Soirée politique à la Fondation Friedrich Ebert: La Coopération bénino-nigériane et ses crises, passées au crible

« Les bavardages sont utiles », insiste Maitre Robert Dossou

La coopération bénino-nigériane a soulevé hier, lundi 21 décembre 2020, au siège de la Fondation Friedrich Ebert, une soirée politique. Invités pour la circonstance, quatre panelistes à savoir : le Professeur John Igué, Maitre Robert Dossou, Jean-Marie Ehouzou  et le Professeur Nassirou Bako-Arifari ; en leur qualité d’expert et de sachants, ils ont passé au peigne-fin les crises ayant entaché les relations entre les deux voisins et les perspectives pour les rendre saines et renforcées.

 

La coopération entre le Bénin et le Nigeria est de temps à autre confrontée à certaines difficultés. La fermeture des frontières par le Nigeria est la preuve que cette coopération évolue parfois en dent de scie. Ainsi, la Fondation Friedrich Ebert dans son initiative dénommée ‘’Les Soirées politiques’’ s’est proposée de mettre en débat, quelques acteurs sur les contours de cette nature de coopération surtout en ces temps où la fermeture des frontières nigérianes d’avec le Bénin continue de faire échos. Il s’agit en effet des Professeurs John Igué, Robert Dossou, Nassirou Bako-Arifari et le diplomate Jean-Marie Ehouzou. Dans leur peau d’anciens Ministres des affaires étrangères pour les trois premiers et d’ancien Ministre du commerce pour le dernier, face au journaliste Georges Amlon, ils ont été appelés à réagir sur plusieurs questions relatives donc aux conséquences négatives comme positives, sur les crises qui ont souvent secoué cette coopération. Partant de l’origine de la fermeture des frontières par le Nigeria, les panelistes ont en présence de plusieurs autres invités, dont des universitaires et journalistes, donné leurs appréhensions. Si pour John Igué la question demeurera éternelle compte tenu de la mauvaise délimitation des frontières en partie, Robert Dossou pense qu’il y a d’autres considérations qui entrent en jeu. Quant à Nassirou Bako-Arifari, la relation entre les deux pays est tellement douce et amère que l’instrument de régulation entre les deux pays manque de stabilité. En ce qui concerne les enjeux économiques, John Igué qui est un expert de la coopération entre les deux pays avoue que le Nigeria déteste le système de réexportation dont sont responsables des béninois depuis 1973 ainsi que l’influence de la France sur ses pays colonisés dont le Bénin. « Les nigérians ont toujours détesté cela. Alors qu’en réalité, la réexportation depuis le Bénin n’influence pas pour autant, l’économie nigériane », a-t-il dit. A entendre Nassirou Bako-Arifari et Jean-Marie Ehouzou, la diplomatie entre les deux pays est restée scolaire. Autrement dit, ils laissent entendre que le Nigeria a toujours pris le Bénin comme son élève et de ce fait, il peut tout faire en sa faveur en brimant même les différents accords bilatéraux. L’autre chose sur laquelle les quatre invités se sont accordés, c’est la défaillance et les graves irrégularités contenues dans ces accords qui lient les deux pays. A les entendre, ils ne profitent en aucun cas le Bénin et met ainsi le Nigeria dans une position de maître. En clair, les panelistes ont reconnu la grandeur du Nigeria et ont regretté que le Bénin ne puisse pas profiter sainement de ce grand voisin qui représente en même temps la première puissance économique de l’Afrique. De ce fait, même si John Igué pense qu’il est difficile de trouver une solution fiable à ces différentes crises compte tenu de l’humeur du Nigeria, les autres trois autres débatteurs et lui ont toutefois insisté sur la mise en place d’organes ou commissions mixtes, où les questions liées à cette coopération seront abordées avec beaucoup d’intelligence et moins de complexes. Sans une synergie d’actions et des rapports diplomatiques fortes avec à la clé des réflexions prospectives, les quatre invités pensent que ces différentes crises se succèderont.

Robert Dossou a autre conception des  ‘’bavardages’’…

Au cours de sa tournée dans soixante villes du Bénin pour une ‘’reddition de comptes’’, Patrice Talon a évoqué que l’Université forme plus en bavardage et au chômage. Ceci, pour caricaturer la pléthore d’étudiants qui sortent des facultés classiques, sans un lendemain professionnel certain. Si ce pic n’a pas été du goût des différents syndicats de l’enseignement supérieur, Robert Dossou aussi a son idée sur le sujet. En effet, dans sa conclusion lors de ce panel, l’ancien Président de la Cour constitutionnelle a rassuré l’assistance que le débat a servi au moins à quelque chose et est loin d’être superflu. « Ce qu’on vient de faire n’est pas seulement du bavardage. Ça a servi. ‘’A l’origine le verbe. Et  le verbe s’est fait chair’’. Comprenons ainsi que les bavardages sont utiles. Si on ne bavarde pas, comment vous allez comprendre notre pensée ? Bavardez ! Il faut toujours parler », a-t-il lancé à l’endroit des universitaires présents dans à cette rencontre.

 

J.G

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