Promotion de la filière karité au Bénin: L’UE et l’AFD accompagnent la mise en place du label Kari Bénin

L’ambition du gouvernement de promouvoir certaines filières porteuses inscrites dans son Programme d’actions (PAG) est accompagnée par une forte volonté des partenaires techniques et financiers. C’est  une enveloppe de plus de 190 millions de CFA que l’Union européenne et l’AFD ont mis à la disposition de  l’Association karité Bénin en vue de la professionnalisation de la filière et pour la mise en place de l’Interprofession Karité Bénin . Ceci pour la valorisation de la production locale avec le Label « Kari Bénin » en vue d’un meilleur positionnement sur le marché international et au grand bonheur des acteurs de la filière notamment les femmes.

 

Cet accompagnement s’inscrit dans le cadre  des subventions du Projet d’Appui au Renforcement des Acteurs du Secteur Privé (PARASEP), dont l’Association Karité Bénin est bénéficiaire tout comme 15 autres organisations, à l’issue  d’un appel à projets. « Jusqu’à l’avènement du PARASEP, on ne transforme pas 10%. Maintenant, on va dépasser ce seuil, peut-être aller à 15% voire plus ». C’est là le témoignage de Armand Kingbo, coordonnateur national de l’Association Karité Bénin (AKB), organisation  ayant conduit le processus de mise en place de l’Interprofession Karité Bénin (IKB) regroupant désormais toutes les familles d’acteurs de la filière. Un résultat irréversible et un impact du projet PARASEP dont a bénéficié l’Association karité Bénin (AKB). Selon le coordonnateur, l’accompagnement du PARASEP à l’AKB concerne deux axes principaux. Il s’agit de la structuration et l’organisation des acteurs en une interprofession fonctionnelle puis de la labellisation du beurre de karité béninois qui doit aboutir à la création du Label Kari Bénin. « La filière n’était pas aussi structurée jusqu’à un niveau très considérable or l’interlocuteur officiel au monde dans tous les pays, ce sont les interprofessions. Donc, il y avait ce manque d’interprofession au niveau de la filière Karité que le PARASEP nous a aidé à combler », a témoigné Armand Kingbo, coordonnateur de l’AKB. A ce jour, ce creuset qui devrait regrouper la famille des productrices d’amandes et de beurre de karité, les transformateurs de karité en plus des exportateurs de karité et des acheteurs professionnels est en phase de finalisation car, « c’est les enregistrements qui sont en cours au niveau des structures les plus appropriées », a confié le coordonnateur de l’AKB. Il s’agit donc d’un véritable processus de structuration dont se réjouissent déjà tous les acteurs de la filière Karité. Quant à la labellisation, le second volet qui tient à cœur aux acteurs de la filière qui brûlent d’envie de conquérir le marché international de la filière et valoriser par-là, les efforts de bonne production des acteurs au Bénin, le PARASEP leur est avéré autant nécessaire, qu’un allié de taille. Au fait, le PARASEP a accompagné l’AKB dans la mise en place d’une unité pilote de production du beurre de karité. Une unité semi-industrielle installée dans la  commune de Tchaourou précisément dans le village de Badékparou, dont les premiers essais ont eu lieu au mois de janvier 2021. « C’est une unité qui reproduit les gestes des femmes dans leurs unités manuelles de production », a fait savoir à propos le coordonnateur de l’AKB, très heureux avant d’ajouter : « un patrimoine de la fédération nationale des productrices d’amandes et de beurre de karité». Avec cette unité semi-industrielle, la filière amorcera une réelle révolution avec une croissance de près de la moitié de sa capacité actuelle de transformation et une plus grande productivité.

