Dragage du sable, du Lac Ahémé et pollution des eaux marines: José Tonato apaise les inquiétudes des députés

Le Ministre du Cadre de vie était hier, jeudi 16 juin 2022 devant la Représentation nationale. José Didier Tonato a répondu à l’invitation des députés de la 8e Législature qui ont adressé des questions orales avec débat sur des sujets de préoccupation majeure tels que le dragage de sable dans la zone de Togbin Kpèvi, ce qu’il advient du projet de dragage du Lac Ahémé et la pollution des eaux marines constatée à  Grand-Popo. Dans un franc parler, le Ministre José Tonato a donné des réponses précises qui ont apaisé les inquiétudes des députés. Voici en condensé les réponses du Ministre du Cadre de vie aux préoccupations des députés.

 

Dragage de sable à Togbin Kpèvi

Face aux alertes des populations sur les conséquences néfastes d’un dragage non contrôlé dans la zone de Togbin Kpèvi , les députés ont voulu savoir à quand remontent les premières autorisations de dragage de sable dans la zone et quel temps maximal pendant lequel une même zone peut être draguée.

A cette préoccupation, le Ministre du Cadre de vie renseigne que la Direction générale des mines a donné les premières autorisations d’exploitation de sable dans la zone de Dèkoungbé-Togbin, dans l’arrondissement de Godomey, en 2010 suite à l’interdiction de l’exploitation du sable marin. Dans le but d’encourager les promoteurs, les premières exploitations n’ont pas été obligés de faire objet d’une étude d’impact environnemental et social. Toutefois :

–           la société DRAGON SA a obtenu le 26 février 2004, le Certificat de Conformité Environnementale n°006/MEHU/DC/SG/ABE/DG/EEEG/SA pour le projet d’exploitation de sable à Dèkoungbé ;

–           la société « Grâce de Jéhovah » SARL du sieur DAMALA a obtenue le 20 décembre 2011, le CCE n°0033/MEHU/DC/SGM/DG-ABE/DEIE/SA pour le projet de dragage de sable lagunaire dans le périmètre P3 de Dèkoungbé-Hêdomey ;

–           la société MINEX BENIN SARL a obtenue le 12 avril 2012, le CCE n°0008/MEHU/DC/SGM/DG-ABE/DEIE/SA pour le projet de dragage de sable dans les marécages de Dèkoungbé-Hêdomè ;

–           la société MINEX BENIN SARL a obtenue le 09 novembre 2015, le CCE n°0148/MECGCCRPRNF/DC/SGM/DG-ABE/DEIE/S-SEIE/SA pour le projet d’ouverture et d’exploitation de sable par dragage des périmètres P4-P5 à Dèkoungbé-Togbin Denou ;

–           la société IBP SARL a obtenue le 24 novembre 2015, le CCE n°0170/ MECGCCRPRNF/DC/SGM/DG-ABE/DEIE/SA pour le projet d’exploitation de sable par dragage du périmètre P6 à Dèkoungbé-Togbin Denou.

Chaque site bénéficie d’une convention de cinq ans, renouvelable. Lors de l’étude sur la réorganisation de la filière de dragage de sable initiée par le Gouvernement en 2019, il est ressorti que certaines structures avaient bénéficié d’un renouvellement qui devrait prendre fin en 2020. Ces renouvellements sont accordés à la suite de visites de sites organisées par la DG-Mines et ses directions techniques. Ainsi, d’autres structures ont, à nouveau, bénéficié de renouvellement en 2020.

Le dernier CCE délivré pour une exploitation dans la zone date du 24 novembre 2015. Quant aux dernières autorisations accordées aux sociétés qui officient dans la zone, seul le Ministère de l’Eau et des Mines pourrait, ce jour, en donner la liste exhaustive. La seconde phase de l’étude sur la réorganisation de la filière de dragage de sable dans la zone littorale permettra d’avoir un répertoire de tous les sites en cours d’exploitation ainsi que de la date des dernières autorisations.

