Mouvement de grève dans le secteur éducatif: Suspension des contrats des aspirants, le bras de fer engagé ?

Les aspirants au métier d’enseignant expriment leur ras-le-bol quant à leurs conditions de vie et de travail. Face à la situation et les démarches infructueuses menées à l’endroit des autorités compétentes, les aspirants réunis au sein de la Fédération nationale des collectifs des enseignants Pré-Insérés du Bénin (FéNaCEPIB), ont déclenché un mouvement de grève depuis ce lundi, 06 décembre 2021. Seulement, le gouvernement reste inflexible et opte pour la suspension des contrats des aspirants signataires de la motion. Les prémices d’un bras de fer ?

 

Depuis ce lundi, 06 décembre 2021, les aspirants au métier d’enseignant ont déposé la craie pour manifester leur mécontentement quant à leurs conditions de vie et de travail. Dans une motion de protestation et de boycott des activités pédagogiques, la Fédération nationale des collectifs des enseignants Pré-Insérés du Bénin (FéNaCEPIB) a décidé de déclencher une grève de 72 heures notamment du lundi au mercredi “et ceci, reconductible jusqu’à la satisfaction totale des revendications“. Ces derniers exigent entre autres un contrat de 12 mois sur 12 avec les mêmes avantages que les permanents; le retour au quota horaire hebdomadaire normal (18h pour les professeurs certifiés et 20h pour les professeurs adjoints); l’insertion définitive. “En tout état de cause, la Fédération Nationale des Collectifs des Enseignants Pré-Insérés du Bénin prend l’opinion publique nationale et internationale à témoin et rend le gouvernement responsable des déconvenues qui découleraient de son refus à satisfaire les revendications ci-dessus énumérées“ met en garde la Fédération des collectifs des aspirants. Selon ceux-ci, l’attribution des heures de cours par semaine en vogue dans nos collèges et lycées n’est pas de nature à garantir une offre éducative de qualité et à permettre le maintien au poste de tous les pré-insérés ayant servi l’an dernier. Ils déplorent, par ailleurs, le non-respect des clauses issues de la rencontre du 08 octobre 2020 entre le Président de la République, les centrales syndicales et les représentants des pré-insérés ainsi que  le flou autour de la déclaration des Aspirants à la Cnss. « Il y a un peu plus de cinq ans que dans le secteur de l’enseignement, le régime actuel a banni de son réseau lexical le terme ‘’Concours’’. Il y a trois ans, il l’a substitué par ‘’Aspiranat’’ qui, sémantiquement, ne veut absolument rien dire mais correspond à tout ce qui peut ressembler à l’exploitation abusive, à l’esclavage, à la marginalisation, à la spoliation, au rapport de force exercé par les autorités en charge de l’éducation sur une bonne partie de la jeunesse de ce pays et à la clochardisation du métier d’enseignant….Cinq ans d’espoir trahi, cinq ans de calvaire, cinq ans de maltraitance, cinq ans où les ex-vacataires, aujourd’hui aspirants, ont le sentiment que la République leur a tourné le dos, mais cinq ans d’engagement aux côtés de notre école…Dans le même temps, on peaufine des stratégies afin de dépenser des milliards de francs pour recruter des agences de placement afin de louer à l’État des enseignants dont il s’est lui-même déjà assuré du bon profil et de la compétence à travers des tests qui valent plus que des concours….L’autre pratique esclavagiste et suicidaire pour le système éducatif est l’imposition de plus de 20h de cours par semaine aux aspirants. Plusieurs AME sont encore à plus de 22h. Où se trouve donc la logique lorsqu’on déclare quelqu’un ‘’stagiaire’’ ou ‘’ apprenti’’ et qu’on le surcharge ? Aucune ! » Dénoncent les aspirants. Donc depuis ce lundi, plusieurs classes sont sans enseignants.

 Suspension des contrats : le début d’un autre bras de fer ?

A travers une note N°2188/Mestfp/Dc/Sgm/SA en date du 03 décembre 2021 et signée du Directeur de cabinet du ministère des enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle, Garba Ayouba, il a été notifié aux directeurs départementaux de l’Atlantique, du Mono et de l’Ouémé, la suspension des contrats de travail des aspirants, signataires des motions de grève. “En effet, ces AME signataires des motions de grève ont violé les dispositions de l’article 12 du contrat de travail qu’ils ont librement signé. En agissant ainsi, ils ont contribué à désorganiser volontairement la bonne marche des établissements et fait perdre aux apprenants, des heures de cours“, justifie le Directeur de cabinet. Ainsi, les chefs d’établissement sont alors instruits pour interdire aux aspirants concernés, l’accès aux établissements. “Vous êtes également instruits à procéder au remplacement systématique des intéressés par les suppléants inscrits dans la base de données“, précise la note. Le gouvernement n’a donc nullement l’intention de se laisser faire et opte déjà pour des sanctions. Seulement, du côté des aspirants, il n’est pas question de chercher à les intimider. Contacté par votre journal, Ferdinand Missenhoun, l’un des signataires de la motion estime que notification de suspension de contrat n’a été faite à aucun aspirant. Et selon ses propos, pour le compte de cette année, « aucun aspirant n’a encore signé de contrat. « Lorsqu’on cite les articles d’un contrat dont nous ne maîtrisons pas les contenus pour les opposer à notre mouvement de débrayage, cela étonne. On n’a signé de contrat avec personne cette année », a confié ce porte-parole des aspirants au métier de l’enseignant. Pour ce dernier, cela ne fera qu’intensifier le mouvement et les aspirants concernés disposent également de moyens de pression pour se faire entendre. De même, des publications sur la toile dénoncent des tentatives d’intimidation et de démobilisation dans le rang des aspirants au métier d’enseignant. Un directeur de collège est également accusé de refuser de recevoir la motion de grève des aspirants. Le bras de fer semble inévitable et une fois encore, le secteur éducatif pourrait à nouveau payer le prix. Affaire à suivre !!!

 

A.B

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