Savalou/Centre de prise en charge: Difficiles conditions de vie des 63 fidèles de  » Azaël  »

Le maire : « ça commence par peser un peu sur nous »

Les 63 femmes et enfants rescapés, hébergés dans un centre à Savalou, à la suite des affrontements de Monkpa entre fidèles de l’église ‘’Azael’’ et la police sont au supplice. Des échos qui nous sont parvenus la semaine écoulée, ces fidèles en « résidence surveillée » sont laissés au diktat des intempéries dans ce cadre, qui au départ semblait être mieux adapté que la brousse dans laquelle ils s’étaient réfugiés. A notre passage dans ledit centre il y a un mois pour raison d’enquête post affrontements, la préoccupation avait été soulevée, et le maire de la commune de Savalou (environ 240 km de Cotonou) avait rassuré que des diligences seront faites pour que les pensionnaires rejoignent leurs familles respectives avec accompagnement forfaitaire.  Quelques semaines après, la situation n’a pas évolué. Au contraire, elle s’est dégradée, est-on tenté d’affirmer. En effet, les pluies de ces dernières semaines ont proprement chicoté enfants et mamans qui n’ont de dortoirs que des hangars terrassés, coiffés de tôles et à peine couverts de face, à moitié, par des nattes salles et déchirées. Impossible donc de se coucher quand il tombe des cordes. C’est tout le monde debout, le temps que ça dure. Certains parmi eux sont obligés de fuir pour squatter, avec quelques bagages et enfants, les à peine 4 m2 d’espace aux toilettes.  C’est presque identique quand le soleil est au zénith. Les pensionnaires ne savent pas à quel saint se vouer. Ils ont pratiquement le même habit sur le corps toutes les fois. Le comble, le repas, ces dernières semaines, serait très pauvre. Selon des indiscrétions, un mets comme le riz se cuisine parfois sans condiments avec quelques gouttes d’huile et du bouillon. Contactée pour en savoir davantage sur ses différents pans du calvaire que subissent les 63 fidèles de l’église  » Azaël  » et à quand éventuellement leur libération, l’autorité communale confie d’entrée : « l’information m’est parvenue comme quoi après la grande pluie de la fois dernière, ils ont eu assez de peine pour pouvoir se trouver une couchette. D’aucuns m’ont même dit qu’ils ont dû passer la nuit debout. Nous avons eu l’information malheureuse, et déjà avec mes collaborateurs et la plateforme communale de gestion des risques et catastrophes nous sommes en train de définir des stratégies pour qu’on les déloge de là pour un autre centre plus confortable. Mais le gros problème qu’il se pose, jusqu’à quand ils vont rester là parce que c’est aussi une charge pour moi le maire. Cette question a été déjà adressée au responsable du centre social qui me faisait comprendre que vu l’ampleur qu’a prise le dossier, on ne pouvait pas les libérer sans que le ministère des Affaires sociales ne fasse son intervention ». Les informations dont dispose le maire Dèlidji Houindo, ces fidèles rescapés doivent faire au moins trois mois, « le temps le ministère des Affaires sociales prennent les dispositions, le temps qu’on s’assure que ceux-là qui sont aujourd’hui dans une situation de stress, de psychose sont revenus en eux-mêmes et qu’on peut en toute sécurité les laisser à leurs familles », a-t-il laissé entendre. L’attente devient longue et surtout sans grands moyens, la mairie aussi semble s’essouffler. « Les structures qui nous viennent en aide, la plupart amènent des présents en nature. Nous avons du riz, du maïs, des pâtes alimentaires mais ça ne suffit pas ; il faut des condiments pour pouvoir faire la cuisine. Ces condiments, il faut leur mettre à disposition les ressources pour les emplettes et assurer leur alimentation. Il faut l’électricité. Le compteur qui est là, il faut souvent acheter des crédits là-dessus. Tout ça pèse sur nous. Il y en a dedans dont la santé est défaillante, ils doivent se faire soigner ; les ordonnances nous parviennent il faut aller dans les pharmacies acheter ces ordonnances. Tout ça c’est de notre poche. Ce que les Ongs nous ont apporté souvent c’est en nature et nous avons encore un stock là. On a les vivres qui sont là. Moi, jusqu’à présent, à part les toutes premières dépenses que nous avons effectuées avant que les Ongs ne commencent par nous venir en aide, actuellement nous n’achetons plus de vivres. Le reste c’est les petits sous pour assurer les dépenses connexes à la restauration c’est-à-dire les emplettes, un peu de savon,… Même les pagnes que les petites filles vont porter la fois dernière, j’étais obligé de leur envoyer deux pièces pour que les petites filles puissent couper et porter », relate l’édile de Savalou. Visiblement dépité, il poursuit : « C’est une charge pour la commune, une charge pour le maire, une charge qui n’était pas prévue au budget. Nous avons poursuivi les négociations pour que la direction départementale en charge des Affaires sociales puisse mettre de pression, le préfet aussi au niveau central, surtout le ministère des Affaires sociales pour que des actions concrètes puissent être posées en direction de ceux-là pour que dans un bref délai on puisse rétablir leur situation et les laisser à leurs familles. Tous les yeux sont rivés vers le ministère en charge des Affaires sociales qui nous a promis des choses qu’on n’a pas encore eues : des appuis financiers et matériels. On a écrit aussi au ministère de l’intérieur, à l’agence pour la protection civile (Anpc) qui devrait nous mettre à disposition aussi des tanks mais on a encore rien reçu. Nous sommes en train de faire deux mois (…). Ça commence par peser un peu sur nous ». Vivement qu’il y ait du pragmatisme dans les décisions à prendre les heures ou jours à venir pour atténuer les peines de ces pensionnaires parmi lesquelles il y a deux personnes du troisième âge et des tout petits.

 

J.B

63 fidèlesAzaëlCentreDifficiles conditionsNationalprise en chargeSavalouSociété
Comments (0)
Add Comment