Augmentation des capacités de transformation, des opportunités d’emplois

« On ne produit même pas 7000 tonnes de beurre au Bénin. Ce n’est pas évident.», croit savoir Armand Kingbo qui s’en est désolé : « Les capacités de transformation au niveau de la filière au Bénin sont vraiment faibles ». A l’en croire, « le plus gros qui transformait au Bénin, c’était, FLUDOR Bénin ». Le projet PARASEP est cependant à la genèse de l’amélioration des capacités productives des acteurs de la filière. C’est du moins ce qui ressort des explications du coordonnateur AKB qui a témoigné : « avec l’appui du PARASEP, qui est venu au niveau de l’Association des producteurs d’amandes et de beurre de karité soit, au niveau des autres membres de l’association, que Natura qui est basé à Tori, Africa  Green basé à N’DALI, Bénotech basé à Savè, Antemana, ont reçu des appuis. Ça aura un très gros impact sur le taux de transformation des amandes des beurres de karité parce que, on va atteindre des niveaux jamais égalés auparavant. C’est vrai que c’est encore insuffisant parce que, avec la production du Bénin qui tourne autour de 60.000  à 80.000 tonnes en fonction des années parce que, c’est vraiment variable. Voyez déjà, on ne transforme pas 10%. Maintenant, on va dépasser ce seuil, peut-être aller à 15% voire plus». Ceci, grâce à l’unité semi-industrielle qui consacre, au-delà de la modernisation de la chaîne de production, de nouvelles opportunités d’emplois stables. Selon les projections de l’AKB, 15 à 20 mains d’œuvre permanentes sont attendues. Mieux ; « il y aura d’autres, ces chiffres, c’est les permanents sur le site », a expliqué le coordonnateur de l’AKB. C’est sans compter également, l’augmentation des activités de ramassage de noix de karité, qui permettront d’enrôler de nombreuses autres femmes. Au fait, l’unité appartient à la Fédération nationale des producteurs de Karité (FNPK),  structurée en cinq unions départementales des productrices d’amande et de beurre de karité avec dans chaque département, des coopératives de productrices d’amandes et de beurre de karité. Ces coopératives, explique le coordonnateur Armand Kingbo, avoisinent 58 actuellement, abstraction faite d’une dizaine d’autres en cours d’enregistrement. Ainsi, l’unité pilote de production de beurre de karité, installée avec l’appui du PARASEP à Badékparou dans la commune de Tchaourou, sera alimentée par des centres de production intensive d’amandes d’une capacité d’environ 200 tonnes d’amandes, une capacité conçue sur celle de l’unité installée avec l’appui du PARASEP. « On ne  peut pas construire une unité et commencer par courir pour l‘approvisionnement en matière première. Nous avons pensé à tout cela et tout est réglé », a martelé Armand Kingbo  qui a précisé que ces trois centres sont réalisés à Savè, à Banikoara puis à Djougou et on attend d’eux, 600 tonnes d’amandes. C’est dire qu’il y a suffisamment de matière première pour alimenter cette unité pilote de production car, « c’est suffisant, largement suffisant. Nous attendons 200 tonnes de beurres l’année », a signalé le coordonnateur qui entend augmenter progressivement les capacités de l’unité: « lorsque, ça va générer des ressources, nous allons doubler un certain nombre d’équipements pour améliorer la production pour qu’il puisse aller à 300 voire 400, 500 tonnes de beurre de karité ». Toutefois,  « on pouvait atteindre les 300 tonnes mais pour être prudent, on mise sur 200 pour être sûr de pouvoir bien fonctionner », a fait savoir le coordonnateur de l’AKB qui mise d’abord sur des ressources au profit de la FNPK avant de commander d‘autres équipements pour doubler la capacité de transformation actuelle.

Des études d’impact environnemental et de  certification

Une chose est d’aider à la labellisation du Karité béninois mais une autre, non moins importante, est de veiller à la protection de cette identité. L’enregistrement et le dépôt de la marque deviennent donc impérieux. Conscient de l’enjeu, le projet PARASEP a accompagné le processus et  a assuré et garanti au « Label Kari Bénin » une sécurité sans détour notamment contre le piratage. Ainsi, la démarche d’identification du Label Kari Bénin est à ce jour en bonne voie à l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle  (OAPI) et l’AKB n’attend que le retour de l’immatriculation ou de la protection de la marque. C’est dire que la protection de la marque suit son cours. Toujours en ce qui concerne les études de certification qualité, l’AKB a entrepris des démarches auprès de l’Agence béninoise de la sécurité sanitaire des aliments (ABSSA) pour une étude de certification des propriétés physicochimiques du label Kari Bénin.  « Nous allons aussi leur présenter les différents paramètres physicochimiques sur lesquels les appréciations vont lorsqu’on veut exporter du beurre de karité alimentaire ou cosmétique afin qu’ensemble, on puisse voir, quelles sont les caractéristiques organoleptique, physico-chimiques   qu’on puisse donner au label Kari Bénin pour dire que le produit là, effectivement, il est labellisé kari Bénin parce que les caractéristiques de ces produits se retrouvent également dans le fourchette de la norme qui sera définie par rapport à notre label que nous sommes en train de mettre en place actuellement avec l’appui du PARASEP », a fait savoir Armand Kingbo. C’est sans oublier les démarches d’impact environnemental qui ont fait objet de grande préoccupation entre l’AKB et l’Agence béninoise de l’environnement (ABE) qui a suivi de près les études et donné son quitus pour le site identifié  à Badékparou et qui abrite l’unité pilote de production. Malheureusement, quant à la labellisation, « la démarche du Label est un peu complexe » selon le coordonnateur qui a expliqué que, l’AKB n’a pas pu la réaliser elle-même. « Les compétences que ça demande vont un peu au-delà de ce que nous, nous avons comme outils ici. Donc c’est des équipes de consultants qui ont été commises et qui se sont chargées de nous proposer une stratégie pour atteindre les résultats », a-t-il fait savoir. Il se réjouit déjà du bilan positif : « on a finalisé le référentiel du Label que les acteurs ont validé récemment à Cotonou après les apports et amendements et qui comporte un peu toutes les normes et prescriptions pour  bénéficier du label Kari Bénin. Le processus est en train d’être bouclé avec les dernières démarches.  L’enregistrement du logo type lié à ce label est lancé ».  En définitive, le projet PARASEP aura réussi à poser les jalons d’une  révolution de la filière Karité au Bénin à la grande satisfaction des acteurs. Pour preuve,  « l’objectif est atteint à 100% avec la satisfaction de tous au vu de ce que la filière était et de ce qu’elle est devenue présentement, à ce jour », a reconnu et salué le coordonnateur de l’AKB et membre des associés. Il faut signaler que l’appui du projet PARASEP a couvert 90% de l’investissement contre 10% de fonds propre et autres investissements personnels de l’AKB qui dit resté encore ouvert et attend beaucoup de partenaires jusqu’à la mise en valeur de toutes les potentialités de la filière et un mieux-être  des acteurs à divers niveaux.

Bidossessi WANOU

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