« Sur 1540 agents de l’administration publique évalués, 1538, soit 99,87% de l’effectif ont obtenu un score en dessous du seuil exigé » dans le domaine du numérique. Ce n’est pas le villageois qui le dit. C’est écrit dans le compte rendu du Conseil des Ministres du 19 août 2020. Et pourtant, le Bénin se digitalise. Le Bénin se numérise. Le Bénin se dématérialise. Et le villageois Béninois, pour ne pas vivre en marge de la révolution numérique, s’est vu obliger d’être à la page en rentrant dans la société virtuelle d’Internet. Sans s’y être préparé et apprêté à vivre dans la société des réseaux dits sociaux, le villageois y a découvert un monde inondé d’honnêtes et de malhonnêtes citoyens, un monde de vieux sages et de sages pervers, d’adolescents innocents, de pédants savants ignorants. Le villageois a découvert, dans le village virtuel, des vendeurs d’illusions tout comme des vrais vendeurs. Dans Facebook, Whatsapp, Whatsapp business, Twitter, YouTube, Linkedin, Zoom, Google et autres, le villageois a rencontré virtuellement des gens de foi, de bonne foi, des gens avec peu de foi, des sans foi ni loi. Dans la jungle, mêmes les animaux dits sauvages ont leur loi. Les animaux sont souvent un peu bien plus sages et dociles que certains humains. C’est ce qui a d’ailleurs permis au petit jeune humain Mowgli de vivre en paix dans la jungle du célèbre écrivain britannique Rudyard Kipling qui a écrit Le Livre de la jungle. Mais est-ce que le villageois, lui, vit en paix et dans la joie dans l’actuel village planétaire virtuel ? Pour vivre pacifiquement dans la jungle de la société virtuelle des réseaux sociaux, Il faut avoir un mental de cabri mort, un esprit fort et de discernement. Combien sont-ils ces enfants ou adolescents et même les grands qui peuvent distinguer l’info de l’infox, le vrai du faux, le bien du mal, le permis du proscrit sur les réseaux sociaux ? Seule la famille, l’école et la société, les mosquées, églises et couvents éduquent réellement l’homme. Quelle éducation morale et sociale les gens acquièrent dans le monde digitalisé ? Dans un monde où on ne sait qui est qui, qui fait quoi à quel âge. Récemment, le gouvernement a décidé du renforcement des capacités du personnel de l’Administration publique dans le domaine du numérique. C’est bien ! Certainement les instituteurs de l’enseignement primaire que nous appelons communément ‘’les maitres’’ au village et les enseignants des collèges et lycées publics du Bénin verront leur capacité renforcée en informatique et Internet sans oublier l’usage responsable des réseaux sociaux. Ces enseignants-éducateurs pourront transmettre à leurs disciples, leur savoir et leur connaissance de la société virtuelle des réseaux sociaux ainsi que l’autodéfense numérique. Ils pourront leur dire qu’avec l’internet et les réseaux sociaux, le monde est passé de la révolution numérique au capitalisme de surveillance qui débouche sur des dispositifs de modification comportementale. Vous ne vous êtes jamais posé la question de savoir que gagnent les géants Google, Facebook, Twitter, YouTube en digitalisant la vie pour nous la rendre plus vivable ? Dans un monde capitaliste, rien n’est gratuit. Même le ‘’business ethics’’ est intéressé. En bon vieux villageois curieux, je me suis interrogé moi, sur ce que pourrait gagner le géant, le Goliath Google. La réponse que j’ai pu trouver, c’est que Google et Facebook ne peuvent pas être inutilement généreux. Internet, ce n’est pas magique ! Internet, c’est sorcier ! Il faut initier tout le monde pour tenter de limiter les dérives de la société virtuelle. Mais qui va prendre l’initiative d’initier la société à bien se comporter dans la société virtuelle ? La Loi n° 2017-20 portant code du numérique en République du Bénin est en vigueur, mais Le Ministère du Numérique et de la Digitalisation peut encore mieux faire. Le villageois a fini de parler. Il peut aller chercher et ramasser les œufs de ses pintades pour vous les vendre en ville.
Fraternellement votre vieux villageois