pays à accélérer leur évacuation.

Soliana Aregawi, elle, est éthiopienne. Étudiante en langue chinoise dans une université de Wuhan, elle raconte que cela fait désormais 12 jours qu’elle vit en quarantaine. « On ne sort pas de chez nous et de toute façon il n’y a rien à faire. Les consignes sont de ne pas sortir si on a des provisions, sauf en cas d’extrême nécessité ».

« On s’ennuie un peu à rester à l’intérieur pendant si longtemps, surtout pour moi qui adore être dehors ! explique-t-elle en riant. Mais c’est pour la bonne cause, je suppose. Heureusement j’ai des livres avec moi que je voulais lire depuis longtemps. Je reste en contact avec ma famille et mes amis. C’est pas idéal comme situation, mais ce n’est pas si terrible… »

Avec humour, l’étudiante raconte aussi un quotidien rythmé par les appels des proches. « Ma mère et mon père m’appellent tous les jours, ce qui est parfois un peu agaçant, parce qu’ils posent toutes sortes de questions : Quoi de neuf ? Qu’est-ce qui se passe ? Et moi, je leur réponds toujours la même chose : rien, il n’y a rien de neuf, je fais la même chose tous les jours. Mais je m’efforce de les rassurer et de leur donner les dernières nouvelles que j’apprends, et je leur dis que tout va bien… parce que c’est vrai, je vais bien. »

L’appel des étudiants sénégalais

Comme de nombreux étudiants africains en Chine, les étudiants sénégalais attendent de trouver une issue… Treize d’entre eux sont coincés dans la ville de Wuhan, où ils sont confinés en raison de l’épidémie de coronavirus. D’autres sont soumis à des restrictions également à Pékin et dans d’autres villes universitaires.

Bécaye Cissokho Ndiaye, le président de l’Association des étudiants sénégalais en Chine, fait le point sur leur situation à Pékin, où il se trouve. « Les gens sont relativement calmes. C’est vrai que nous sommes aussi soumis presque aux mêmes restrictions. Dans les universités, il y a des heures où l’on a le droit de sortir et on nous donne des passes. Ils prennent notre température chaque jour et nos déplacements sont limités. Nous prenons des précautions. Mais ça va, relativement. Les rues sont désertes, mais il y a quand même quelques personnes qui les empruntent. À notre niveau, à Pékin, nous sommes assez sereins. »

Il est bien davantage préoccupé par la situation de ses compatriotes à Wuhan. « C’est eux qui sont les plus menacés. Nous avons un représentant là-bas avec qui nous discutons très souvent. » L’association a d’ailleurs publié dimanche un communiqué où elle s’inquiète des « conditions très difficiles » dans lesquels vivent leurs compatriotes à Wuhan. Elle appelle les autorités sénégalaises à leur « rapatriement immédiat ».

Mais en marge de la traditionnelle cérémonie « de levée de couleurs » au palais présidentiel ce lundi, Macky Sall a indiqué à la télévision nationale que leur rapatriement n’était pas à l’ordre du jour.

« Nous sommes en contact avec eux par le canal du ministère des Affaires étrangères et de notre ambassade à Beijing. Nous avons pu envoyer des appuis, mais la question du rapatriement a été posée. Elle n’est pas simple. Cela requiert une logistique tout à fait hors de portée du Sénégal, puisqu’il faut des avions spéciaux qui puissent aller sur place, il faut du personnel militaire… Il faut énormément de conditions. Et lorsque ces personnes reviennent, il faut pouvoir les mettre en quarantaine dans un lieu équipé en conséquence. Ce qui n’est pas le cas pour le moment de notre pays. Mais pour autant nous ne pouvons pas délaisser nos compatriotes. »

Le président a également annoncé l’annulation de son voyage prévu cette semaine en Corée, « en solidarité », expliquant qu’il ne pouvait pas « survoler nos compatriotes en Chine dans ces circonstances ».

Retour au pays d’Algériens, Tunisiens, Libyens et Mauritaniens

Des étudiants algériens, eux, sont rentrés dans leur pays. L’avion de la compagnie Air Algérie a atterri ce lundi. Selon les autorités, à bord 36 Algériens, mais aussi 10 Tunisiens, et des étudiants libyens et mauritaniens. Ils seront confinés dans un hôpital d’Alger pendant 14 jours.

Une piste d’atterrissage à l’écart, des forces de sécurité avec des masques et des minibus attendaient les personnes rapatriées de Chine. A l’intérieur de l’avion affrété spécialement par les autorités algériennes, une équipe médicale avait déjà accompagné les passagers : 31 Algériens, 10 Tunisiens, 3 Libyens et 4 Mauritaniens qui résidaient dans la région de Wuhan.

Les passagers tunisiens ont pris un autre avion militaire vers Tunis. Les autres ont été emmenés dans un hôtel à la périphérie d’Alger où ils resteront confinés pendant 14 jours. Dans la soirée, le ministère de la Santé a affirmé qu’aucun test pratiqué sur les personnes rapatriées ne révélait pas pour le moment la présence du coronavirus.

Une cellule de veille a été mise en place par les autorités, et un dispositif de contrôle de température est installé à l’aéroport d’Alger pour les vols en provenance des villes où les voyageurs effectuent des correspondances depuis la Chine.

 

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