Dimanche 16 janvier 2022, le président Patrice Talon a rendu visite au président ivoirien Alassane Ouattara. Si rien n’a officiellement filtré des échanges entre les deux hommes d’Etat, ce n’est pas des sujets de conversation qui manquent. La presse a évoqué l’hypothèse d’une rencontre pour discuter de la coopération bilatérale entre le Bénin et la Côte d’Ivoire mais surtout de la situation au Mali. Certes, le Mali peut s’inviter dans le débat. Mais ce qui est certain, ce n’est certainement pas à cause du Mali que Patrice Talon a fait le déplacement. Il était au sommet de la Cedeao, sommet justement consacré au Mali et qui a abouti à la prise de sanctions contre la junte au pouvoir. Ce que beaucoup de médias ont perdu de vue et qui pourrait être l’un des sujets abordés, sinon la principale, c’est la situation des opposants Reckya Madougou et Joël Aïvo condamnés à 20 et 10 ans de prison. Pourquoi Ouattara ? Les raisons ne manquent pas. Qu’il vous souvienne que la semaine dernière, la presse a fait état des pressions de la France dans le dossier de l’opposante en prison. C’est le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian qui a, en personne, confirmé lesdites pressions de la France dans le dossier de l’incarcération et la condamnation de Reckya Madougou. Il était interpelé au Parlement français, mercredi 12 janvier dernier, par un député de la majorité sur le sort réservé par le régime de Patrice Talon aux opposants. La déclaration du patron du Quai d’Orsay n’a certainement pas plu aux autorités béninoises. Patrice Talon pourrait alors discuter du sujet avec son aîné dont nul n’ignore les relations privilégiées qu’il entretient avec le pays colonisateur. L’autre raison, le président Alassane Ouattara et Faure Gnassingbé ont été médiateurs dans le différend entre Patrice Talon et son prédécesseur Boni Yayi, en début de mandat. C’est d’ailleurs à Abidjan que les deux hommes se sont rencontrés et ont discuté de leur différend sous la houlette du président ivoirien. Dans la délégation de Faure Gnassingbé, l’autre médiateur, il y avait Reckya Madougou. C’est dire que le président Ouattara connaît bien celle dont l’incarcération suscite tant de polémique en Afrique et dans le monde. Dans ces conditions, est-il possible que ce dossier ne soit pas évoqué lors de ce tête-tête entre les présidents béninois et ivoirien ?
M.M