Entretien avec la championne d’Afrique en l’heptathlon: «Je ne peux pas dire que la relève est assurée», dixit Odile Ahouanwanou

Championne d’Afrique en heptathlon en athlétisme en 2018 à Asaba au Nigéria, Odile Ahouanwanou, pensionnaire du club français, le Stade Sottevillais 76 (SS76) a été l’invitée du Comité des Médias pour la Promotion de l’Athlétisme en Afrique de l’Ouest (Compaao). L’athlète béninoise retrace la façon dont elle a atterri en athlétisme avant de dévoiler ses projets. Lisez-plutôt !!!

 

Comment êtes-vous venue en athlétisme et devenue une athlète des épreuves combinées ?

Dans les écoles, quand on faisait les compétitions, je gagnais tout le monde. Au départ, je ne pensais pas faire de l’athlétisme. Pour moi, ça faisait partie des épreuves de l’école et ça s’arrête là. C’est le football qui était dans ma tête. Jusqu’en 2007, je ne savais pas que je vais me retrouver sur la piste d’athlétisme. Je faisais l’athlétisme, je gagnais mais je ne m’entraînais pas. C’est en 2009 que l’ancien DTN (Directeur technique national) de la Fédération béninoise d’athlétisme (Fba) m’a adressé une note en me disant que je suis sélectionnée pour aller dans le Centre de Lomé. C’est ainsi que j’ai fait 2009 à 2010 au centre de Lomé et je faisais le saut en hauteur. C’est dans le saut en hauteur que j’ai été sélectionnée et je faisais des compétitions départementales, régionales et nationales. C’est là j’ai commencé véritablement l’athlétisme. En 2011 et 2012, j’ai eu une bourse pour l’île Maurice. J’ai eu la chance de rester quelques mois pour travailler un peu en heptathlon. C’est là j’ai découvert l’heptathlon. Je ne savais même pas de quoi il s’agit et on m’a expliqué que c’est 7 épreuves. Il faut courir, il faut sauter…. Au départ, j’avais refusé puisque je ne faisais pas les haies. C’était lors d’un des championnats nationaux qu’on m’a proposé cette discipline. Donc, je vais faire directement l’heptathlon aux championnats nationaux. Au début, j’avais refusé mais mon entraîneur m’a forcée à ce que je puisse faire cette compétition. Je l’ai fait et j’ai battu toutes les filles. Quelques mois après, on a été au Burkina Faso et ils  m’ont fait faire aussi l’heptathlon. J’ai fait le saut en hauteur, j’ai eu la médaille en or. C’est comme ça, j’ai commencé l’athlétisme et l’heptathlon en particulier.

En dehors de l’athlétisme, faites-vous d’autres formations ?

J’ai fait des formations de coaching en épreuves combinées. Le premier degré, je l’ai passé. Le deuxième degré, il faut que je trouve des périodes ou je suis disponible. C’est ça qui fait que ça prend du temps. Je fais des formations qui me permettent de mieux comprendre ma discipline, de comprendre comment gérer des groupes, comment les canaliser, comment pouvoir transmettre un message pour que les enfants comprennent.

 

Donnez trois raisons aux jeunes filles du Bénin de se lancer dans l’heptathlon…

Déjà, j’encourage les jeunes filles à faire du sport quelle qu’en soit la discipline. Je les encourage d’essayer en heptathlon. Moi, au départ, j’avais refusé. C’est en essayant que je me suis retrouvée dans cette discipline. Ça regorge se beaucoup de valeurs qui me correspondent. Donc, je les encourage à faire du sport, à faire de l’heptathlon notamment. Cette discipline forme. Ça permet de te connaître, de te surpasser et d’être toi même naturellement. Si je commence par raconter mon début en heptathlon ou dans le domaine sportif, les gens ne peuvent pas comprendre, ne peuvent pas se rendre compte de la route que j’ai passée. Alors, je les encourage à ne rien lâcher. Les gens vont leur dire, ce n’est pas votre place, vous ne devez pas faire ça, c’est pour les hommes, les femmes méritent mieux. Elles doivent rester à la maison. Elles doivent faire si, elles doivent faire ça. Mais ne peuvent pas faire des choses dures. Mais vous pouvez le faire. Il faut juste qu’elles soient conscientes de ce qu’elles veulent faire et jusqu’où elles peuvent aller. Si elles savent que l’objectif, c’est d’aller jusqu’à un niveau donné, que rien ne les empêche.

La relève est-elle assurée pour l’heptathlon béninois ?

Je ne peux pas dire que la relève est assurée. Elle n’est pas assurée malheureusement puisque jusqu’à présent on n’a aucun athlète qui pratique des épreuves combinées au Bénin. Peut-être qu’aujourd’hui, je n’ai pas de nouvelles, peut-être que je mens mais à ce que je sache, il n’y a pas encore des athlètes qui participent à des compétitions en épreuves combinées. On est très en retard dans ce domaine. Même en Afrique de l’Ouest, si on enlève Marthe Koala et moi pour l’instant, il n’y pas une autre. Il n’y a pas encore des athlètes en épreuves combinées. Je pense donc qu’on est en retard sur ce coup là.

 

Qu’est ce que Odile fait dans ce sens ?

Naturellement, j’essaie de communiquer avec les responsables par exemple de notre Fédération pour voir comment essayer de mettre en place des politiques pour que les gens puissent commencer par faire de l’heptathlon, mettre en valeur cette discipline que les gens voient trop difficile. Et tant qu’on n’essaie pas, on ne peut pas savoir si c’est difficile ou pas. C’est difficile mais il faut qu’on leur donne les moyens d’essayer. Pour cela, il faut nécessairement que les entraîneurs déjà soient bien formés, soient bien qualifiés pour pouvoir entraîner ces athlètes. N’importe quel entraîneur prend un athlète pour travailler avec lui et qu’il ne maîtrise pas toutes les disciplines risque de bloquer l’enfant à son jeune âge ou, on va lui demander de faire des techniques qui ne sont pas idéales ni appropriées. Lorsqu’on va vouloir changer cette technique pour cette personne, ce serait compliqué de changer puisque, celui qui doit faire la formation a mal construit la fondation. Il faut que le travail commence par les entraîneurs, les encadreurs, qu’ils soient bien formés pour pouvoir initier ces athlètes.

Quels sont les projets ?

 Mes projets, je pense qu’avec la Fédération à la longue, on va mettre des projets ensemble pour pouvoir former, mettre des entraîneurs qualifiés à leur disposition pour les former, pour qu’ils aient la base pour pouvoir entraîner des athlètes en épreuves combinées. Je parle de l’épreuve combinée notamment.

 

Transcription : Abdul Fataï SANNI

championne d’AfriqueheptathlonInternationalOdile AhouanwanouSport
Comments (0)
Add Comment