Un an après les sévères critiques des proches du pouvoir: Le Rapport Mo Ibrahim redevenu subitement crédible

Le dernier rapport Mo Ibrahim de la bonne gouvernance a été publié, lundi 16 novembre 2020, par la Fondation du magnat des télécommunications. En ce qui concerne le Bénin, ce rapport renseigne que le pays a fait un bond de 11.0 dans la lutte contre la corruption entre 2010 et 2019. Mieux, Mo Ibrahim évoque également en ce qui concerne toujours le Bénin, un autre bond de 20.1 dans l’absence de corruption dans le secteur public, dans la même marge d’années. Par conséquent, Patrice Talon et son gouvernement ont réalisé un « progrès lent » dans l’ensemble de la gestion de l’Etat, sur le plan de la bonne gouvernance. Ce qui en résumé place le pays à la 13ème place sur 54 pays en Afrique. Depuis la publication de ce rapport qui prend aussi en compte d’autres pesanteurs comme l’indice de développement, son relai et son évocation ont tôt fait d’inonder les réseaux sociaux et certains médias. Pour certains affidés du régime en place, cette reconnaissance de la Fondation Mo Ibrahim  qui met le Bénin en avant, alors que la situation relative à la bonne gouvernance régresse de plus en plus en Afrique, est juste et n’est que la résultante de tous les efforts fournis par le gouvernement de Patrice Talon, depuis près de cinq ans. 

 

Seulement, il y a un an à peine, ce discours revigorant, tenu aujourd’hui par les proches du régime, est tout le contraire de ce qu’ils pensaient de ce Rapport. En effet, dans une interview accordée à Jeune Afrique il y a un an, le milliardaire Soudanais n’est pas passé par quatre chemins, pour dire tout ce qu’il pense de la gouvernance de Patrice Talon, surtout sur le plan politique. Tout en doutant de sa méthode de gestion, le Promoteur du « Prix Mo Ibrahim » s’est inquieté de ce qu’il désigne comme étant des relents dictatoriaux du Président de la République du Bénin. Faisant implicitement allusion aux élections législatives exclusives soldées par des décès, des blessés, des dégâts matériels et aussi des emprisonnements, Mo Ibrahim avait manifesté sa désolation, vis-à-vis de cette mode de gestion du chef de l’Etat béninois. « Je ne crois pas que Patrice Talon fasse du bon travail (…) Ce qu’il fait contre ses opposants est déplorable (…) Il est censé être un homme sophistiqué, un grand entrepreneur, un libéral, tant d’un point de vue économique que politique (…) Comment s’est-il transformé en dictateur ? », s’était-il interrogé.

Cette remarque singulière de Mo Ibrahim avait déchaîné les passions au Bénin. Mo Ibrahim n’avait pas échappé à la fureur de certaines autorités et commis sur les réseaux sociaux. Voué dare-dare aux gémonies, sa Fondation aussi l’était. Son Rapport traité de truqué et partial. Des critiques et jugements qui n’ont laissé à la Fondation Mo Ibrahim aucune place pour le bénéfice du doute.

Une année après que ce Rapport, conclusion d’un travail technique et empirique donc à dissocier de son mécène, reconnaît certains efforts au Bénin, ces mêmes personnes et proches du gouvernement actuel l’adoubent à nouveau. Le prenant subitement aujourd’hui pour un trophée de guerre, le même Rapport qui, hier, était traité de bas étage. Il est clair que ces défenseurs du pouvoir ont manqué de punchs et de retenus, dans leurs pensées. Un contraste habituel et routinier, qui n’étonne d’ailleurs personne. Il suffit de se remémorer comment d’autres différents Rapports accablant le Bénin sont traités depuis quatre ans, pour se rendre compte du degré de dédain pour la contradiction, que certains ont développé sous le pouvoir actuel. L’Ofpra en est un exemple récent.

Janvier GBEDO 

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