AU BÉNIN, LES FEMMES ET LES JEUNES ORGANISENT DES FONDS D’ÉPARGNE SANTÉ POUR ACCÉDER AUX TRAITEMENTS ANTIPALUDIQUES Jeudi, 22 avril, 2021

Louise Sambieni, une femme vivant dans le village de Kountori (département d’Atacora, Bénin) n’a pas pu se payer les médicaments dont elle avait besoin lorsqu’elle est tombée malade du paludisme.

 

« Il y a quelques mois, alors que je marchais pour aller au champ où je travaille, j’ai commencé à avoir mal à la tête. […] Le mal de tête a persisté et mon mari m’a proposé d’aller voir un médecin et m’a remis 5 000 francs pour les soins. […] Les médicaments que le médecin m’avait prescrits coûtaient non seulement plus de 12 000 francs mais ils n’étaient pas non plus disponibles dans mon village et je devrais me rendre à Cobly, à 17 km de là, pour les acheter. Je n’ai pas pu le faire parce que je n’avais pas assez d’argent ni pour les médicaments ni pour le transport à Cobly. »

Heureusement, en sa qualité de membre du groupement de femmes « Tilyikna », une association représentant 50 femmes, Louise a pu avoir un recours.

« J’ai pu demander 10 000 francs [pour acheter les médicaments nécessaires] et ces fonds m’ont sauvé la vie. »

Le paludisme, une maladie infectieuse transmise par les moustiques, est un problème de santé publique majeur au Bénin. Selon les données statistiques annuelles du pays pour 2019, le taux de morbidité du paludisme est de 45,5% dans la population générale et de 48,8% chez les enfants de moins de cinq ans. Les cas de paludisme grave représentent 23,1% des décès dans le pays – et le taux est encore plus élevé pour les enfants de moins de cinq ans, à 33,9%.

Si le paludisme peut être géré et traité, l’accès au traitement, qui peut coûter des dizaines de milliers de francs CFA, n’est pas toujours disponible localement et reste hors de portée pour la majorité de la population.

C’est l’un des problèmes que l’Activité de services de santé intégrés (IHSA) de l’Agence des Etats-Unis pour le Développement International (USAID), dirigée par Management Sciences for Health, devait résoudre. Au Bénin, à travers l’Activité, l’USAID soutient les centres de promotion sociale de la Direction Départementale des Affaires Sociales et de la Microfinance de la Direction Départementale des Affaires Sociales et de la Microfinance ainsi que les mairies de quatre départements (Alibori, Atacora, Ouémé et Plateau) pour donner accès à des soins de qualité à la population. Sachant que l’un des plus grands défis est de payer pour le traitement, l’Activité a d’abord suggéré de mettre en œuvre des initiatives génératrices de revenus, en commençant par les groupes les moins privilégiés – les femmes et les jeunes.

Les stratégies de mise en œuvre de ces initiatives comprennent la conduite de sessions de formation sur la façon de transformer les matières premières en produits alimentaires (comme la transformation du soja en fromage) et sur le renforcement des capacités de gestion financière des femmes, y compris sur la façon de gérer les profits et les pertes, de générer des profits et de créer des stratégies d’épargne d’un certain pourcentage du revenu.

Les bénéfices générés et l’argent économisé par les groupes de femmes soutenus les ont aidés à créer des fonds d’épargne-santé. L’objectif de ce fonds est de fournir aux membres du groupe une réserve constante de liquidités qu’ils peuvent utiliser à tout moment pour payer les soins et les médicaments. Ce type de fonds s’est révélé immédiatement utile, comme en témoigne l’expérience de Louise.

Entre août 2020 et janvier 2021, le groupement de femmes de Tilyikna a économisé 76300 francs CFA dans sa caisse d’épargne santé, ce qui a profité à Louise et à d’autres membres qui avaient besoin de soutien. Grâce au système et à la formation, ces femmes ont désormais un accès immédiat aux fonds ainsi que la capacité de rembourser leurs prêts avec l’argent qu’elles gagnent grâce à des activités génératrices de revenus.

 Des femmes du groupe de femmes « Iréti’mbè et Ifèomontayo » partagent leurs expériences de mise en œuvre de fonds d’épargne santé.

Photo: Raphaël Gnonlonfoun

L’accès aux fonds d’épargne santé sauve des vies, en particulier lorsqu’un enfant souffre d’un cas grave de paludisme. Limata Malik, présidente du groupe Iréti’mbè et Ifèomontayo (Adja-Ouèrè, département du Plateau) partage son expérience du moment où son petit-fils était très malade:

« Je n’avais plus d’argent. Je suis allée au groupe auquel j’appartiens et ils m’ont accordé un prêt de 10 000 francs de notre caisse d’épargne santé. Avec cet argent, je suis allé voir ma fille et mon gendre qui avaient du mal à payer les tests de laboratoire et les ordonnances. Très vite, ces 10 000 francs ont été dépensés et j’ai dû obtenir un autre prêt auprès d’un des responsables du groupe. Nous avons passé trois jours à l’hôpital, et l’état de santé de mon petit-fils s’est finalement amélioré. Je suis très reconnaissante au groupe pour le soutien qu’il m’a apporté. Je ne sais pas ce qui serait arrivé à mon petit-fils sans leur soutien. »

Outre la mise en place de fonds d’épargne santé, le Gouvernement des Etats-Unis, à travers le travail de l’Activité et ses conseillers techniques, mène également des activités de sensibilisation des groupes sur la prévention, l’hygiène et l’utilisation efficace des moustiquaires imprégnées d’ insecticides à longue durée. Grâce à ce soutien, l’Activité soutient une réponse rapide pour accéder à des soins antipaludiques de qualité qui sont durables et aident la communauté à devenir économiquement autonome.

 

La Direction des Affaires Publiques de l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique

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