Lutte contre la Covid-19: Comment s’éviter la mort dans les plats

Il fait le tour de l’actualité à travers le monde. A son propos, des questions, des préoccupations ne tarissent pas. Existe-t-il un risque pour celui qui continue de manger dans les restaurants, aux abords des voies et même à la maison de contracter la Covid-19 en ces temps de la pandémie ? Les aliments peuvent-ils être infectés par le virus ? Au frigo ou à chaud, le consommateur est-il à l’abri ?

Aux dires de spécialistes en nutrition, en rentrant des courses, certaines mesures sont à prendre impérativement en ce moment de crise sanitaire. Au cours d’un entretien accordé par Sophie Niklaszewski au Dr Jean-Michel Lecerf, Chef du service Nutrition & Activité physique de l’Institut Pasteur de Lille, ce dernier recommande par exemple, de se  laver soigneusement les mains.  « Retirez les suremballages lorsque c’est possible, nettoyez les produits achetés avec un papier essuie-tout humide avant de les ranger. L’Anses recommande aussi de laver à l’eau claire les fruits et légumes frais, de laisser les produits non frais de côté pendant 3 heures avant de les ranger, et de se laver les mains soigneusement une fois le rangement des courses terminé ». En réalité, fait-il savoir, une personne infectée peut avoir touché le produit alors que le virus survit quelques heures sur des surfaces inertes, comme les emballages alimentaires, et vous pourriez être contaminés par contact avec vos achats. Il est recommandé par ailleurs de mettre le pain au four.  « L’Agence nationale de sécurité alimentaire dit que si vous laissez un produit alimentaire au four pendant 4 minutes à 63 degré, vous divisez le risque de contamination par 10 000 », renseigne le site d’information Rtl.

En effet, explique Nelly Dagnon, Nutritionniste au Bénin, la température de survie du corona est de 30°C. Ce qui lui permet, à l’en croire, d’être actif 24h à 7 jours, voire plus dans certains milieux favorables. D’après des recherches, fait-elle savoir, « le virus est tué par les hautes températures, mais on parle là de plus de 50 °C ». D’une façon générale, à l’entendre, pour les aliments maintenus et servis chauds, la température minimum requise par les services d’hygiène est 60°C. Ainsi, à cette température, on est sûr d’avoir éradiqué le virus  lors de la préparation par l’effet de la chaleur. En somme, si les conditions d’hygienes sont respectées lors du service et si la vendeuse est saine, il n’y a donc pas de risque à manger dehors. Toutefois, nuance-t-elle, ceci est difficile à appréhender vu que nous ne suivons pas le processus avec cette dernière.

Pour Armand Acakpo, Nutritionniste-diététiste intervenant en éducation nutritionnelle et Représentant Bénin nutrition sans frontière,  l’éventualité d’une contagion en consommant un aliment n’est pas à écarter mais cela implique que lors de sa manipulation ou lors de la confection du repas, l’aliment soit nécessairement contaminé par un malade de la Covid-19 ou une personne infectée par le virus. « D’où l’importance de suivre les bonnes pratiques d’hygiène et de cuisson », poursuit-il. En effet, pense-t-il, le virus étant sensible aux températures de cuisson, un traitement thermique à au moins 63°C pendant 4 minutes voir même les 100°C pour certains aliments liquides est bénéfique. « Mais, il faut être conscient que vue sa température, l’aliment frais est plus vulnérable. La réfrigération n’a pas d’influence. Mais la cuisson oui », rappelle le Nutritionniste-diététiste. C’est dire que le yaourt, les sucettes, la glace infectées depuis la préparation, même quand ils sont portés au frigo, demeurent dangereux pour le consommateur.

«…Le séjour au frigo ne minimise rien et le virus est capable de rester longtemps sur les surfaces ou objets avec lesquels il est mis en contact. Si celui qui a mis les éléments au frigo a le virus dans la main, il peut le laisser sur l’élément. Si celui qui le consomme a été en contact et a le virus sur sa main, il peut se contaminer », avertit pour sa part, le Dr Elisée Sessi Kinkpé. Aussi, poursuit-il, si l’aliment (yaourt, repas, etc) à consommer était contaminé par défaut de mesures de prévention, si des fluides corporelles y sont maladroitement introduites, il peut abriter le germe. « Mais, il est important de savoir que la transmission se fait par le contact avec les  goutellettes et un contact étroit », précise-t-il. Dans tous les cas, tant que le virus est présent quelque part, le risque de transmission est élevé, conclut-il. Par contre, relève-t-il à son niveau, l’effet de la chaleur sur le virus n’est pas prouvé. « L’effet de la température sur le virus n’est pas prouvé. Les études sont en cours. Au début par exemple, certains disaient que l’Afrique est a l’abri à cause de la température mais cela s’est avéré faut et d’ailleurs l’Oms avait démenti cette éventualité », fera-t-il observer.

Quid de l’utilisation des gants

Dans les pharmacies, au marché, ou autres lieux, l’utilisation des gants est perceptible. Mais cela suffit-il pour se prémunir de la maladie ? Là-dessus fait savoir le Dr Kinkpé, l’utilisation des gants est controversée car son bon usage implique un changement régulier ce qui n’est pas évident. « Le port de gant serait utile lorsqu’il est remplacé après chaque manipulation ce qui alourdi le nombre a utilisé et qui amènerait l’utilisateur a utilisé une seule paire de gants pour servir plusieurs personnes et là le risque de maintenir un germe que le gant aurait contracté et le faire circuler par les contacts est important que ce soit pour le coronavirus ou pour tout autres germes. De la même façon, dans les supermarchés, l’utilisation des gants est avantageux tant qu’on le renouvelle constamment », fait-il observer. L’alternative plus sûr, selon ses propros, c’est de disposer de gel hydroalcoolique et de dispositif de lave main. Le port des bavettes est systématique car elles protègent des gouttelettes contaminées lors des contacts étroits. Pour les produits fabriqués et emballés comme le yaourt, pour la vente, se servir de louche propre.

En conclusion, laver les fruits à l’eau et au savon avant toute consommation, nettoyer les emballages avant de mettre les produits au frigo, ceux qui ne sont pas à y mettre, les laisser pendant au moins trois heures de temps avant de s’en servir, laisser suffisamment cuire les aliments, sont certaines mesures pour se prémunir de la Covid-19. Enfin, puisqu’il y en a qui doivent nécessairement manger en ville, être regardant sur l’hygiène qui entoure la restauration. Au demeurant, que les traiteurs et autres acteurs intervenants dans la fabrication des aliments prennent conscience qu’ils peuvent s’avérer de véritables vecteurs de la transmissibilité du virus. Le germe dans l’aliment reste une bombe. En attendant, profitons de ce « confinement » pour renouer avec nos fourneaux..

Cyrience KOUGNANDE

(Covid- 19information RtlLecerfNationalNutrition & Activité physiqueSociété
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