S’agissant de la profondeur d’extraction autorisée au Bénin, José Tonato estime que cela dépend des résultats issus des sondages effectués, en d’autres termes du gisement de sable exploitable disponible. Les sondages permettent en réalité de circonscrire le gisement de sable et d’en évaluer l’épaisseur qui peut excéder les 6 m. Les dragues travaillent, aux dires des promoteurs miniers, sur des profondeurs variant de 6 à 11 m, chiffres entérinés par les services de la DGMines. Toutefois, il faut souligner que selon la marque et la capacité de la drague, la profondeur de dragage peut atteindre 15 mètres et plus.

La Direction générale des mines, structure chargée du suivi de l’activité du dragage indique que les profondeurs de dragage des sociétés détentrices d’autorisation varie de 6 à 11 mètres.

La distance officielle prévue pour séparer les zones à draguer des voies publiques et des propriétés privées est de 150 mètres.

Les sociétés exploitant le sable par dragage dans la zone de Togbin-Kpèvi, au démarrage de leur activité, ont respecté la distance. Toutefois, le dragage de sable provoquant le retrait du cours d’eau et donc le gain de terres, des populations se sont installées sur ces terres sans tenir compte de la distance de sécurité et des risques qu’elles encourraient.

Les populations dénoncent souvent le fait que les structures de dragage promettent de réaliser des infrastructures socio-communautaires au profit des populations environnantes. Mais une fois installées, plus rien ne se fait. A cette préoccupation, José Tonato a répondu qu’avant le renouvellement des conventions, le Ministère de l’Eau et des Mines à travers la DG-Mines procède à la vérification de la mise en œuvre effective des prescriptions. Les principales infrastructures réalisées sont l’ouverture et/ou le reprofilage des voies d’accès aux sites.

Dragage du Lac Ahémé

Face à l’amenuisement des ressources halieutiques, il y a nécessité de procéder au  dragage du Lac Ahémé. Les députés ont voulu savoir à quelle étape se trouve le processus. Répondant à cette préoccupation, le ministre du Cadre de vie a laissé entendre que la préoccupation majeure du Gouvernement est d’apporter une réponse durable, par étape, à un problème complexe dont les conséquences sociales et économiques affectent les communautés de pêcheurs. Ainsi, avec l’impulsion donnée par le Gouvernement, le processus de sélection d’un opérateur de dragage pour la phase pilote a été lancé. Un Dossier d’Appel d’Offres Ouvert International a été lancé en mai 2021. Plus d’une vingtaine de candidats ont exprimé leur intérêt pour le projet et sept soumissionnaires ont déposé leurs offres, le 25 juillet 2021. Les résultats de la Commission chargée du dépouillement et de l’évaluation des offres viennent d’être validés par la Direction nationale de Contrôle des Marchés publics (DNCMP/MEF). L’entreprise CHINA HARBOUR ENGINEERING COMPANY (CHEC) LIMITED a été désignée adjudicataire. L’ensemble du dossier a été soumis à l’approbation du Gouvernement en Conseil des ministres et la signature du contrat de marché n° 4530/MEF/MCVDD-ADELAC/DNCMP/SP est intervenue le 12 novembre 2011. L’opérateur a diligemment mobilisé les équipements et installé la base vie du chantier en novembre et décembre pour le démarrage des opérations proprement dites de dragage en janvier 2022. La cérémonie de lancement officiel des travaux a été organisée le 27 janvier 2022, avec la participation fort appréciée des Honorables Députés à l’Assemblée Nationale. A ses dires, les travaux ont sensiblement évolué depuis lors. Les sédiments dragués ont déjà atteint au 3 mai 2022, un volume de 4.660.000 mètres cubes, soit 53,9% des prévisions. « Nous avons dû faire observer une pause durant le mois de mai aux fins de faire renforcer les mesures de protection de l’environnement à la suite de quelques plaintes et des contrôles effectués par les services techniques. Les travaux de cette phase pilote dureront douze mois et couvrent dans les départements de l’Atlantique et du Mono, les communes de Ouidah et de Grand-Popo. Les localités de Méko, Dondji et Hâta (Atlantique) et Houncloun, Gonko et Docloboé (Mono) sont concernées », a souligné José Tonato.  Ce n’est qu’après cette première phase du projet, que la seconde qui concernera le transect (Nanzounmè dans le chenal Ahô jusuqu’au niveau d’Akodéha-Ouèdèmè au sud du bassin principal du lac Ahémé) sera faite et, progressivement, tous les plans d’eau seront réhabilités.

