Rock Feliho sur sa non-sélection en équipe de France de handball: «Je ne dirai pas que c’est un échec mais une frustration»

L’arrêt du championnat de France en handball, le titre de meilleur défenseur de la Ligue nationale de handball, la sélection nationale de France et le handball africain. C’est le menu de la deuxième partie de l’interview qu’a accordée Rock Feliho (Handballeurs d’origine béninoise évoluant à Nantes Handball Club en France) aux hommes des médias du forum sportif «Africa Hand United». Lisez-plutôt !!!

Fin de saison pour les handballeurs français. Etes-vous déçus ?

La fin de la saison officielle a été décrétée, il y a maintenant deux semaines par la Ligue. C’est quelque chose auquel malheureusement on s’y attendait vu la situation sanitaire en France et dans le monde. Après, c’est une frustration pour tout le monde parce qu’on avait envie de jouer jusqu’au bout et d’avoir ses chances sur le terrain. C’est la période où beaucoup de choses se jouent notamment le titre. Nous, avec notre équipe (Nantes Hbc), on était déjà engagé dans toutes les compétitions en Coupe d’Europe. On était en demi-finale de Coupe de France, demi-finale de Coupe de la Ligue, on était deuxième du championnat. On avait envie d’aller chercher le plus loin possible mais c’est comme ça. Il faut faire avec les décisions des instances pour le bien-être de tout le monde.

Avec le parcours de Nantes cette saison, est-ce que l’arrêt du championnat aura-t-il un impact négatif sur le futur ?

L’arrêt du championnat, à cause de crise sanitaire peut avoir de grosses conséquences, de gros impacts, pas sur le handball seulement mais sur le sport en général. Mais aujourd’hui, Nantes est une grande équipe, un bon club et très bien géré qui fait que pour l’instant, on ne connait pas l’ampleur des dégâts. Le club est assez structuré en son sein et a les reins assez solides pour faire face à cette crise. Après, d’un point de vue économique, il y a des chances qu’il y ait des impacts sur beaucoup de clubs parce que, ne pas avoir de compétitions, de matches et ne pas jouer devant le public, la billetterie, ce n’est pas simple. J’espère que tous les clubs vont réussir à traverser cette crise inédite.

Qui selon vous, pourrait vous concurrencez la saison prochaine au titre de meilleur défenseur de la Ligue nationale de handball (Lnh) ?

Il y a beaucoup de bons défenseurs dans le championnat de France. C’est ça qui est bien. Maintenant, le poste de défenseur, c’est un vrai poste qui est reconnu. Il y a quelques temps, il y en a eu toujours besoin mais ce n’était pas spécialement quelque chose qui était reconnu par tout le monde. Et aujourd’hui, chaque équipe s’est dotée d’un défenseur spécial et qui gère la défense en équipe. De toute façon, une défense, c’est un élément indispensable d’une équipe si elle veut gagner des matches, des titres. Aujourd’hui, il y a de plus en plus de bons défenseurs et c’est une vraie avancée. Je suis très fier de ça. Il y a plein de bons défenseurs. Il y a un travail au club de Tremblaie ; Baky Diallo. Il fait une très bonne saison. Je l’ai vu plus d’une fois et j’ai suivi ses performances et je l’ai trouvé très bon. Après, il y a d’autres défenseurs comme Karl Konan. Je ne l’ai pas fait exprès mais j’ai donné deux noms africains. Karl Konan est très bon aussi et il a montré toutes ses qualités et a été élu aussi meilleur défenseur l’an dernier. Voilà deux défenseurs qui me plaisent beaucoup.

Vous êtes pratiquement à la fin de votre carrière. Quand on regarde votre parcours, ne pas réussir en équipe de France est-il un échec pour vous ?

Je suis en fin de carrière. Et le fait de ne pas avoir été pris en équipe de France, je ne dirai pas que c’est un échec mais une frustration. Une vraie frustration parce qu’à partir du moment où tu joues à un vrai niveau, tu as envie de jouer en équipe de France, de jouer en équipe nationale pour jouer les compétitions internationales et gagner des titres. C’est évident quand tu atteints ce niveau. Je n’ai pas été pris. Ce sont des choix mais ça reste une frustration. J’avais toutes les qualités pour. J’avais démontré tout au long de ma carrière et du niveau du championnat que je pouvais y prétendre. Je joue à Nantes. On joue au plus haut niveau du championnat et en Europe. Et j’étais titulaire indiscutable. J’ai quatre titres de meilleur défenseur et je me dis qu’avant toute logique, je pouvais y prétendre. Après, des choix ont été faits par les sélectionneurs et je les respecte. Mais j’ai trouvé une autre motivation, en essayant d’aider mon équipe à aller le plus loin possible jusqu’en finale de la Ligue des champions. Ceci, pour montrer que je faisais partie des meilleurs. Grosse frustration mais je suis plus que fier de ma carrière et du niveau que j’ai pu atteindre.

Quelle lecture technique faites-vous du handball africain ?

Le handball africain, je le suis parce que je suis d’origine africaine et ça m’intéresse. Aujourd’hui, le handball africain est clairement dominé par les nations du Maghreb. Egypte, Tunisie. C’est surtout les deux grosses nations. Sur les dernières compétitions de la CAN, il y a des équipes d’Afrique noire qui ont essayé d’avoir des résultats. Mais ce n’est pas simple. Les équipes comme la Tunisie et l’Egypte ont un peu d’avance parce qu’elles sont un peu mieux structurées. Il y a aussi le Maroc et l’Algérie qui essayent de revenir. L’Angola est souvent présent mais ce n’est pas ça. Ces équipes ont une certaine continuité de travail. C’est qui fait qu’elles ont de meilleurs résultats que certaines équipes qui essayent de faire une équipe juste avant les compétitions.

Qu’est-ce qu’il faut aux pays d’Afrique de l’Ouest pour développer le handball ?

Je pense que, ce qui manque à certains pays du Sahara pour se développer, c’est beaucoup de pratique, des infrastructures. C’est très important parce que malheureusement, certains jouent dehors. Et ça, on ne peut pas apprendre à jouer au handball sur un terrain en dur. Si ce n’est pas dans une salle, c’est très compliqué. Il manque beaucoup de choses. Après, le développement doit venir des Fédérations qui doivent essayer de bien se structurer, d’amener le handball de leur pays dans de meilleures conditions. Une des connaissances aussi technique, avec une Direction technique qui aide. Pas juste des moyens mais des moyens intellectuels pour essayer d’aller concurrencer les autres pays. C’est vrai que c’est un cercle vicieux, il faut de la volonté politique aussi, des Fédérations et aussi des infrastructures pour développer le handball dans ces pays. Mais il ne faut pas rêver. C’est un travail de longue haleine.

Transcription : Abdul Fataï SANNI

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