Les hommes de justice qui ont transité par le sport, notamment le football, sont peu connus dans le monde. Au Bénin, un homme s’est agréablement illustré en la matière en jouant à un niveau supérieur dans le championnat national de football de Première Division. C’était dans les années 90. Même si, par la suite, les coups de la vie ont autrement décidé, Me Georges Marie d’Almeida aura écrit son histoire.
Haut de ses 1m75, teint clair avec un sourire raffiné, Georges Marie d’Almeida est né à Cotonou en janvier 1967. Régulièrement marié à l’état civil et devant les autorités religieuses, il fut de 1983 à 1992, un footballeur pas des moindres au Bénin. Aujourd’hui, en le voyant dans son costume ou dans sa toge d’Huissier de justice, personne ne pouvait s’imaginer qu’il était un bon footballeur dans sa jeunesse. Pourtant, il a commencé par toucher au ballon très tôt au collège. A l’âge de 16 ans, il jouait déjà dans l’équipe des Requins de l’Atlantique, catégorie junior de 1983 à 1985. Ensuite, il fait ses preuves respectivement à Caravelle Fc (1985 à 1987), au Mogas 90 Fc (1987 à 1990) puis à Postel Sport (1990 à 1992) sous la houlette du coach Béchir Mahamet.
Champion du Bénin en 1991 avec Postel Sport, Georges Marie d’Almeida a goûté au délice d’une compétition africaine de la Caf (Coupe C1 Caf). Une expérience qu’il n’a jamais oubliée malgré leur élimination au premier tour face à l’Etoile sportive du Sahel du Niger (1-0 puis 0-1). «Je vous avoue que c’était une année exceptionnelle. Moi, j’étais très jeune au niveau de l’équipe de Postel parce qu’il avait des joueurs comme Mesmin Koukoui dans les buts, Henry Assouramou et autres. On avait une équipe formidable et personne ne nous attendait cette année là (…) Après notre élimination en Coupe Caf, c’était la désolation totale mais c’était quand-même une belle expérience», se satisfait-il.
Promis à un bel avenir footballistique, son rêve a été anéanti par une blessure alors qu’il se réjouissait d’être appelé en équipe nationale. «J’ai eu la chance de mettre pieds en équipe nationale. Malheureusement, je n’ai pas pu jouer un seul match parce que j’ai eu un problème de genou au campement. Ce qui m’a mis hors du terrain définitivement. Mon rêve de footballeur a cessé au niveau de l’équipe nationale sans avoir joué un seul match», regrette-t-il mais une autre porte s’ouvre pour le futur Huissier de justice, père de quatre enfants (deux filles et deux garçons) pour laquelle, il loue l’éternel pour lui avoir permis de résoudre cette équation dans la vie.
Huissier de justice par la force des choses…
Le rêve de faire carrière dans le football étant brisé, Georges Marie d’Almeida décida de se concentrer sur ses études. Dans la foulée, il décroche sa Licence en Droit des affaires et carrières judiciaires en 1993 à l’Université d’Abomey-Calavi à la Faculté de droit et sciences politiques (Fadsp) puis sa Maîtrise en 1994 suivi d’un stage professionnel de 1994 à 1998. Un parcours sans anicroche qui lui ouvre la porte de la «Prestation de serment en tant qu’Huissier de justice», le 16 juin 1999.
«A l’Uac, j’étais confronté à un sérieux problème en mathématiques. J’ai dû débrancher pour faire le Droit. Ma grande sœur qui était déjà dans la profession m’a tendu la main. Juste après ma maîtrise, j’ai fait quelques mois de stage et j’ai pris goût. C’est comme ça que je me suis mis dedans. C’est devenu une passion pour moi», nous-a-t-il raconté. Un métier qu’il exerce d’ailleurs depuis 21 ans et dont le cabinet se trouve à Jéricho (Cotonou). Détenteur de son Certificat d’études primaire (Cep en 1980), son Brevet d’études de premier cycle (Bepc en 1984), son Certificat d’aptitude professionnel (Cap Aide comptable en 1986) et son Baccalauréat (BAC G2 en 1988), Me Georges Marie d’Almeida conciliait en son temps, aussi bien les études et le sport (le football).
«Je peux vous rassurer qu’au même moment où je jouais au football, mes parents étaient très rigoureux avec moi au niveau des études», avoue-t-il avant de nous faire une petite confidence. «On était en plein championnat quand je devais passer le BAC. On devrait jouer contre les Dragons à Porto-Novo un samedi et le BAC c’était pour un lundi. Je vais au campement toutes les fois avec mes livres d’exercice. Au moment du repos, je profite pour bouquiner mes devoirs. Mais le jour du match, il y a eu intempéries et le match n’a pas pu aller à son terme. L’arbitre a dû suspendre et la Fbf a reprogrammé le match pour le lendemain. J’avais dit aux dirigeants d’appeler mes parents pour leur dire le contre temps qui vient de se passer. Et que je ne pouvais pas arriver à la maison. Donc, on a rejoué le match le dimanche. Je suis rentré vers 20h pour aller au BAC le lundi matin. Tout s’est bien passé et avec la grâce de Dieu, j’ai réussi avec mention Assez Bien. C’est ça qui a fait que mes parents n’ont pas fait d’objection à ce que je continue au football», a relaté Me Georges d’Almeida dans la rubrique «Apprenons à Nous Connaître» sur le forum Football Nouveau Départ (FND).
Me Georges d’Almeida, son retour dans le football
Eloigné du milieu footballistique à la suite de sa blessure au genou et à cause des études, Georges d’Almeida signe son retour grâce à son cousin, le Coach Eustache d’Almeida. Il devient ainsi secrétaire général de l’équipe de Donjo Fc de 2001 à 2019. Une équipe qui s’est entre-temps muée en Mambas Noirs et qui a même participé à une compétition africaine de la Caf. «Je l’ai fait en tant que joueur. Je l’ai fait en tant que dirigeant. On apprend beaucoup dans les rouages du football sur le plan continental. En tant que secrétaire, j’ai eu à frôler les instances dirigeantes par rapport à la formalisation des licences des joueurs pour pouvoir participer à la compétition. Je me réjouis d’avoir fait cette expérience parce que, si quelqu’un ne vit pas ce que je suis en train de dire, il ne pourra pas mesurer la densité de cette expérience», a-t-il fait remarquer.
Sur les traces de sa vie de responsable…
Au niveau des instances de la Fbf, Me Georges d’Almeida fut le premier secrétaire général de la Ligue de Football Professionnel du Bénin (Lfpb); en 2009 sous le président Sébastien Ajavon, président de la Ligue. Il a également occupé d’autres fonctions, entre autres, membre du Comité de toilettage des textes de la Fbf sous le Conor (Comité de normalisation) et sous la tutelle du président Anjorin Moucharafou. Il a été également membre du Comité mis en place par le Ministre Oswald Homeky. Me Georges d’Almeida est l’actuel président de la Commission statut et qualification des joueurs (Csqj) avec la Fédération en place dirigée par Mathurin de Chacus. C’est dire qu’au-delà de sa passion pour son métier d’huissier de justice, Me Georges Marie d’Almeida respire le sport-roi.
Réalisation : Abdul Fataï SANNI