Pollution des eaux Marines à Grand Popo

Interpellé sur la pollution des eaux marines à Grand Popo, le ministre du Cadre de vie a d’abord fait un état des lieux. De ses explications, il ressort que la pollution sur la côte Ouest du Bénin à Grand-Popo est due au rejet des boues de phosphate de l’usine de KPEME au Togo et des déchets générés par les populations environnantes. Des études scientifiques existent et prouvent l’impact environnemental des  rejets de boues de phosphate. Les résultats de ces études ont révélé des atteintes graves à  l’écosystème marin par d’une part, la contamination des ressources halieutiques par le cadmium et le fluor et d’autre part, la diminution constatée par les pécheurs, des ressources halieutiques dans les eaux de la côte ouest d’Agoué à Grand-Popo. De même, la santé des populations dans cette zone menacée est marquée par le développement de la fluorose dentaire. Il faut noter également que la zone du littoral, en l’occurrence la partie ouest du Bénin connaît depuis quelques temps la dégradation de la qualité des eaux souterraines due à l’intrusion saline occasionnée par un pompage excessif pour satisfaire les besoins de lavage du phosphate par le voisin togolais. Il y a enfin, la pollution optique de l’eau de mer. Elle est due au changement progressif de la coloration marine au fur et à mesure qu’on s’approche.

Au titre de mesures, Didier José Tonato a rappelé les actions entreprises par le gouvernement pour donner une base juridique à la gestion durable de la zone côtière et marine au sud du Bénin. En termes de gouvernance, du milieu marin menacé, le scenario de gestion durable des écosystèmes présente un ensemble d’initiatives gouvernementales, communautaires et autres, exécutées ou en en cours pour un avenir radieux du milieu marin et côtier affecté. Il s’agit donc du scenario « Alafia » qui consiste à adopter des comportements et des pratiques éco citoyennes qui n’entrainent pas des pressions sur les écosystèmes marins et côtiers. Les Etats du Bénin et du Togo disposent au niveau national des textes qui régissent la protection de l’environnement et des zones humides et la gestion du milieu marin et côtier, pour compléter et opérationnaliser les conventions et accords internationaux qu’ils ont signés. Aussi, des mesures conservatoires du secteur des pêches ont-elles été prises afin de permettre aux populations de cette zone côtière de jouir continuellement de leurs activités de pêche, et de l’aquaculture au Bénin en général, le gouvernement est en train de relever de multiples enjeux (sécuritaires, économiques, environnementaux et même sociaux). Ceci, pour assurer et asseoir une meilleure application de sa souveraineté sur son espace maritime, dans les eaux territoriales et sur sa zone économique exclusive. Cela ne peut se faire qu’à travers la protection de ses ressources halieutiques et de la biodiversité. Pour cela, il faut :

         la création des Aires Marines Protégées (AMP) pour la gestion durable des ressources marine et côtière dans la zone menacée ;

         l’évaluation du milieu marin transfrontalier entre le Bénin et le Togo. Cette évaluation sera assortie de recommandations aux autorités des deux pays afin de renverser la tendance actuelle.

Il rassure que le gouvernement continue de travailler à trouver des solutions pour réduire ou éliminer les rejets de boues dans la mer par les activités d’exploitation des mines de phosphates de kpémè au Togo et dont les impacts environnementaux deviennent de plus en plus manifestes pour les populations béninoises de cette côte ouest de Grand-Popo et ses environs.

M.M

 

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