Retrait des formulaires de parrainage: Que cachent les déclarations tous azimuts des députés?

Lancée le 12 janvier 2021, la distribution des fiches de parrainage aux députés et maires se poursuit à la Commission électorale nationale autonome (Céna). L’exercice qui lance ainsi ‘’la foire aux parrainages’’ est suivi de déclarations tous azimuts de certains députés qui appellent les potentiels candidats à se manifester.

 

« (…) je suis parrain mais jusqu’à aujourd’hui, aucun candidat ne s’est approché de moi pour demander mon parrainage. Moi, je veux parrainer tout le monde mais si je ne trouve personne, je vais faire comment ? (…) Si un candidat se rapproche de moi et je vois qu’il a un bon projet de société, je vais le parrainer », a déclaré le député Union progressiste (Up) Lucien Houngnibo, ce mercredi 13 janvier, après le retrait du formulaire de parrainage.  A son tour, son homologue de l’Up Gérard Gbénonchi, a tenu, à quelques nuances près, les mêmes propos. « Je suis d’un parti politique, l’Union Progressiste. Le 16 Janvier prochain, mon parti politique va se prononcer et révéler son candidat. Son candidat n’aura besoin que de 16 formulaires de parrainage. Nous sommes actuellement 45 députés. Alors, on n’aura pas besoin de prendre tous les 45. On aura besoin de quelques formulaires parce que d’autres partis politiques soutiendront aussi ce candidat», a laissé entendre Gérard Gbénonchi. Si en général, l’idée qui se dégage des propos des deux députés Up est de rassurer les potentiels candidats à la présidentielle du caractère inclusif de cette élection, contrairement à Lucien Houngnibo, Gérard Gbénonchi semble poser quelques conditions. D’abord, il conditionne son parrainage à un autre candidat à condition que son parti n’ait point besoin de son parrainage pour le candidat que le parti aurait choisi. « Je voudrais rassurer les uns et les autres que moi, en tant que militant du parti Union Progressiste, j’aurais souhaité donner mon parrainage au candidat que mon parti choisira mais au cas où mon parti ne me sollicitait pas pour parrainer notre candidat parce qu’on n’aura pas besoin de beaucoup de parrainages, j’offrirai le mien à un candidat de mon cœur… ». L’autre condition émise par le député Gbénonchi est que le candidat à qui il choisirait de donner son parrainage soit un candidat crédible, c’est-à-dire un candidat qui a derrière un parti politique légalement constitué. « (…) On va offrir le reste des formulaires à tous ceux qui sont candidats, des candidats crédibles. Quand je dis crédibles, vous savez que l’objectif de la réforme du système partisan que nous avons eu à faire, c’est de remettre les partis politiques en scelle, redonner le pouvoir aux partis politiques pour que des loups solitaires ne parviennent plus à la tête de notre État, pour que quiconque va devenir Président de la République du Bénin ait derrière lui, une organisation solide, un parti politique ».

Ces déclarations interviennent dans un contexte où de sérieux doutes pèsent sur la liberté des 82 députés et 70 maires de la Mouvance à accorder le parrainage à qui ils veulent notamment aux candidats de l’Opposition. De sources bien introduites, des consignes auraient été donnés, sous forme de menace, pour que les formulaires, une fois remplis, soient retournés aux chefs des partis Up et Br, pour qu’ils en disposent à leur guise. Une forme de parrainage contrôlé que craignent l’Opposition et la Société civile. C’est dans ces conditions que l’ancien président de la Cour constitutionnelle Théodore Holo a apporté de l’eau au moulin de l’Opposition et de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples qui a demandé la suppression du parrainage pour une élection inclusive. Pour Théodore Holo, le système de parrainage introduit dans le Code électoral est contraire à l’esprit de la Constitution qui a fait l’option d’une démocratie pluraliste.

Ce qui se joue alors dans cette élection ce sont les lois sur la réforme du système partisan. Un parrainage contrôlé limitera forcément le choix des populations et donc sera la preuve que les lois ont été prises pour exclure de potentiels candidats. Le discours tendant à faire croire que ce sont les candidats qui ne sollicitent pas le parrainage des députés et maires des partis du pouvoir n’est-il pas servi à dessein pour justifier après l’exclusion ?

 

M.M

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