Dans plusieurs localités de Sèmè-Podji: L’eau potable ne coule plus !

Depuis de longues semaines, l’eau potable ne sort plus des robinets dans plusieurs localités de la commune de Sèmè-Podji. De Sèmè-Okou à Ekpè sans oublier Tchnonvi, PK10 et certains villages de Djeffa, les populations n’ont plus accès à l’eau potable depuis peu. Alors que la Société nationale des eaux du Bénin (Soneb) décline toute responsabilité dans cette situation, les autorités communales se muent dans un silence déconcertant…

 

L’accès universel à l’eau potable étant un enjeu du développement durable, le gouvernement de la Rupture s’est engagé à garantir « L’eau potable pour tous à l’horizon 2023 ». Chose curieuse, les populations de plusieurs localités de la commune de Sèmè-Podji sont privées d’eau potable depuis peu. L’eau, depuis quelques semaines est devenue un ovni dans plusieurs villages. Pendant ce temps, calvaire et agacement demeurent le quotidien des citoyens, obligés de se débrouiller à leur manière, pour tenter d’avoir autrement ce liquide précieux. << Depuis plus d’un mois, nous n’avons pas d’eau. Le robinet est même ouvert actuellement. On ne nous donne aucune explication mais c’est comme ça >>, raconte dame Hermione. Basée à Agbologoun dans l’arrondissement d’Ekpè, elle dit souffrir le martyr au même titre que ses voisins, qui sont, selon elle, dans la même situation. À Djeffa Houédomè, la situation n’est pas si différente. Dans cette maison familiale où les ménages achètent l’eau chez un particulier qui en fait pratiquement un commerce, c’est la même désolation. Pas d’eau. << C’est mon fils qui va nous prendre l’eau à Djeffa gare, depuis plus d’un mois. S’il n’est pas en week-end, nous sommes obligés de nous débrouiller à notre manière. Je n’ose pas vous dire comment, mais je crois que si vous êtes de la zone, vous devriez déjà le savoir >>, renchérit le sexagénaire, qui pratiquement évoque la situation avec un sourire peu sincère. À l’instar de nombreux villages de la Commune, certains quartiers huppés de Pk10 et environs, sont également frappés par ce qui semble être cette « pénurie d’eau ». Seuls ceux qui ont des châteaux et tanks à eau arrivent à diversifier leur source d’eau. C’est le cas chez un particulier, ingénieur des transports qui avoue au début avoir ressenti le même problème de manque et de pression d’eau, après qu’il a épuisé l’eau de son château. À l’en croire, ce qui leur a été servi au départ comme argument par les autorités de la Soneb, c’est le projet d’asphaltage qui fait que les tuyaux sont souvent endommagés dans Ekpè, causant ainsi la coupure d’eau. << Mais depuis un moment, je ne ressens plus un manque d’eau. Je ne peux dire autant des autres puisque je ne maîtrise pas trop la situation de la zone, même si  je vois parfois des jeunes défiler avec des bidons >>, s’explique-t-il.

 Recours à l’eau de puits…

Alors que la situation perdure dans un fil d’Ariane perspicace, chacun trouve de l’eau à sa manière. Des populations à Ekpè et surtout à Tchonvi mais également à Djeffa, font désormais recours à l’eau de puits. Ce sont principalement ceux qui avaient déjà cette habitude, avant l’avènement de l’eau de la Soneb, dans la Commune. << Si l’eau de pompe n’est pas disponible, nous ne pouvons que prendre celle que nous avions l’habitude de prendre. L’eau c’est l’eau >>, reconnaît Élie, Coffreur à Dodomè. Pour ceux qui ont la chance d’avoir des voisins ayant de châteaux et tanks à eau, ils sont obligés de convaincre ceux-là d’en vendre. Ce qui permet pour ces « privilégiés », de desservir un peu leur alentour, mais en vendant généralement l’eau à raison de 100f au moins, le bidon de 25 litres. D’autres préfèrent carrément surfer sur de nouvelles habitudes : aller chercher de l’eau depuis Cotonou. Mais, c’est pour pratiquement ceux qui ont les moyens de le faire. À Ekpè et à Tchonvi, des populations se sont même entendues par certains endroits, pour une solution palliative. Des conducteurs de tricycles sont envoyés vers Cotonou avec des centaines de bidons, afin de ramener l’eau qui sera revendue après. Au même moment, des camions-citernes sont déployés vers le marché de Houessi pour des minutes voire heures de redistribution d’eau, à ceux qui voudraient acheter le bidon de ce liquide. Ainsi, même si pour beaucoup ce procédé est atténuant, il n’est pas pour eux la panacée. Car certains doutent sérieusement de la qualité de cette eau ramenée. Laquelle pour eux n’est généralement pas pour eux de l’eau de la Soneb, vu le goût.

La Soneb décline toute responsabilité…

Contactée, la Société nationale des eaux du Bénin (Soneb) décline toute responsabilité et apporte des clarifications. Selon Askanda Bachabi de la cellule de communication, certaines localités de la commune ont bénéficié de l’eau de la Soneb dans le cadre d’un programme de la Banque mondiale. << La partie qu’alimente la Soneb a de l’eau. Verifiez ! Il y avait bien une partie alimentée par un fermier en lien avec la Mairie. Il y a eu mauvaise gestion. Le fermier doit de l’argent. L’eau a été coupée, la Mairie doit éponger l’ardoise. La Soneb n’a malheureusement pas à se prononcer sur ce cas. A moins qu’on ne parle pas de la même chose…Chercher à comprendre ce qui s’est passé avec le fermier qui gérait les installations d’eau >>, a-t-il confié. Pendant ce temps, du côté des autorités communales, c’est motus et bouche cousue. Plusieurs démarches menées pour entendre la version du Conseil communal sont demeurées vaines. Selon un Chef service contacté, sans l’autorisation de sa hiérarchie notamment du Maire, inutile d’insister pour qu’il se confie sur la situation. Le courrier adressée au Maire Jonas Gbènamèto, déposé et déchargé à son secrétariat n’a toujours pas connu de suite favorable. Pourquoi alors une telle indifférence face aux peines des populations ? La question reste toute posée.

J.G

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